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Critique de Seraphita


Des marines engagés sur le front, en Irak ou en Afghanistan, décrivent leur mission, mais surtout, la fin de celle-ci et leur difficile retour à la vie civile. Ils ont vu, entendu, touché, le fracas des armes, la violence de la guerre, la mort au quotidien, la peur chevillée au corps. Mais de retour au pays, c'est bien souvent leur esprit qui est fracturé, tant le chaos a été sans nom. Comment reprendre goût à la vie civile, dans un monde soudain lisse, aseptisé et à distance du combat ?

En douze nouvelles, Phil Klay esquisse quelques réponses à ce sujet. La quatrième de couverture le présente comme « âgé d'à peine trente ans, […] vétéran du corps des marines, pour lequel il a servi dans la province irakienne d'Anbar de janvier 2007 à février 2008. Son premier livre, Fin de mission, best-seller aux Etats-Unis, a été couronné par le prestigieux National Book Award en 2014 ».
Les intrigues et l'écriture de Phil Klay ne peuvent laisser indifférent : le ton est volontiers mordant, cynique, drôle, mais aussi poignant et laisse en tête le sentiment d'une profonde tristesse et d'une solitude sans fin. Car ces marines revenus du front sont seuls face à leurs souvenirs et même s'ils tentent de revoir leurs camarades de combat, c'est pour noyer ensemble leur chagrin dans l'alcool, comme pour oublier ce qui pourtant les unit. L'auteur décrit sans détour les traumatismes invisibles, le Post Traumatic Stress Disorder – ou PTSD - au premier plan.
Chacune des douze nouvelles constitue autant de variations sur le même thème : celui de la guerre et des dommages qu'elle procure à l'âme humaine, la séparant irrémédiablement du commun des civils. Chacune est percutante à sa manière, mais au fur et à mesure, le sillon d'ombre qu'elles creusent dans l'esprit du lecteur commence à peser, d'autant que le ton est souvent cru et réaliste.

Alors, au terme du chemin, que retenir ? L'auteur ne semble pas donner un tour politique à ses intrigues, préférant la perspective descriptive, à hauteur d'hommes et de souffrance. Et quand passe le cercueil de cet homme tombé au combat, c'est une spirale de silence qui s'ouvre parmi les vivants, à mesure qu'il progresse, happant les mots, toute possibilité de rendre compte de ce terme. La fin de mission ouvre l'espace des possibles, de ces ailleurs qu'il va falloir imaginer et incarner.
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