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Qu'ils soient soldat, aumônier ou artilleur, homme de terrain ou employé administratif, chacun des douze narrateurs de « Fin de mission » a vécu la guerre en Irak à sa façon et n'est pas ressorti indemne de son expérience...


A travers leurs regards, Phil Klay nous dépeint avec talent la réalité d'un monde en guerre, dans lequel la violence côtoie la peur, l'absurde se heurte à la raison et où le dégoût se mêle bien souvent à l'incompréhension. Douze histoires impressionnantes de réalisme, qui ne cherchent pas à cacher la misère d'un pays en souffrance, ni l'horreur d'un quotidien où meurent des innocents, où il faut tuer pour ne pas crever, où l'on devient un héros au prix de sa vie…


Dénonçant aussi bien la bêtise de certains dirigeants américains, qui mettent en danger la vie de soldats par leur simple incompétence, que la barbarie des insurgés qui torturent et abandonnent des innocents à la mort, l'auteur nous offre une vision très nuancée de la guerre, sans manichéisme. Il nous parle de toutes ces vies détruites et bouleversées, de l'incapacité à se reconstruire quand on a connu l'horreur des combats et côtoyé la mort d'aussi près.


Loin d'offrir une vision esthétisée de la guerre, comme on en trouve souvent dans les films et les romans, l'auteur opte pour un réalisme glaçant. Ici, les cadavres pourrissent dans les rues, dévorés par les chiens errants, les mines n'attendent que votre passage pour exploser, la peur vous prend et ne vous lâche plus, agissant directement sur vos sphincters... Alors, pour calmer les tensions, il y a les nuits blanches à jouer sur la Nintendo, les bordels et leurs maladies vénériennes et les histoires qu'on se raconte pour se donner du courage…


En tant qu'ancien Marine ayant servi en Irak, Phil Klay nous parle d'un univers qu'il connait bien, nous offrant, à travers ce recueil sublime et intense de douze nouvelles, un regard à la fois lucide et averti sur la guerre. La narration à la première personne nous plonge directement dans la tête de ces soldats engagés au nom de l'honneur et de la gloire. Une narration d'autant plus vivante et effrayante qu'elle est réaliste et sans pathos. Une écriture brute, franche et sans langue de bois, mais qui n'est pas dépourvue de beauté et d'humour. Phil Klay parvient à éviter tout jugement de valeur et ne tombe pas dans un discours pro-américain de l'engagement, préférant évoquer la description du quotidien de l'armée vu de l'intérieur. Un recueil passionnant et saisissant, qui a valu à son auteur de recevoir un National Book Award amplement mérité ! A lire absolument !


Challenge Variétés : Un livre qui se déroule dans un autre pays
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Quel choc ! Cela va être difficile de transcrire tout ce que ce livre a suscité . Il s'agît d'une dizaine de nouvelles centrées sur la guerre en Irak et plus particulièrement , le retour d'expérience de marines. Ils ont été affectés à la logistique, à la propagande, au service mortuaire, à l'artillerie, à l'infanterie. Ils sont prêtres, seconde classe, commandant. Ils sont blancs, noirs, arabes. Ils sont mutilés, dévastés psychologiquement . Ils attendent la mort, poursuivent leurs études , ne comprennent plus leur femme, boivent. Mais tous ont été changés.

C'est un livre absolument remarquable car le point de vue l'auteur est neutre quand à l'utilité de la guerre, de cette guerre en Irak. Il n'est pas là pour nous dire "c'est bien " ou "c'est mal". Il est là pour rétablir des vérités .Même si elles sont dures à entendre.
Philip Klay est un vétéran d'Irak et cela se ressent.Rien n'est fortuit. La réaction d'un marine à son premier mort, l'attente de la confirmation de la mort à travers une lunette thermique, cela ne s'invente pas.
Que dire de l'étude de la guerre sans arme ? La distribution de tenue de base ball aux petits Irakiens, ou la propagande diffusée dans les villes assiégées.
On rencontre des marines d'une humanité absolue, venus chasser les insurgés mais protéger la population civile. On trouve aussi des commandants venus pour tuer, entrainant tout le régiment derrière eux avec toutes les conséquences physiques et mentales imaginables.
On croise des soldats qui s'évertuent à apprendre l'apiculture aux veuves irakiennes et d'autres qui provoquent pour mieux attaquer.
Lorsque les marines sont de retour aux USA, on est dans du plus classique . L'incompréhension du monde , l'alcool , la dépression , l'isolement.Mais également ceux qui s'appuient sur leur statut de vétéran pour s'élever socialement.
L'armée US n'en sort pas grandie, ni salie d'ailleurs. Je l'ai trouvée plus humaine que ce que je pensais.
Comme d'habitude, la religion fout le bordel . Là, c'est entre chiites et sunnites. Si l'on comptait sur une année les morts liés à la religion, la Covid ne serait en effet qu'une gripette insignifiante. Ce problème local est , comme le reste, montré avec beaucoup de recul, sans position péremptoire.
C'est le livre le plus fort que j'ai pu lire sur la guerre "moderne", mais je ne suis pas un expert. Ce livre a reçu le prix du meilleur livre américain 2014, ça ne veut rien dire mais quand même ...
je vous le conseille bien évidemment.
J'en profite pour présenter mes voeux à ceux qui lirait ces quatre lignes insignifiantes. Je vous souhaite, comme je le fais à mes élèves , d'être heureux. Démerdez vous comme vous voulez mais soyez heureux.
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Ce recueil de nouvelles signé Phil Klay nous emmène sur les champs de guerre d'Irak et d'Afghanistan. Lui même ancien du corps de marine, Klay raconte le quotidien de ces soldats engagés dans des conflits qui font la fierté de l'Amérique mais qui porte un regard lucide, glaçant sur les blessures psychologiques à la fin de ces missions. La peur, la bravoure, l'absurdité des combats, la difficulté de retrouver les siens après le chaos du terrain, Phil Klay dans un style très réalisme qui fait froid dans le dos, décrit aussi l'impossibilité de compréhension des proches, les horreurs vécues et la difficulté de la réinsertion quand autant d'images terrifiantes hantent la mémoire des soldats.
Klay n'évite rien, ces portraits sont aussi touchants que terrifiants. Fin de Mission mais surtout début d'auteur remarquable.
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Ce livre m'a été envoyé par masse critique et je me réjouis d'en partager la découverte.Il s'agit d'un recueil de nouvelles écrit par un trentenaire vétéran du Corps des Marines.
Dans chacune de ces histoires,je suis immédiatement entrée dans le corps,dans la tête du personnage,héros de celle ci.J'ai ressenti,suivant les situations racontées avec le réalisme du vécu,de la colère,de la haine,un immense chagrin,du dégoût,de la peur,une réelle admiration pour ces héros qui le sont devenus parfois malgré eux,dont les actes du quotidien de la guerre seront souvent ignorés,parfois mal compris s'ils réussissent à rentrer chez eux.
Quelle souffrance aussi ,pour eux,de ne pas pouvoir tout simplement oublier ce qu'ils ont fait,vécu,et de comprendre qu'on ne va les "considérer" que s'ils rapportent des faits bien sanglants grâce auxquels on pourra s'apitoyer sur leur souffrance,surtout si les séquelles en sont bien visibles!
L'auteur n'est pas tendre avec ceux des officiers dont le manque d'intelligence ou l'ambition ont entraîné la mort d'hommes qui n'avaient comme tort que de participer à une guerre dont ils n'étaient que des pions.
Je ne vois pas l'intérêt de rapporter une à une,dans chacune de ces nouvelles,tout ce qui m'a touchée,convaincue.Si on ne lit pas cet ouvrage,on ne peux pas s'en faire vraiment une idée.
Je suis éblouie par le talent de cet auteur qui a su transformer son expérience de la guerre en acte positif d'écriture et peut-être amener les civils à comprendre pourquoi le combattants ont tant de mal à reprendre une vie "normale" après.
Qu'on soit pour ou contre la nécessité de telles guerres,on comprend en lisant ces nouvelles que tous ces hommes ont exploré le pire et le meilleur d'eux-mêmes et qu'ils n'en sortent jamais innocents
ENORME BRAVO à Phil Klay.
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Fin de mission... Vraiment ?

Dans cette douzaine de nouvelles de Phil Klay (traduites par François Happe), les névroses et autres syndromes de stress post-traumatiques (PTSD) explosent à la face du lecteur, comme autant d'EEI (Engins Explosifs Improvisés) cachés en Irak ou en Afghanistan.

Elles sont atrocement anecdotiques comme celui des tueurs de chiens, mystiques comme celui de l'aumônier de guerre ou de ce dialogue catholico-islamique de campus, drôles autant que misérables lorsqu'il s'agit d'imposer le base-ball aux petits irakiens pour faire plaisir à un sponsor planqué au pas... Elles font toutes réfléchir.

À travers ces récits, Klay nous rappelle que revenir de mission d'Irak ou d'Afghanistan était déjà un succès. Mais cela ne signifiait pas que la mission était finie pour autant. Une autre démarrait alors : celle de la vie d'après qu'il faut essayer de reconstruire.

Alors que je n'aime habituellement pas les nouvelles, j'ai pris plaisir à lire celles-ci, tant le style de Klay est rythmé et habile à alterner l'anecdote et la réflexion, le grave et le drôle, les dialogues et les digressions.

Un livre qui instruit, qui fait réfléchir et qui ne laisse pas indifférent.
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Des soldats. Américains. En Irak. Celui-là rentre chez lui après avoir passé son temps, là-bas, à abattre des chiens qui se nourrissaient de cadavres. A la maison il retrouve sa femme et son labrador, couché au pied du canapé. Celui-là vient de délivrer des policiers irakiens torturés dans la cave d'une maison tenue par des insurgés. Celui-là a du mal à se remettre de la mort d'un gamin de 14 ans, tué sous ses yeux par son collègue. Lui, il était affecté aux « affaires mortuaires », chargé de récupérer et transporter les corps de combattants, qu'ils soient américains ou irakiens. Cet autre, civil, rêvait de remettre en service une station de traitement de l'eau pour venir en aide à la population. Eux, ils débriefent à la cantine après avoir envoyé leur premier obus sur des cibles humaines. Combien en ont-ils eu en tout ? Combien ça fait de morts par membre de la section ? Et puis il y a cet aumônier recueillant des confessions difficiles à entendre, cet étudiant revenu du front, pointé du doigt par une camarade musulmane sur les bancs de la fac ou encore ce pauvre gars, défiguré par une mine, qui raconte son histoire dans un bistrot de New-York...

Phil Klay, vétéran du corps des marines ayant servi en Irak entre 2007 et 2008, a l'intelligence de ne pas sombrer dans les clichés, de ne pas jouer au « pro » ou au « anti » guerre. Son angle d'attaque est beaucoup plus fin : de l'artilleur à l'aumônier, du civil engagé par l'armée à l'administratif n'ayant jamais vu une zone de combat, il multiplie les points de vue et alimente la réflexion. Avec un réalisme sidérant, il décrit la vie d'une compagnie au jour le jour, il dit la peur du soldat sur le terrain, la haine absolue et aveugle de l'ennemi, les traumatismes physiques et psychologiques, l'impossible retour à une vie normale à la fin d'une mission, mais aussi l'incompréhension des proches, la quête de sens face à l'absurdité de certaines situations, les nombreux suicides, le regard, parfois difficile à supporte,r de ceux qui vous jugent sans avoir la moindre idée de ce que vous avez vécu.


Aucun pathos, aucun jugement, pas d'envolée lyrique, le ton est sec comme un coup de trique, empreint d'une lucidité qui fait froid dans le dos. Plus proche, dans l'esprit, de « Yellow Birds » que de « Fin de mi-temps pour le soldat Billy Lynn », deux autres textes abordant le conflit irakien, ce recueil marque la fracassante entrée en littérature d'un jeune trentenaire incroyablement talentueux.



Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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Vétérans
C'est la lecture de Billy Summers qui m'a donné envie de sortir ce livre de ma PAL pléthorique (j'achète des bouquins, je les range dans ma bibliothèque, je les contemple, je les oublie… je crois que ça porte un nom en japonais -tsundoku- heureusement, il y a les challenges Babelio !!) justement récompensé par un prix prestigieux (le National Book Award en 2014) et encore une fois, parfaitement illustré par la couverture de la collection Totem.
Phil Klay s'est engagé dans le corps des Marines et a servi pendant la guerre d'Irak en 2007 et 2008. Il a transcendé cette expérience particulièrement traumatisante en écrivant ce recueil de douze nouvelles relatant le chaos, personnel ou collectif, pendant ou après la guerre. Rédigées à la première personne, elles nous font entrer (violemment) dans l'esprit de douze personnages très différents, du simple caporal au lieutenant chargé d'un boulot administratif (absurde soit dit en passant), ou encore un prêtre, sur le terrain des opérations ou aux Etats-Unis, à leur retour de service.
Je trouve souvent que dans un recueil de nouvelles certaines sont meilleures que d'autres. C'est aussi vrai pour celui-ci (j'ai été particulièrement touchée par la première qui donne son titre au livre « Fin de mission » mais encore plus par Corps… et par Prière dans la fournaise et Histoires de guerre), mais globalement c'est une vraie réussite, un livre qui fait réfléchir, sans être dans l'apitoiement ou le manichéisme.
Eprouvant mais nécessaire.
A lire l'entretien avec l'auteur paru dans le Temps en 2015 : https://www.letemps.ch/culture/livres/fin-mission-phil-klay-raconte-sale-guerre-dirak
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Ce premier livre de Phil Klay a été couronné par l'un des prix littéraires les plus prestigieux des Etats-Unis : le National Book Award. Autre reconnaissance, lors de sa parution en France, aux éditions Gallmeister, le recueil a reçu les louanges d'un certain Columm Mc Cann en une du « Monde des Livres ». Je viens modestement prolonger cette série de consécrations en lui décernant 5 étoiles rutilantes sur Babelio.

Phil Klay est un ancien soldat du Corps des Marines qui a effectué une mission de treize mois en Irak entre 2007 et 2008. Une fois démobilisé, il a intégré l'université de New York, dans le cadre d'un programme d'aide aux vétérans, où il a suivi des ateliers d'écriture. J'ouvre une parenthèse : de nombreux écrivains américains de qualité sont issus de ou enseignent dans ces ateliers de « creative writing », ce qui est une preuve de l'importance et de la qualité de ces filières, fin de la parenthèse ! Offrir cet apprentissage à un vétéran a une double utilité. D'une part, écrire a une fonction cathartique – au sens psychanalytique – pour son auteur qui peut ainsi extérioriser et purger ces treize mois lourds d'expériences traumatisantes. D'autre part, ce témoignage sur un conflit récent a une valeur historique et représente un éclairage sur l'état d'esprit des belligérants.

Depuis les origines de la littérature, la guerre a été l'un des thèmes les plus souvent traités. Seule la puissance de l'écrit permet de retranscrire la complexité d'une guerre. Pour établir une compraison, nous pouvons prendre un exemple cinématographique récent sur le thème de l'Irak :« American Sniper ». Dans une scène, le tireur d'élite incarné Bradley Cooper connaît un moment d'hésitation avant d'abattre un enfant qui se lance vers un convoi américain armé d'une charge explosive. L'instant de doute est rendu de manière simpliste quand le texte permet de rendre la longue digestion morale, toute en remords et en culpabilité, de ce type d'acte. le choix d'un recueil de douze nouvelles participe à la volonté de peindre la guerre dans toute sa complexité en permettant la multiplication des points de vue. Parmi la foule de personnages, nous trouvons bien évidemment le combattant, mais aussi l'officier qui traite les questions administratives, l'artilleur éloigné de plusieurs kilomètres de ses cibles, l'aumônier, les soldats du génie chargés de l'entretien des routes, ceux chargé de la propagande ou de ramasser les corps, les agents qui participent à la reconstruction et à la réanimation de l'économie locale, les gueules cassées…

Les thèmes traités sont nombreux. Phil Klay évoque la difficulté du retour à la vie civile dans un monde normal où le soldat se sent étranger, au milieu d'individus avides de témoignages sordides ou qui opposent au vétéran leur condamnation politique du conflit. L'auteur aborde également le questionnement moral du prêtre qui reçoit les confessions de soldats lui indiquant que les « règles d'engagement » ne sont pas toujours respectées et que certains officiers appellent à une violence démesurée sur le terrain. Derrière les fanfaronnades et l'esprit bourrin des marines, Klay fait remonter les atermoiements des soldats face à leur premier tué : il y a ceux qui refusent d'en assumer la responsabilité, ceux qui veulent voir le résultat de leurs tirs, ceux qui compatissent avec leur victime et ressentent des remords. L'auteur montre aussi le quotidien des soldats : la misère sexuelle au cours de la mission mais aussi à leur retour, le stress des déplacements avec l'omniprésence des engins explosifs EEI sur les routes. Dans une courte nouvelle, la guerre est transcrite en termes bruts, ceux utilisés au quotidien, du jargon administratif et opérationnel riche en acronymes (un glossaire aurait d'ailleurs été bien utile au lecteur!). La mascarade de la reconstruction est aussi dénoncée, entre corruption de barons locaux et mise en place de directives inadaptées à la réalité, dans une société écrasée par la violence et les conflits communautaires.

Ces nouvelles présentent de multiples points de vue d'un seul camp : celui de l'armée américaine. Une oeuvre du même acabit avec le regard irakien serait appréciable. Ces textes d'une grande qualité permettent une prise de conscience de la complexité d'un conflit. Phil Klay maîtrise parfaitement l'art de la nouvelle. Un recueil remarquable qui permet d'approndir sa connaissance d'une guerre surmédiatisée dont nous n'avons retenu que les images des journalistes "embedded" et que nous avons déjà commencé à oublier.
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Reçu dans le cadre de masse critique, hasard, coïncidence la dernière fois j'avais reçu Compagnie K de William March de la même maison d'édition Gallmeister et traitant du même sujet, la guerre. D'ailleurs l'excellent livre de March est mentionné dans l'excellent livre de Klay (page 255).

Mon dieu, ce livre est bon !

Constitué de 12 nouvelles, écrites à la première personne, Phil Klay met la focale sur les hommes, les détails dont ne parlent jamais les médias, ici la guerre n'est pas aseptisée, quand on tue un homme son cadavre pourri, on a des remords, on veut voir sa dépouille, les chiens errants lapent du sang, quand on bombarde une maison, il y a des cadavres dedans, ici c'est l'anti guerre du Golfe, première du nom, avec ses frappes chirurgicales

L'aumônier en vient à perdre la foi, les anciens combattants font se pâmer les filles, ils tuent des gens et le soir ils jouent aux Pokémon.

Il y a une brigade qui est chargée de ramasser la viande froide et qui conseille à un jeune soldat de 19 ans, tout juste marié,(pour que sa femme touche sa pension. s'il meurt) ; de mettre son alliance autour de son cou, car enlever une bague sur le doigt d'un mort, n'est pas une tâche facile.

Il y a une brigade dont le job est de réparer les nids de poule sur la route, une autre qui balance des obus de 65 kilos à 10 km de distance et qui se demande si le mec qui a porté l'obus est responsable de la mort des tués.

Un milliardaire veut venir en aide aux irakiens en leur apprenant à jouer au Baseball.

Et ça continue, et à la fin on est déçu que ça se termine parce que le rythme est tellement soutenu qu'on ne voit pas la lecture passer.

Il y a une nouvelle hallucinante dans laquelle on découvre que des marines se baladent dans les rues en hurlant des insanités à la population pour qu'elle sorte révoltée et qu'ils puissent engager le combat, certains gradés sont réellement tarés, des engagés fuient la misère en s'engageant dans les Marines, c'est tout un pays, une société, un système qui se prend une grosse claque dans la gueule.

C'est réellement très complet, très sombre, très réaliste, très cru et ce jeune auteur est lettré.

Ce n'est pas manichéen, pas d'anti et de pro guerre, chaque homme engagé à des niveaux différents doit vivre avec les horreurs vues et ou ressenties. du combat sur le terrain, au retour au pays, les hommes tués, les remords, la culpabilité.

Là, il faut foncer, parce que cet auteur livre un premier roman assez exceptionnel et encore une fois Gallmesiter frappe fort, dans la découverte de nouveaux talents.

Pour vous en convaincre, une petite citation, on pourrait citer tout le livre :

"La vraie vie et les autocollants de pare-chocs, ça fait deux, alors, n'oubliez pas : si vous dites trop la vérité, personne ne vous croira."

Allez encore trois :

- Ce ne sera pas un problème, dit-il. L'Irak manque de beaucoup de choses, mais pas de veuves.

On a pris ma prime de combat et on a acheté des tas de choses. C'est comme ça que l'Amérique riposte aux terroristes.

- Vingt siècles de christianisme. On pourrait penser qu'on a retenu quelque chose. (Je tripotais la petite croix). Dans ce monde, Il ne nous promet qu'une seule chose ; que nous ne souffrions pas seuls.

Peut-être manque-t'il des notes en bas de page pour expliquer le jargon militaire utilisé.
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«  La guerre comme si vous y étiez , ou que vous en reveniez » (Liberation)
Engagé dans le corps des Marines et ayant servi pendant la guerre d'Irak en 2007 et 2008, Phil Klay a tiré de son expérience douze nouvelles, douze histoires écrites à la première personne et mettant en scène des personnages appartenant à des services différents de l'armée .

Ils sont dans l'infanterie, l'artillerie, la logistique, la propagande ou les affaires mortuaires; ils sont commandant, capitaine, employé administratif ou prêtre. Des rôles, des situations et donc des points de vue multiples sur le conflit irakien mais aussi sur la guerre en général , ceux qui la font et ceux qui la subissent, ceux qui en reviennent et ceux qui n'en reviendront pas, ceux qui tentent d'oublier et ceux qui ne s'en remettront jamais.
Il y a ceux qui tuent pour la première fois, ceux qui préfèrent ne pas savoir s'ils ont atteint leur cible, ceux qui veulent faire le meilleur « score » quitte à prendre des risques insensés, ceux qui s'interrogent sur la légitimité des ordres reçus…

Dans ces douze récits, on côtoie la peur, la violence, les interrogations. L'auteur ne juge pas, il dresse plutôt un tableau lucide et réaliste, c'est cru, sans langue de bois, poignant bien sûr , et d'une écriture directe et efficace.
Un peu d'humour aussi paradoxalement, avec le petit chapitre presqu'exclusivement à base d'acronymes militaires ( et sans lexique, s'il vous plait !) et surtout avec la nouvelle « Le dollar , une autre arme» abordant l'absurdité de la soit disant aide américaine à la reconstruction …

Un témoignage fort sur un conflit du XXI e siècle , qui a reçu le National Book Award. Encore un Gallmeister de qualité !
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