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Critique de Ellane92


Je ne connais pas grand chose de l'Estonie. J'avais lu Purge de S. Oksanen dans le temps, qui apportait un certain éclairage assez noir il faut dire (formulation quelque peu contradictoire, je vous l'accorde) sur une partie de l'histoire de ce petit pays. Après avoir lu "Les groseilles de novembre", je ne suis pas sure d'en savoir tellement plus. Et c'est peu de le dire.
Dans cet ouvrage, Andrus Kivirahk nous raconte au jour le jour les évènements d'un petit village estonien dans lequel les lois qui régissent nos vies occidentales françaises sont complètement... comment dire, impropres ?!
Ce que l'on peut dire des Estoniens de ce petit village, c'est déjà qu'ils se positionnent par rapport au manoir et à ses habitants. Soit ils les détestent et les volent, soit ils travaillent pour eux et les volent. L'objectif principal des valets de ferme semble d'être d'en faire le moins possible, tandis que, au vu de la grande pauvreté de chacun, on subsiste grâce aux vols des kratts, créatures créées de bric et de broc et animées par une âme accordée par le Diable, ou le vieux païen comme on l'appelle par là-bas, que l'on paie de 3 gouttes de sang ou de groseille, pour peu que l'on soit prévoyant.

Le ton de Kivirahk est caustique, ses personnages bêtes et veules. Son génie est d'arriver à nous tenir en haleine sur les 30 jours que compte le mois de novembre en nous racontant les histoires de ces petites gens, histoires qui confinent à l'absurde le plus souvent. Mais il y a aussi de jolies envolées un peu lyriques (la passion amoureuse entretenue par les discours du kratt de neige parodie le roman courtois en en conservant la tragédie), mélancoliques (ah... je me suis beaucoup attachée à la sorcière et au granger), des idées très créatives (il faudrait vraiment trouver la formule qui permet de se transformer en loup garou, ou de passer les murs !) et des passages tout simplement géniaux (j'ai adoré l'incarnation de la maladie et sa confrontation avec le village !).
Au final, je ne connais toujours pas grand-chose à l'Estonie. Mais je sais à quoi servent les groseilles en novembre, et j'ai découvert un auteur qui est capable en quelques lignes de nous amener dans un tout autre univers peuplé d'histoires étranges et caustiques. Une belle découverte!
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