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Critique de Tachan


Voici une saga qui a fait un certain buzz à sa sortie. J'ai mis du temps à aller vers de peur de ne pas être aussi emballée que les autres. Il faut dire qu'elle est on ne peut plus classique dans son emballage à l'heure du succès de la fantasy avec une touche de romantisme chez les jeunes adultes. Cependant, avec sa qualité constante et ses développements sérieux, elle a su me convaincre.

Jeune autrice s'étant fait connaître grâce à Whatpad, Barbara Kloss nous offre néanmoins une saga bien écrite, à la construction solide, qui reprend des motifs et schémas connus du Young Adult mais parvient tout de même à s'en extirper pour nous conter une histoire pleine de mystères, de magie et d'aventure qui a su m'accrocher de la première à la dernière page. Concernant l'édition, à l'heure des belles éditions reliées avec jaspages, elle semble un peu timide avec uniquement ses illustrations sur les couvertures intérieures mais à l'époque, pour son prix, c'était un très bel effort, surtout de la part d'un petit éditeur comme Rivka.

Gods of Men est le récit classique d'une jeune femme qui essaie de vivre dans l'anonymat pour faire oublier d'où elle vient et les pouvoirs que peut-être elle détient, mais qui va devoir sortir du placard à cause d'un prince étranger envoyé la chercher afin de soigner son père malade. de leur rencontre vont naître un enchaînement d'événements qui vont révéler la nature cachée de leur monde et les vicissitudes que cachent les puissants.

Je dois dire qu'hormis certains développements que j'aurais aimé plus poussés du côté de l'univers, sa magie, ses mystères et sa géopolitique, une fin bien trop rapide et en mode deus ex-machina, et sa romance que je trouve bien trop prévisible et téléphonée pour avoir la profondeur que j'aime, j'ai pris beaucoup de plaisir à suivre cette aventure. La plume bondissante de l'autrice n'y est pas pour rien. Elle parvient à semer des embûches à chaque tournant pour nos héros, tout en dévoilant ainsi, les mystères du monde qui les entourent, ce qui rend la lecture addictive. Elle parvient aussi à nous camper des personnages qui s'interrogent énormément sur eux-mêmes et sur leur propre conception de la morale, des tourments qui forcément happent le lecteur.

Côté personnages, nous avons ainsi d'un côté Sable : jeune fille exilée dans les Landes Sauvages à cause d'un drame qu'elle a commis malgré elle étant enfant. Aujourd'hui, elle utilise ses connaissances pour guérir les autres. Elle est courageuse, débrouillarde, piquante comme j'aime, mais sans pour autant en faire trop. L'autrice a bien dosé. J'ai adoré les mystères qui l'entouraient et la découverte de son identité et ses capacités. Face à elle, nous avons Jos alias Jeric, fils cadet du roi, surnommé aussi le Loup. Il a toujours été la main armée de son royaume et a tué d'innombrables gens sans se poser de question, sur ordre de son père le roi puis de son frère, mais en rencontrant Sable et en faisant certaines découvertes à ses côtés, son regard sur le monde va changer. Si je mets de côté la romance qui m'a fait lever les yeux au ciel, j'ai apprécié ce héros ancien vilain qui réfléchit sur ses actes passés et cherche une forme de rédemption.

Côté univers, celui-ci est classique en fantasy mais pour le moins fort appréciable. Nous sommes dans un monde où certains royaumes rejettent une partie de ceux qui y vivent ou transitent : les Liagés, qui ont des pouvoirs magiques très variés, mais aussi les habitants du pays voisin au sud qu'ils traitent de manière horrible jusque dans le nom (galeux/galeuses) qu'ils leur attribuent. C'est une ambiance assez sombre et oppressante pour ne pas dire violente. Des hommes et femmes sont considérés comme des sous-hommes/femmes et asservis, traités comme des animaux, tandis que d'autres se croient tout puissant et font ce qu'ils veulent. Classique mais efficace. Nos héros vont bien sûr commencer à renverser cela en réalisant combien c'est violent et injuste. Mais en attendant, nous allons nous confronter à des rois/princes très injustes qu'on aura envie de castrer, des victimes qui vont totalement vriller, beaucoup d'hommes et femmes qui vont mourir et cerise sur le gâteau d'étranges créatures : les Ombres, qui vont venir les tourmenter jusqu'à des endroits qu'on leur croyait inaccessible. Ça parle ainsi magie réprimée, pays oppresseurs, victimes nombreuses, mystères, nécromancie et tensions avec les pays voisins.

L'autrice nous offre une intrigue trépidante où le danger est partout, dans la Lande sauvage, sur les chemins, mais aussi jusque dans les couloirs du palais, le danger venant aussi bien de ces Ombres que des hommes eux-mêmes. C'est sombre, c'est violent, c'est terrifiant parfois et du coup c'est révoltant, ce qui prépare bien pour la suite de la saga. Heureusement, la magie va également peu à peu s'infiltrer et si elle est dangereuse, j'ai trouvé son expression très poétique également, sombrement et violemment poétique parfois, mais tout de même. Celle de l'héroïne notamment, reposant sur la musique m'a fascinée, comme c'est toujours le cas dans ce cas-là, l'autrice n'ayant rien inventé, mais on visualise parfaitement ces beaux et cruels moments.

Vaste tome d'introduction à une saga magico-politique qui s'annonce tout aussi si ce n'est plus corsée par la suite, Gods of men est une série qui se veut classique dans les motifs de la fantasy YA qu'elle utilise mais qui, conduite admirablement par sa jeune autrice, parvient néanmoins à séduire. On aime ses paysages âpres, ses personnalités rudes, sa magie opprimée et libérée, ses violences interrogations sur la morale humaine et ses remises en question. Un début plus que convaincant mais la suite le sera-t-elle autant l'un des principaux problèmes ayant été éliminé (et la fin ayant été un peu bâclée par facilité ?) ?
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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