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David Kirk m'a emportée dans un autre époque et dans d'autres contrées avec son roman qui retrace une partie de la vie d'un samouraï de légende Musashi Miyamoto.

Je suis peu adepte de la culture japonaise de cette époque, mais comme je suis curieuse il ne m'en a pas fallu plus.

Le personnage principal est quelqu'un de très intriguant autant par sa personnalité en elle-même que par sa façon de "murir". L'histoire que nous raconte l'auteur se déroule sur plusieurs années. Elle débute alors que Musashi a 16 ans et se termine lors de ses 20 ans.
Ce jeune garçon, va vite comprendre que la Voie n'est pas faite pour lui et que suivre bêtement certains préceptes est un hérésie. Il va finir par se battre contre des idéologies bien ancrées dans les moeurs japonaises.

Un roman très fort, puisque l'honneur, la vérité, la vengeance, sont les maîtres mots de cette quête initiatique pour Musashi.

L'auteur écrit de manière agréable et décrit avec brio les combats. Les personnages sont bien campés.

J'ai donc beaucoup apprécié ce roman, qui va me pousser a lire le premier tome Samouraï de David Kirk qui retrace lui, la jeunesse de Musashi. (mais on peut les lire indépendamment sans problème)
Mais comme la personnalité de ce jeune samouraï est très intrigante et que je me demande si il va finir par trouver la paix intérieure je lirais aussi très certainement son traité des cinq roues.

Je remercie très fortement babelio et les éditions Albin Michel pour cette très belle découverte.

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Je remercie chaleureusement les éditions Albin Michel et Babelio pour m'avoir adressé ce livre.

Nous sommes au Japon en l'an 1600. Les armées de l'Est ont triomphé « Rendez grâce au sublime guerrier, le très noble Ieyasu Tokugawa. Saluez l'immortelle et impériale majesté du Fils du Ciel ! ».Nous assistons à la victoire du clan Tokugawa sur la coalition menée par le clan Toyotomi.


L'escrimeur Musashi Miyamoto vaincu aurait dû se suicider. Il est jeune,(16ans) enthousiaste. Il s'oppose à cette tradition et désire vivre coûte que coûte. Pour lui, « Dans le fond, la vie se résumait à une question d'honnêteté, Musashi se savait honnête par nature……..C'étaient les autres, tous les autres qui étaient malhonnêtes, parce qu'ils s'écartaient de la voie la plus juste en se soumettant à des dogmes et à des codes. Ils se niaient eux-mêmes tout en privant le monde de ses potentialités. ».


Selon moi le coeur de ce roman historique est résumé dans cette phrase. Mushashi lutte et doit vivre. Il est seul ou presque, dépossédé et sans appui. Ses poursuivants sont vifs, observateurs, obstinés, motivés et protégés. Tout milite en leur faveur.
Le fougueux et audacieux Musashi est en outre poursuivi par l'école d'escrime Yoshioka de Kyoto parce qu'il a manqué de respect à l'un de ses membres. Tout est contre lui. C'est sans doute sans compter sur sa force physique et mentale, son courage, son audace et peut-être son inconscience.


Ce récit est vif, tranchant, avec des relents de vengeance. Les clans sont bien soudés. Tout manquement à réparation en duel apporte une preuve de lâcheté. Les balafres, les membres sectionnés, les corps sanglants, les précisions morbides ne manquent pas « une sandale de paille qui chuinte à chaque pas, imbibée de sang », ou un peu plus loin..« Tournée vers la rue, la tête avait été plantée au bout d'un pique. Ses cheveux épars faisant écran à la lumière, les traits du visage restaient confus et ne produisaient qu'une impression d'horreur. » ou bien « ses gémissements pathétiques produisaient un sifflement d'eau bouillante » .Sabres, combats, offensives, hurlements, mouvements déliés, le rythme des tambours. Bom,bom,bom ! loyauté, cruauté, voilà ce que nous vivons une lame d'acier sous la main !
J'ai aimé l'histoire de « L'étranger », personnage à l'habit couleur de thé, d'Ameku, une femme aveugle et de Yae l'enfant. Une très jolie et singulière compagnie qui jalonne tout le livre.


Ce roman est malgré toute la violence décrite avec force détails, saupoudrée de pureté, de poésie. Certains passages alternent avec des scènes d'horreur comme pour en atténuer les effets. « Il écoutait les insectes qui fourmillaient dans les branches et les herbes, le craquètement des criquets minuscules, le grésillement des grillons et la stridulation des cigales dont la fervente supplication ne connaissait pas de repos. Tous les sons particuliers se fondaient en un seul, unis par un esprit délivré de ses chaînes, une entité libérée de l'égo, qui se définissait en cherchant l'ordre et la connaissance dans ce qu'elle absorbait sans discrimination. »


La philosophie a des mots à dire bien sûr. Elle donne de l'esprit aux corps et du corps au texte : le karma, la Voie, les lieux sacrés sont présents. La méditation est l'équilibre indispensable au guerrier Musashi, la philosophie le guide « Une impression commença à se clarifier dans l'esprit de Musashi, un mélange de colère, de crainte et de solitude tandis qu'il se soupçonnait vaguement d'avoir confondu la nature de la forêt environnante avec la définition de l'existence elle-même. »


Enfin cet ouvrage nous offre des descriptions de paysages magnifiques. La lune rouge, un arbre « dévasté », « une pluie tiède comme de la sueur », « les bois désolés………arbres noirs aux branches dépouillées……les nuages de couleur des orgueilleux sapins aux aiguilles vert jade. le sol tapi de neige. Les grues aux yeux jaunes qui évoluaient dans des eaux peu profondes. Et Kyoto, le tintamarre des tambours dans les rues, le son grave des peaux martelées, les chats manx filant souplement au bord des toitures…..des moines novices tendant un bol d'une main osseuse », les colporteurs, les chalands….la vie grouillante de Kyoto.


Musashi, le plus grand guerrier de tous les temps sort-il vainqueur de cette incroyable épopée ?
La puissance de ce livre conduit le lecteur à voyager au Japon au XVIème siècle en compagnie d'un Samouraï.
La puissance de Musashi est de nous transformer en escorte et de l'admirer

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Merci Masse Critique ! Merci Albin Michel ! Je suis un passionné du Japon, de son histoire et sa culture, je ne perds jamais une occasion de m'y perdre et voilà que vous m'en offrez une sur un plateau d'argent avec ce roman historique dédié à Musashi Miyamoto l'incarnation de l'excellence martiale... On va oublier le personnage historique que les sources contemporaines qualifiaient d'arrogant voire d'orgueilleux, d'asocial voire de misanthrope, et qui semblait souffrir de gros problèmes d'hygiène corporel dans pays très à cheval sur la question, pour se consacrer au personnage légendaire. Car le propre des héros de légende c'est d'être assez protéiforme pour que les espérances de l'humanité toute entière puissent s'y incarner, mais aussi d'être tellement grands qu'individuellement aucune d'entre elles n'est assez vaste pour le remplir totalement :
- le Musashi Miyamoto d'Eiji Yoshikawa était un modèle d'abnégation à suivre pour la chair à canon du Japon fasciste...
- le Musashi Miyamoto de Kenji Mizoguchi était un philosophe subversif...
- le Musashi Miyamoto de Tomu Uchida était un militant communiste...
- le Musashi Miyamoto d'Hiroshi Inagaki était un amoureux déçu en quête d'illumination...
- le Musashi Miyamoto de Takeshi Inoue était un ado en compétition avec la perfection...
- et celui de David Kirk tient beaucoup du rebelle anarchiste... Un Robin des Bois déguisé en samouraï ?


Nous sommes en 1600, la Bataille de Sekigahara vient de s'achever et la coalition des seigneurs de l'Est commandés par le parjure Tokugawa Ieyasu vient de l'emporter sur l'alliance des seigneurs de l'Ouest dirigée par le loyaliste Ishida Mistunari : L Histoire est écrite par les vainqueurs, la chasse aux sorcières commence, mais le nouveau maître du Japon est obligé de conserver en vie ses anciens rivaux pour gouverner correctement le pays (les clans Mori, Shimazu et Chokosabe ont avalé des couleuvres durant 250 ans mais rien n'a été oublié dans le grand livre des rancunes : ils ont été au milieu du XIXe siècle aux premiers rangs pour combattre le shogunat Togukawa et aux première loges pour l'enterrer). Parmi les vaincus certains samouraïs désormais privés de seigneurs se donnent la mort tandis que d'autres samouraïs prennent la fuite pour sauver leurs vies, mais le dénommé Bennosuke Shinmen se renomme Musashi Miyamoto avant de faire un choix inédit : suivre sa propre voie et afficher sa différence au de lieu de suivre bêtement la Voie du Guerrier... Car dans le Bushido, les guerriers appelés samouraïs ne sont que des objets au service de leurs seigneurs, et que ces derniers peuvent à loisir leur retirer le droit de vivre s'ils considèrent qu'ils ont échoué ou qu'ils ont inutiles !
La version du personnage ne m'a pas convaincu : on sent l'ado rebelle, et c'est normal puisqu'on le suit pendant quatre ans de ses 16 ans à ses 20 ans, et il m'a fait l'effet d'un activiste altermondialiste qui s'échine dans un combat symbolique certes mais complètement vain qui ne fait absolument pas avancée ses idées. L'obsession du héros contre le seppuku est parfaitement logique d'un point de vue occidental mais complètement illogique d'un point de vue oriental, et le concept d'hybris sur lequel l'auteur revient souvent n'appartient pas au monde japonais mais au monde grec antique ! Mais bon ce n'est très grave vu que James Clavell l'auteur de "Shogun" expliquait lui-même que quelque soit la bonne volonté déployée un occidental mettrait toujours en scène un univers orientale vu d'un point occidental avec des personnages orientaux développant des mentalités d' occidentaux..
Le héros ado reste néanmoins touchant par ses états d'âmes que nous faire partager l'auteur, et j'ai par contre beaucoup aimé les personnages secondaires qui gravitent autour de lui : Jiro le ronin trouillard, Nagayaki Akiyama le samouraï bâtard et métisse rejeté de tous, Goémon Inoue le gouverneur malgré lui de Kyoto qui ne sait comment se débarrasser de son cadeau empoisonné et qui ne rêve que de quitter la capitale du sud pour retrouver les campagnes du nord, Ameku l'ouvrière aveugle des îles Ryûkyû que tout le monde prend pour une sorcière, Kozei Tadanari le vieux senseï de l'Ecole Yoshioka qui tente de trouver un solution pacifique avant de réclamer la tête de Musashi pour venger la mort de son fils unique... Tout une galerie humaine qui oblige le ronin à devenir adulte et à trouver sa voie : nous sommes donc bien dans le roman d'apprentissage, et en même temps qu'il élabore le style de combat à deux sabres qu'il va le rendre célèbre il doit aussi trouver une vision du monde qui le débarrassa de sa rage envers le monde... Ce qui finalement m'a beaucoup fait penser à l'anime "Samourai Champloo", et il n'est pas impossible que l'auteur l'ait vu aussi puisqu'il la légende fait un caméo dans la série animée ! (l'univers du manga ne doit pas lui être inconnu puisqu'il s'est permis de glisser un clin d'oeil aux principaux personnages de la saga culte "Lone Wolf & Cub" ^^)


Une fois de plus je suis obligé de constater que le roman historique anglo-saxon est de bien meilleure qualité que le roman historique français (difficile de trouver un roman historique anglo-saxon très mauvais ; difficile de trouver un roman historique français très bon). L'auteur est tout autant documenté sur son sujet que passionné par son sujet, le dosage descriptions / introspections / interactions est bien pensé, l'écriture est fluide et plaisante et j'en remercie autant l'auteur David Kirk que la traductrice Marina Boraso. C'est violent physiquement et moralement mais pas trop quand même, et c'est un peu un peu verbeux vu que les 500 pages ne racontent qu'un seul épisode de la légende de Musashi Miyamoto à savoir son combat à Kyoto contre l'Ecole Yoshioka (les self-made men attirant plus son opprobre que la vieille aristocratie, de la même manière que les sociaux traîtres du Labor attirent plus l'opprobre que la vieille aristocratie des Tories ^^). Mais je soupçonne l'auteur de céder à la tentation de recourir à la magie de la lenteur japonaise. L'immersion dans le japon féodal est donc largement facilité par la plume de l'auteur, donc vous n'avez qu'à choisir une bonne partition sonore pour que l'illusion soit parfaite...

Le livre objet réalisé par les éditions Albin Michel est réussi avec un papier agréable et une mise en page aérée destinés au plaisir de lire, mais...
1) "L'Honneur du samouraï" est le tome 2 d'une trilogie consacrée à la biographie romancée de Musashi Miyamoto et c'est indiqué absolument nulle part : erreur coupable ou vil plan marking faisant passer une série pour des stand alone ? Alors les romans peuvent se lire et se comprendre indépendamment, mais on perd la vue d'ensemble hein (j'ai ainsi trouvé que le le début de ce tome 2 était confus puisqu'il revient sur la quête de vengeance du tome 1, et que la fin nous laissait quand même en plan puisque l'histoire est à suivre dans le tome 3)
2) beaucoup de noms « exotiques » : un petit dramatis personae cela ne coûte rien, et cela aide tout le monde d'autant qu'il y a pas mal d'ellipses au début du roman qui empêchent de savoir rapidement qui est qui
3) beaucoup de lieux « exotiques » : un petit carte cela ne coûte rien, et cela aide tout le monde d'autant plus qu'on voyage avec des personnages originaires des quatre coins du Japon

Par contre je note dans mon agenda littéraire son projet d'écrire sur Hijikata Toshizô : un roturier devenu samouraï d'élite, qui combattit dans les armées du dernier shogun avant de devenir le champion d'un Japon démocratique face aux tenant d'un Japon impérialiste qui commençait déjà son chemin vers les terres maudites du totalitarisme, et avant d'être dans le dernier carré de la dernière bataille de l'éphémère République indépendante d'Ezo : voilà un personnage qui correspond mieux aux idées et aux thèmes anticonformistes de l'auteur que le gardien du temple du bushido ! ^^


PS:
Un petit coup de gueule en passant : j'en ai marre de ceux qui qualifient ce qui n'est pas récits de rentiers du XIXe siècle, de hauts fonctionnaires angoissés du premier XXe siècle, de cadres supérieurs dépressifs du deuxième XXe siècle, ou autofictions nombrilistes du XXIe siècle de sous-culture pour jeunes teubés déconnectés de la réalité... Il faut de tout pour faire un monde, donc il faudra vous faire à la démocratie, au multimédia et au fait que tout un chacun ne dispose pas d'un master en lettres ! (ça me fait penser que pas mal d'entre eux sont d'ailleurs les premiers à pousser des cris d'orfraie dès qu'il y a plus de 3 termes techniques ou scientifiques dans un récit ^^)
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Je tiens tout d'abord à remercier Babelio et les Editons Albin Michel pour avoir pensé à moi pour cette Masse Critique Privilège. Ayant énormément aimé le précédent roman de l'auteur, le Samourai, je suis donc particulièrement heureuse d'avoir reçu cet ouvrage qui me permet de continuer ma découverte de Musashi Miyamoto, grand guerrier de son époque.

Après avoir découvert Musashi Miyamoto, anciennement Bennosuke dans le Samourai, nous le retrouvons ici, vaincu et fatigué après un long et dur combat. Considéré comme paria et traite à la Voie du Samourai, Musashi est seul et sans aucun soutien. Rempli de rage, le jeune adolescent de 16 ans, se retrouvera à lutter contre un des clans les plus influents du pays. C'est également à ce moment-là que le samouraï va énormément s'interroger sur lui-même, notamment sur la voie qu'il souhaite suivre, tout en cherchant à ne plus suivre celle qu'on lui impose. Dans un Japon en mutation, Musashi Miyamoto va vivre des événements très difficiles pour son jeune âge.

L'Honneur du Samourai est un roman complet. Etant fasciné par l'histoire du Japon, je ne peux qu'être embarqué dans un roman qui respecte cette histoire et qui tente de restituer les événements au mieux et de nous faire comprendre les mentalités de l'époque. David Kirk réussit ce tour de force, ce qui n'est pas facile pour un non japonais. L'Honneur de Samourai est un roman rempli de sagesse, très souvent philosophique, que j'ai pris plaisir à déguster. La plume de David Kirk est finement travaillée et j'ai été très souvent touchée par de nombreux dialogues ou passages. Musashi Miyamoto est un personnage qui se questionne énormément et qui cherche à trouver des réponses par lui-même mais également grâce aux personnages croisés sur sa route. Les personnages évoluent et sont complexes et c'est une des grandes qualités de cet ouvrage. A côté de cela, le roman foisonne de combats tous plus sanglants les uns que les autres. Superbement décrits, ces combats sont criants de vérités. David Kirk ne prend aucune pincette et n'hésitera pas à tuer de nombreux personnages. L'époque est particulièrement difficile et l'espérance de vie assez basse que ce soit pour les guerriers ou les civils.

L'Honneur du Samourai est un roman d'une grande qualité. Tout en nous proposant une plume superbe et de nombreux questionnements philosophiques, le roman nous immerge totalement dans le Japon de cette époque, une époque de mutation dure et sanglante.
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Il y a quelques années le musée d'Orsay organisait une exposition sur les samouraïs. Leurs armures étaient exposées magnifiques, impressionnantes et surtout terrifiantes. Elles imposaient le respect. Qui étaeint ces hommes avec assez de charisme et de mérite pour les revêtir ? Leurs propriétaires ne pouvaient être des hommes quelconques. Dans son livre David Kirk nous emmène au Japon du XVIème siècle dans l'univers de ces hommes incroyables. Dès leur plus jeune âge ils sont formés au combat, ce sont des guerriers dont le destin est de se battre pour leur maître. Mais ce sont aussi des hommes éduqués, pas des brutes. Ils sont formatés et vivent selon les préceptes de la Voie. Il est impensable de s'en écarter il en va de leur honneur et de leur vie. Ce qui pour un samouraï revient au même. Ces hommes si puissants et respectés ne sont en rien maîtres de leur destin, en acceptant de suivre la Voie ils laissent derrière eux leur libre arbitre et suivent la Voie du Guerrier. C'est pourquoi à l'issue de la bataille de Sekigahara, quand Musashi Miyamoto voie l'armée de son maître en déroute et décide de fuir au lieu de se faire seppuku il devient un paria, un rônin. Les samouraïs sans maître sont la lie de la société. Pourtant quoi de plus normal à 16 ans que de refuser de se donner la mort ? Vivre va donc être son premier leitmotiv, rapidement il va se révolter contre le dictat de la Voie et contre les samouraïs qui lui apparaissent désormais comme des esclaves. Il va rejeter le statut de rônin dans lequel il a vécut deux ans au profit de la liberté. Il est Musashi Miyamoto homme libre! Mais être libre c'est aussi réfléchir par soi-même. Il va donc devoir faire ses choix, à commencer par donner un sens à sa vie. Il entreprend alors d'exposer au monde l'absurdité de la Voie et de la manière de vivre des samouraïs. Seule l'honnêteté trouve grâce à ses yeux. Poursuivit par les Yoshiokas pour avoir manqué de respect à l'un des leurs il semble n'avoir aucune chance d'en ressortir vivant. Les sabreurs de cette école sont des samouraïs redoutables, craints et respectés.

J'ai adoré ce roman historique, véritable ode à la liberté. C'est le récit d'une quête initiatique, une formidable épopée. Je me suis régalée en lisant ce livre.
Plusieurs choses m'ont séduite, à commencer par le sérieux de l'auteur : d'un point de vue historique nous ne sommes pas dans l'approximatif, c'est un roman sérieusement documenté. Un sérieux qui se ressent aussi au point de vue martial, les combats sont plausibles ce qui est vraiment appréciable. Rien de plus énervant que de lire ce genre d'ouvrage et d'avoir le récit d'un combat complètement bidon, ça gâche tout. L'enracinement des pieds, la façon de placer les mains sur l'arme, (aussi appelée tenir les oiseaux : assez serrées pour ne pas qu'ils s'échappent mais assez détendues pour ne pas les étouffer) autant de détails qui montrent que l'auteur a le souci du réalisme. Cela reste romancé et ce n'est pas un livre de technique martiale mais les scènes de combat ne sont pas tirées par les cheveux. Attention tout de même, âmes sensibles s'abstenir, c'est sanglant, mais quand on parle de samouraïs armés et décidés à en découdre, difficile de faire autrement.
Les personnages m'ont également beaucoup plu. Ils sont bien campés, ils invitent à la compassion et l'empathie. le lecteur arrive à les comprendre, à appréhender leur logique, ils sont cohérents. On dépasse le clivage des gentils et des méchants. Ce sont simplement des Hommes avec des façons différentes de voir le monde.
J'ai particulièrement aimé les personnages d'Akiyama et d'Ameku. Ce sont des êtres en marge de la société, comme Musashi Miyamoto mais pour des raisons différentes. Ils amènent notre héros à s'interroger sur le sens de la vie, sur la société dans laquelle il évolue.
La plume de David Kirk rend les descriptions vivantes : la ville grouillante de vie de Kyoto, ses tambours, ses combats de coqs, ses vendeurs; on entend presque la rumeur de la ville. L'auteur nous offre aussi de belles descriptions de paysages, en particulier celle de la lune rouge sang.
L'auteur utilise un vocabulaire riche et varié sans être pompeux.

Si Musashi Miyamoto était un guerrier hors normes qui a laissé son empreinte dans le monde des arts martiaux c'était aussi un philosophe, un calligraphe et un peintre de talent. David Kirk rend hommage à cet homme complexe en dressant un beau portrait du jeune homme qu'il a peut-être été.

Merci beaucoup à Babelio et aux éditions Albin Michel pour cet envoi.
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Musashi Miyamoto n'est pas un samouraï lambda. Entendez par là qu'il appartient à l'imaginaire du Japon à une époque très éloignée de notre temps actuel. Musashi Miyamoto appartient aussi au monde extraordinaire, surnaturel, cruel. Sa rébellion transperce, transforme, trucide l'ordre établit par les maitres Yoshioka. Il est habité d'une forme de furie incontrôlable par lui-même et les autres samouraïs. Cela donne un roman pittoresque, souvent violent. Disons que la violence devient presque un personnage dans ce récit. Parfois il s'en dégage des touches de réflexions plus spirituelles sur le sens du monde et le sens de la révolte contre ce qui doit être.

Mon avis :

Il faut avoir le coeur bien accroché quand vous visualisez (en lisant) les scènes de combats entre samouraïs. Ces scènes valent le coup d'être lus tant elles sont bien construites. J'ai surtout retenu ces passages plaisants pour les détails, la fluidité et la facilité de lecture.
Pour le reste, le scénario est classique :
Un insoumis se dresse contre sa destinée et veut changer le cours des événements, ce qui engendre forcément des dommages collatéraux.

J'apprécie : la découverte de ce Japon du Moyen-Age, la fluidité du style, l'histoire basique mais efficace, les descriptions psychiques des différents personnages, le récit authentique des situations, cet animal brut qu'est Musashi Miyamoto, sa bestialité surnaturelle que rien ni personne ne peut arrêter, raisonner, les scènes de combats réalistes.

J'aime moins : la répétition de quelques scènes et/ou combats, la fin de l'histoire trop longue et confuse.

Je ne pense pas continuer avec cet auteur. Si vous voulez vous délecter de plusieurs scènes de combats sanglantes, explicites et cruels comme la vie, allez-y.
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Je tiens tout d'abord à remercier les éditions Albin Michel ainsi que Babelio qui à l'occasion de l'opération Masse Critique, m'ont permis de découvrir ce roman de David Kirk.

Honneur. Loyauté. Vengeance.

Musashi Myamoto participa à la célèbre bataille de Segikahara à l'âge de 17 ans. Engagé dans le camp des perdants, il fut laissé pour mort sur le champ de bataille mais survécut à ses blessures.
S'en suit dès lors, une fuite en avant et surtout une réflexion profonde sur le sens de cette Voie, suivie aveuglément par tous les samouraï de l'époque.

Roman d'aventure, fiction biographique, roman d'apprentissage, David Kirk nous propose tout cela à la fois. le ton est juste, le rythme enlevé.
La culture nippone du XVIIème siècle y est parfaitement décrite. Les combats au sabre sont décrits de manière très visuels, et l'exercice, quoique délicat, est plutôt réussi.
Ce roman s'inscrit comme une suite du "Samouraï" où l'auteur avait déjà présenté le héros. On voit à quel point le destin de Musashi fut exceptionnel.
Cette fiction historique est un vrai bon moment de lecture.
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A la lecture de "L'honneur du Samouraï", j'ai eu la curieuse sensation d'être "téléportée" dans un univers autre, étrange, cruel et envoûtant.
Jusqu'ici, mes lectures portant sur le Japon avaient une femme comme héroïne. Pour la première fois, j'ai pu me glisser dans la peau d'un homme, un samouraï ; bête de guerre éduquée dès la petite enfance pour servir et obéir, étouffer ses sentiments et ses émotions, supporter la souffrance physique la plus intense et glorifier la mort la plus atroce : le seppuku, où le guerrier s'ouvre le ventre en public pour se punir d'un échec personnel ou de celui de son supérieur. Toutes les actions sont parfaitement codifiées : le guerrier, quelle que soit l'épreuve subie sait parfaitement ce qu'il convient de faire. Aucune "prise de tête" s'il suit la Voie, cet ensemble de règles apprises en même temps que l'escrime.
(Comment ne pas penser ici, aux enfants-soldats. Ceux de notre époque, du Moyen-âge, des périodes révolutionnaires, des guerres…)
Aussi est-il surprenant de voir le jeune Musashi Miyamoto s'affranchir de l'obligation de seppuku. Pourtant, il a eu la malchance de ne pas être tué lors de la bataille où son armée a été taillée en pièces et il est désormais sans maître. Selon la Voie, le suicide est la seule façon pour lui de garder son honneur. Or, Musashi rejette la Voie des guerriers. Dans une illumination fulgurante, il choisit la vie et de mener la sienne comme il l'entend.
(Et comment ne pas penser ici, aux mutineries des soldats des tranchées en 1917.)
Cependant, Musashi doit à ce moment penser par lui-même et choisir entre de multiples possibilités. Et c'est toute cette quête initiatique qui transcende l'atrocité des duels et rend le livre si émouvant.
(Et comment ici, ne pas penser aux "films de sabre" basées sur la Voie du sabre.)
La rencontre de Musashi avec Ameku, une aveugle paria, elle aussi victime de préjugés et de superstitions, lui indique une autre voie. Une voie où la colère n'a plus sa place, ni pour lui, ni pour le reste du monde. Après l'illumination, la sublimation.
Je remercie Babelio et les éditions Albin Michel pour ce livre reçu dans le Cadre de "Masse Critique", qui me donne envie de découvrir "Le samouraï", du même auteur.
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D'abord je remercie Babelio et les éditions Albin Michel qui m'ont donné ce livre en SDP.
Avant de le lire je me suis aperçus que c'était la suite d'un autre roman de David Kirk qui porte le titre "Le Samouraï" que je me suis empressé d'acquérir pour le lire, j'ai même donné mon avis.
A la fin du tome 1 nous avions laissé Miyamoto Musashi blessé mais vivant après la défaite de la coalition dont il faisait parti face aux Tokugawa, seigneurs d'Edo.
le récit nous raconte la survie de Musashi, face a la tradition qui veut que l'honneur lui commande un suicide rituel (seppuku).
Il va lors de sa fuite inventé une nouvelle forme de combat utilisant les deux sabres, le Katana (sabre long) et le Wakizashi (sabre court).
Dans ce Japon du XVII Siècle les combats au sabre sont codifié et normalement se termine au premier échange mais avec sa technique il va bouleverser tous ces codes.
Dans "la Pierre et le Sabre" et sa suite "la Parfaite Lumière" de Eiji Yoshikawa, le récit est plus tourné vers des affrontements en duel mais David Kirk lui nous raconte une autre façon de voir la vie de Miyamoto Musashi, et même si j'aime mieux celle de Eiji Yoshikawa, la sienne ne manque pas de charme.
Merci a Marina Boraso pour sa traduction.
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Merci aux éditions Albin Michel et à Babelio pour ce partenariat.
Musashi Miyamoto est un jeune samouraï. Il aurait dû mourir, non pas mourir au combat, il a combattu et survécu, mais se suicider, comme la Voie le demandait. Il avait un but : vivre. Il n'a pas respecter les règles que d'autres voulaient lui imposer. D'autres, d'ailleurs, qui l'ont transformé en fugitif, pour une question d'honneur - le leur, forcément.
Les paysages qui sont décrits sont pourtant si beaux, et ils se retrouvent le théâtre d'affrontements violents. Ne cherchez pas une lutte aseptisée. le sang coule, les blessures ne cicatrisent pas facilement, elles s'infectent même, et les soins qu'il faut apporter pour guérir prennent souvent le temps d'une saison. Quand on vous laisse la possibilité de guérir, évidemment. Oui, c'est la vérité nue des chairs que nous voyons, jusque dans la mort aussi.
Cette violence ne constitue jamais de rebondissements gratuits, elle fait partie de l'intrigue, du corps du roman. Musashi a renoncé à la violence, sauf quand il juge le combat nécessaire.
Traque ou poursuite ? Ces deux éléments se recoupent et pourtant, ce n'est pas exactement la même chose. Misashi fuit, un temps, se fond littéralement dans l'environnement qui l'entoure, avant de rechercher ceux même qui ont lancé la traque - parce que la paix ne serait pas possible sinon.
Et quelle paix, d'ailleurs, dans ce Japon où tout ce qui est au nord d'Edo est vu comme barbare ? Puisque ce livre est un second tome, verra-ton une suite, pour continuer le chemin avec Musashi Miyamoto.
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