Marie l'épiait encore et encore. Elle passait de longues minutes à la regarder à travers la fenêtre de sa chambre.
Pourtant pour elle, pour bien aimer les autres, il fallait d'abord s'accepter soi-même.
Premier pas sur le sol africain. La luminosité me semble étrange, un mélange d'orange et de vert très cru …. Une odeur chaude et humide ….
Mathieu y dépeignait une Afrique à la fois dure, hostile, belle, captivante, où mort et souffrance se mêlaient à une mère nature épanouie et indifférente.
Une étrange connivence se tisait, faite de provocations, de partage et de fils invisibles. Et c'est lui qui tirait les fils... Non, finalement, à bien y réfléchir, c'était elle. C'était elle qui l'avait obligé à sortir de son mutisme, c'était elle qui s'intéressait à lui, c'était elle qui jouait le rôle du dompteur, et ce soir encore c'était sa petite victoire.
Il posa le roman, se leva et se pencha pour lui prendre l'assiette des mains. Elle connaissait ce parfum ! Épicé et subtil, il lui allait bien... Marie était troublée. Elle rougissait. Elle n'arrêtait pas de se dire, je suis idiote, complètement idiote et il va s'en apercevoir. Elle aurait voulu déguerpir et ne plus jamais le revoir. Il fit mine de ne pas s'en apercevoir.
Il est depuis plusieurs mois sous mes fenêtres et je le regarde faire. Il lit... Il a bien une bouteille, mais je ne l'ai jamais vu boire, du moins je ne l'ai jamais vu saoul... Il range ses affaires, je dirais même qu'il range méticuleusement ses affaires...