Les contes de Verania, tome 2 : Les dragons de la destinée

— J’ai peut-être écrit une ode à son pénis en pentamètres iambiques qui se poursuit sur quarante-sept strophes, admis-je. Je me sens mieux maintenant que je l’ai dit à voix haute.

— Évidemment, tu as écrit ce genre de choses, soupira Morgan.

— Vous savez que pénis ne rime pas avec autant de mots qu’on pourrait le penser ? C’est une leçon que j’ai apprise bien trop tard.

— Étrangement, je ne passe pas mon temps à essayer de trouver des mots qui riment avec pénis.

— Waouh, m’exclamai-je. Vous avez mis beaucoup de dédain dans une phrase si courte. J’aimerais pouvoir le faire.

— Ça vient avec mon expérience récente, répliqua-t-il sèchement.

— J’y arriverai, j’en suis sûr.

— Je n’en ai aucun doute.

Morgan soupira.

— Randall ne t’a pas pris en grippe.

— C’est ce que vous, vous croyez. Vous ne voyez pas comment il m’observe, parfois.

— Et je vais mordre à l’hameçon, soupira-t-il. Comment te regarde-t-il ?

— Comme si j’étais un idiot.

— Sam. Tu es un idiot.

— Oh. Les choses deviennent beaucoup plus logiques maintenant.

— C’est drôle, hein ?

— C’est révélateur, pour ne pas dire plus. Je vais peut-être devoir rectifier certaines choses dans ma vie. Ou les garder ainsi pour voir jusqu’où je peux aller.

— J’étais occupé à faire des choses très importantes.

— Ouais. Alors, est-ce qu’on doit parler de ton Grimoire qui est ouvert à une page sur laquelle est écrit : « Son membre est épais et épique / Sans lui je suis apoplectique ? »

— Non, m’exclamai-je rapidement.

Je tendis la main et fermai le Grimoire.

— Il n’y a rien à voir ici. Des secrets de sorcier. Ultrasecrets. Antiques et tout ça. Même voir les mots pourrait faire fondre tes yeux sur ton visage, là.

— Vraiment ? C’est tout ce que tu as trouvé ?

— Ce n’était même pas à propos de toi. Tout ne tourne pas autour de toi, tu sais. Oh mes Dieux, comme tu peux être égoïste. Je suis un sorcier, Ryan. J’ai des secrets. On se déchire à cause de toi.

— Ouais.

Il enleva ses mains de mes hanches, les faisant glisser sur l’avant de mon pantalon.

Puisque le sang n’irriguait plus mon cerveau, je dis :

— Ngh.

— Tu es toujours aussi éloquent. Peut-être que je devrais te masturber juste là. Tu crois que ça t’aiderait à retrouver ta voix ?

Je le reluquai ardemment.

— Je vais tellement le déglinguer, promis-je à ceux qui étaient à portée de voix.

Beaucoup de gens m’entendirent, apparemment, si j’en croyais les quelques pas qu’ils firent pour s’écarter. Je levai les yeux au ciel.

— Je ne voulais pas dire maintenant.

— Moi avoir bouchons d’oreille, dit Tiggy. Et tartines.

— Tu as intérêt à le faire, répliqua Gary. S’il marche droit demain, alors tu auras échoué dans le monde de l’homosexualité et je me moquerai impitoyablement de toi. Tu as une grande mission à accomplir. C’est pour cela que tu as été créé. C’est ta destinée.

Je le fusillai du regard.

— Le... Kevin ? répétai-je.

Le dragon d’étoiles soupira, ses ailes s’affaissant.

— C’est mieux si tu ne poses pas trop de questions sur celui-ci.

— D’a...ccord ?

— Crois-moi quand je te dis que ce n’était pas mon idée de l’inclure. Le destin est une chose étrange avec un sens de l’humour que la plupart ne comprennent pas.

Maman, papa, Tiggy, Gary, le Roi, Justin, Randall, Morgan, Kevin et Ryan me regardaient fixement avec le même air étrange sur leur visage.

— Vous êtes tous une bande d’enfoirés flippants, marmonnai-je. Désolé, maman.

— Ta petite serviette est tombée, m’informa Gary. Pendant ton rêve-vision psychédélique de quête gitane.

Mes Dieux, je me sentais très mal. Comme si j’avais passé la nuit à boire de l’eau-de-vie de pomme et que je ne comprenais pas le sens du mot modération.

— Oh ?

— Ouais, poursuivit solennellement Gary. Ton engin s’agitait dans tous les sens.

— Ça me semble normal, soupirai-je.

Je frottai une main sur mon visage.

— Donc bien sûr, vous me regardiez tous.

— Je devais juste m’assurer que tes testicules allaient bien, grommela Kevin. Parce que ça m’inquiétait.

— Vous parlez beaucoup de sexe, dit Ruv.

Il inclina la tête.

— Je l’ai remarqué.

— On s’y habitue, le rassura Ryan.

— Pourquoi ne devrait-on pas le faire ? répliquai-je. Tout le monde le fait. Pourquoi ça doit toujours être quelque chose dont personne ne parle ?

— C’est simplement une observation, répondit Ruv. Nous ne sommes pas si... libres à Mashallaha. C’était plutôt choquant de venir à la Cité de Lockes. C’était bruyant. Très différent.