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Critique de Amnezik666


Dans ce second opus du cycle qu'il consacre à Musashi Miyamoto, David Kirk nous propose de suivre son héros depuis la fin de la bataille de Sekigahara (il a alors 17 ans) jusqu'à son séjour à Kyoto et les multiples duels qui l'opposeront aux samouraïs Yoshioka (21 ans).

Si Musashi a accompli sa vengeance, il n'en est pas pour autant apaisé. Têtu comme une mule, impulsif, voire sanguin, il ne peut s'empêcher de haranguer et de provoquer ceux qui ne partagent pas sa vision des choses (les samouraïs fidèles à la Voie). Une véritable tête à claques, plus d'une fois son comportement de gamin capricieux m'a hérissé le poil (même si je partage son avis sur l'aberration qu'est la Voie du Samouraï et ses traditions d'un autre temps) !

C'est encore Ameku, une aveugle qui partagera un bout de chemin avec lui, qui définit le mieux le caractère du bonhomme et n'hésite pas à le lui dire en face :

« Vous maudissez toujours les autres. le monde. La Voie. Mais vous-même, non, jamais. Des mots, des mots, et encore des mots. Et qu'est-ce qui se cache sous les mots ? de la colère. Ils ont tort, je veux bien. Mais vous aussi, vous avez tort. Absolument. »

Musashi ayant été dans le camp des vaincus, il aurait dû, selon les préceptes de la Voie, se donner la mort en suivant le rituel du Seppuku. En refusant de se soumettre à ce qu'il estime être une aberration, il devient un paria aux yeux des vainqueurs, un fugitif, un furoncle à éradiquer pour soigner la splendeur des vainqueurs… Eh oui, ça ne rigolait pas à l'époque !

La situation étant ce qu'elle est, en plus du « contrat » que les Yoshioka ont mis sur la tête de Musashi, ce second opus fait la part belle à l'action. C'est violent, sanglant (forcément ,un combat au sabre ça coupe… surtout quand ledit sabre est parfaitement aiguisé), les membres et les têtes volent, les tripes prennent l'air, mais c'est écrit sans chercher à se vautrer dans la violence gratuite ou la surenchère gore. L'auteur nous fait simplement prendre conscience de la réalité implacable d'un duel au sabre.

Le roman ne se contente pas d'enchaîner les scènes de combat, il s'attarde aussi sur la psychologie des personnages, les liens qui les unissent et leur rapport à leur fonction/contexte. Il n'y a pas que Musashi qui semble avoir du mal à trouver sa place et sa raison d'être.

Akiyama, le samouraï envoyé à la poursuite de Musashi par les Yoshiokas, se questionne sur sa position au sein de l'école, lui l'enfant bâtard, accepté, mais jamais véritablement intégré, relégué aux taches secondaires malgré une dévotion sans faille.

Goémon, capitaine de la garde et ambassadeur du Seigneur Togukawa à Kyoto, n'est guère mieux loti. Les habitants, traditionnellement attachés aux Yoshioka, ne voient en lui qu'un émissaire d'Edo et lui même a bien du mal à se sentir chez lui dans cette cité qui le méprise.

Cette opposition Togukawa / Yoshioka donne au si une dimension « politique » à l'intrigue, les magouilles et les complots font partie intégrante du quotidien de Kyoto. Chacun cherchant à manoeuvrer ses pions au mieux afin d'affaiblir l'autre.

De nouveau j'ai été en totale immersion au sein du Japon médiéval (et ce n'est pas de tout repos, vous l'aurez compris), une lecture tout simplement captivante, sans aucun temps mort. Je n'étais pas sûr que, passée la curiosité initiale, le parcours de Musashi continuerait de me passionner ; force est de reconnaître que je me suis trompé. Je suis de plus en plus accro !

Il est assez paradoxal de découvrir (pour ma part en tout cas) que celui qui est considéré comme l'un des plus grands maîtres escrimeurs (voire tout simplement le plus grand samouraï) de tous les temps a bâti sa renommée en tant que samouraï sans maître, un ronin, un « titre » loin d'être honorable (presque une insulte) aux yeux des « vrais » samouraïs et de leurs maîtres.

L'auteur avoue sans complexe avoir pris certaines libertés avec la réalité historique (tout en respectant les grandes lignes), d'une part pour combler les nombreux blancs laissés par l'histoire connue de Musashi, d'autre part afin de donner plus de vie et plus de rythme à son intrigue. Un choix qui ne me dérange nullement pour ma part tant que la qualité du récit est au rendez-vous, en l'occurrence elle l'est au-delà de toutes mes espérances.

Après plus de cinq ans passés à travailler sur le cas Musashi, David Kirk a décidé de s'accorder une pause et de passer à autre chose avant de reprendre sa saga. Sachant que ce second tome est paru, dans sa version originale, en 2015 et que le troisième n'a pas encore été publié (même si, de l'aveu même de l'auteur, son écriture est déjà bien avancée), espérons que ladite pause touche à sa fin…

Allez savoir pourquoi je m'étais imaginé que la saga consacrée à Musashi Miyamoto serait une trilogie, j'ai découvert, en parcourant les différentes interviews de David Kirk, qu'elle serait, a priori, constituée de cinq tomes. Ma trilogie se transforme en pentalogie… il est plus que temps que l'auteur mette fin à sa pause et remette le pied à l'étrier (en l'occurrence se serait plutôt les doigts au clavier). J'aimerai connaître la fin de l'histoire avant de sucer les pissenlits par la racine !
Lien : https://amnezik666.wordpress..
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