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Critique de BazaR


BazaR
09 février 2023
Lorsque j'ai appris que Laure et Laurent Kloetzer publiaient un roman en forme d'hommage au cycle des Épées de Fritz Leiber, mon flipper neuronal a tilté. Fifrildi et moi avons décidé de le lire ensemble. C'est toujours un plaisir.

L'idée de l'hommage a malheureusement provoqué un biais chez moi, à savoir que je ne pouvais m'empêcher de comparer ce que je lisais avec le cycle de Leiber, de repérer les ressemblances et les différences, ignorant l'aspect original de l'oeuvre. Fifrildi n'ayant pas lu Leiber, elle vous donnera une vision libérée de ce biais. C'est mieux.

Et alors, ça ressemble ou pas ?
Pour le décor, oui, ça colle ; au point qu'on pourrait coller une carte de Nehwon – le monde de Leiber – sur la géographie du roman de L.L. Kloetzer. On repère des lieux typiques de la ville de Lankhmar comme le palais ou l'allée des dieux. Les auteurs ne nomment pas les lieux de la même manière, comme si on était dans un univers légèrement parallèle (peut-être une question de droits d'auteur ?). J'ai eu l'impression de reconnaître un peu Byzance, de même que l'Octopole faisait penser aux duchés italiens de la Renaissance.
On retrouve aussi les mingols… et les rats !

L'ambiance de la ville ressemble assez aussi : des lieux sélect mais surtout des lieux crasseux, dangereux, des habitants presque tous roublards, comme si le but de l'existence était de délester son prochain de ses deniers, voire de sa vie. Toutefois, niveau roublardise, on est un ton en dessous de Leiber, car il se trouve quand même des personnages, bizarres peut-être, mais honorables (chez Leiber il faut se méfier de tout le monde, ses deux héros compris).
C'est surtout l'humour qui est en retrait. En lisant Leiber, je me mettais spontanément en mode « pas sérieux-désinvolte », comme devant Gaston Lagaffe ou Achille Talon. Les deux héros étaient haut en couleur, dangereux, mais drôles dans leurs paroles et leurs réflexions. Yors et Noon n'ont rien à voir. Yors a le profil vieux soldat mercenaire, peut-être un peu voleur, qui a bourlingué, mais il se comporte un peu trop comme un valet obéissant avec Noon. Il suit les règles administratives (corruption inclue) et il fait peu de vagues. Il est intelligent cela dit. Et sympathique.
Noon est beaucoup plus mystérieux. C'est un magicien, un vrai, qui n'abuse pas de son don (pourquoi utiliser la magie pour sortir d'un puits quand on a une corde ?). C'est un étranger à la ville et sa politesse contraste. Il n'est pas vénal (là on n'est pas dans Leiber), tellement que ça en devient inquiétant pour les finances quand il s'acharne à refuser des clients (une série de chapitres assez frustrants). Il aime bien les squelettes. Surtout, il a cet espèce de don de projeter son « être astral » dans un univers ténébreux qui pourrait être le royaume de la mort. Ces passages sont excellents.

Et l'intrigue ? Elle est très resserrée, engoncée dans ce tome de présentation, mais bien fichue. Une histoire de médaillon issu du fond des âges recherché par un sorcier immortel et son dieu-serpent. Elle manque de quand même de dynamisme et la fin est expédiée. L'intrigue n'est pas le sujet principal ici. On plante le décor. La véritable héroïne, c'est la ville.

Qui dit tome de présentation dit suite, qui devrait sortir bientôt. Ça sent le cycle long. Je lirai probablement, en espérant me débarrasser de ce biais Leiber.
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