A la lecture de "
L'honneur du Samouraï", j'ai eu la curieuse sensation d'être "téléportée" dans un univers autre, étrange, cruel et envoûtant.
Jusqu'ici, mes lectures portant sur le Japon avaient une femme comme héroïne. Pour la première fois, j'ai pu me glisser dans la peau d'un homme, un samouraï ; bête de guerre éduquée dès la petite enfance pour servir et obéir, étouffer ses sentiments et ses émotions, supporter la souffrance physique la plus intense et glorifier la mort la plus atroce : le seppuku, où le guerrier s'ouvre le ventre en public pour se punir d'un échec personnel ou de celui de son supérieur. Toutes les actions sont parfaitement codifiées : le guerrier, quelle que soit l'épreuve subie sait parfaitement ce qu'il convient de faire. Aucune "prise de tête" s'il suit la Voie, cet ensemble de règles apprises en même temps que l'escrime.
(Comment ne pas penser ici, aux enfants-soldats. Ceux de notre époque, du Moyen-âge, des périodes révolutionnaires, des guerres…)
Aussi est-il surprenant de voir le jeune
Musashi Miyamoto s'affranchir de l'obligation de seppuku. Pourtant, il a eu la malchance de ne pas être tué lors de la bataille où son armée a été taillée en pièces et il est désormais sans maître. Selon la Voie, le suicide est la seule façon pour lui de garder son honneur. Or, Musashi rejette la Voie des guerriers. Dans une illumination fulgurante, il choisit la vie et de mener la sienne comme il l'entend.
(Et comment ne pas penser ici, aux mutineries des soldats des tranchées en 1917.)
Cependant, Musashi doit à ce moment penser par lui-même et choisir entre de multiples possibilités. Et c'est toute cette quête initiatique qui transcende l'atrocité des duels et rend le livre si émouvant.
(Et comment ici, ne pas penser aux "films de sabre" basées sur la Voie du sabre.)
La rencontre de Musashi avec Ameku, une aveugle paria, elle aussi victime de préjugés et de superstitions, lui indique une autre voie. Une voie où la colère n'a plus sa place, ni pour lui, ni pour le reste du monde. Après l'illumination, la sublimation.
Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour ce livre reçu dans le Cadre de "Masse Critique", qui me donne envie de découvrir "
Le samouraï", du même auteur.