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Critique de Smoky_Crow


La ferme des mastodontes c'est le minimalisme de Glass, c'est le pop-art de Warhol ; tout y est itérations, répétitions, remplacements, mash-ups, accumulations, énumérations, variations ; aussi petits soient-ils. Et chacun d'entre eux peuvent être signés 300 000$.

A ne pas s'y tromper Mike Kleine est un de ces héritiers du Brat Pack, flirtant avec le TU de Jay McInerney et usant avec fièvre des name-droppings à la Bret Easton Ellis. On y retrouve tout le cynisme et l'absurde, tout le luxe démonstratif d'une Amérique hollywoodienne, tout le capital-libéral en culture de forme et de fond venant ponctionner à l'art toute sa saveur et au langage toute sa richesse.

En effet, le name-dropping, poussé loin dans ses retranchements, dévitalise profondément les références du premier roman de Mike Kleine. Elles deviennent mot-valise où « James Franco » entend aussi bien l'acteur, qu'un homonyme, un mec qui lui ressemble, un surnom… C'est juste un nom qui dit tout, mais surtout qui ne dit rien. Tout comme les listes surannées de films, de romans, d'acteurs, de groupe musicaux qui viennent ponctuer l'oeuvre de Mike Kleine davantage comme un signe extérieur de culture (et donc de richesse) mais sans autre utilité que celle de se faire mousser – et on s'étonne à scruter dans ces listes la référence commune pour trouver une accréditation, une légitimation… Pourtant ça ne vaut rien, où plutôt ça ne vaut que la valeur affichée. C'est un tableau de Picasso acheter 433 000$ soit 133 000$ de plus que celui de son voisin.

La ferme des mastodontes joue la critique masquée derrière son inconséquence. Là où La ferme des animaux d'Orwell venait dénoncer le totalitarisme derrière des déguisements de bêtes et d'habiles paraboles, Mike Kleine pousse sa critique sur les frontières de l'absurde avec le même sens du vide familier à Beckett ou à Ionesco. Les rhinocéros de Mike Kleine, sont tous les mêmes ; riches, fades, remplaçables, interchangeables. Des déguisements de super héros à l'heure où les costumes passent sur toutes les épaules d'Hollywood. Ces fortunés errent dans leurs Triplex, dans leurs Maserati… Et on est prit parmi eux ; TU es d'entre eux. Un enfer de dollars qui dissimule la fin du monde, la misère, la franche et violente injustice du réel.

Tout ça construit-il une réalité ou bien sont-ce les segments d'un film composé par quelques obscurs Auteurs et quelques Illustres anonymes ? Peut-être bien un peu des deux… Une anthologie frivole de la culture-produit.
Lien : https://disappearagain.wordp..
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