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Critique de bdelhausse


Karl Ove Knausgaard m'a mis K.O. debout. Il raconte en 836 pages 14 ans de sa vie, de l'âge de 19 ans, quand il intègre l'académie d'écriture, jusqu'à ses 33 ans. Mais son livre est à la littérature, ce que l'ascenseur est à la musique...

A 19 ans, Knausgaard boit et se conduit comme un immonde connard. Il vomit, baise, joue de la musique comme un manche, et est infidèle. Il estime qu'il n'est pas reconnu par le monde à sa juste valeur et que tout ce qui lui arrive ne prend pas en compte son immense talent.

A 25 ans, Knausgaard boit et se conduit comme un immonde connard. Il vomit, baise, joue de la musique comme un manche, et est infidèle. Il estime qu'il n'est pas reconnu par le monde à sa juste valeur et que tout ce qui lui arrive ne prend pas en compte son immense talent.

A 33 ans, Knausgaard boit et se conduit comme un immonde connard. Il vomit, baise, joue de la musique comme un manche, et est infidèle. Il estime qu'il n'est pas reconnu par le monde à sa juste valeur et que tout ce qui lui arrive ne prend pas en compte son immense talent.

Accessoirement, il avoue que les femmes qui partagent sa vie épisodiquement sont merveilleuses et dignes d'éloges. Normal, elles sont amoureuses de lui. Mais lui s'en cogne. Il se contemple le nombril et se masse la couenne de contentement. Il perd ses grands-parents maternels et son père qu'il craint et dont il a hérité l'alcoolisme.

En fait tous les événements sont accessoires dans la vie de Karl Ove Knausgaard. Tout est anecdotique. Tout est fatuité et vacuité. Inutile et pusillanime. Il est mesquin et immature, à 19, 25 ou 33 ans. Eternel ado qui sait qu'il a une belle gueule et trouve sa vie tellement chouette qu'il lui consacre 6 tomes gigantesques, se prenant pour un Joyce proustien, ou un Proust joycien... Il n'aime que lui.

Le début est assez déroutant, rythmé et plutôt accrocheur. On n'atteint pas des sommets, mais c'est sympa. Style simple, mais efficace. Vocabulaire assez basique, quotidien, avec des descriptions convenues et des figures de style très cliché. En fait, c'est exactement ce qui lui est reproché à l'académie d'écriture. Mais cela n'évolue pas au cours du livre, qui commence rapidement à tourner en rond. Les répétitions abondent.

J'ai longtemps cru que Knausgaard allait donner une dimension universelle à son roman. Peinture de la jeunesse désoeuvrée. Quête de sens. Jeunesse alcoolisée. Délitement des valeurs. Perte des repères et manque d'un père. Etc. Cela aurait pu le faire. J'aurais même pu me reconnaître dans certains tableaux. Mais rien de tout cela n'est mené à terme. Superficiel à l'extrême. Nombriliste jusqu'à plus soif, Knausgaard ne parle que de lui, de ses petites misères qu'il sanctifie, de ses petits problèmes banals et minables dont il fait grand cas.

Cela aurait pu être plus court, clairement. 50% au bas mot. Mais cela n'aurait pas sauvé le livre du naufrage à mes yeux. Car il est creux, vide, dépourvu d'enseignement et sans la moindre tension, reflet de l'ego démesuré d'une personne immature, manquant d'empathie et incapable de se remettre en cause et de se pencher réellement sur ses problèmes, ce que laisserait supposer le titre générique de la série: Min Kamp, Mon combat... titre qui rappelle un célèbre Mein Kampf. Quel combat? Contre quoi? On ne sait pas, car il ne se bat jamais, mais se laisse porter par ses dérives. On n'a jamais l'impression qu'il se batte.

Je m'arrêterai à un seul des 6 tomes (même s'il semble qu'il y en a de meilleurs dans le tas), non sans remercier Masse Critique de janvier 2019 et les éditions Denoël.
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