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Critique de Sando


Sando
06 février 2024
Comme chaque jour, un père prend la route avec sa fille, désormais âgée de trois mois, pour aller rendre visite à sa mère, internée en maison de repos pour cause de dépression sévère. Cette routine quotidienne est l'occasion pour le narrateur de prendre des chemins de traverse et d'arpenter la campagne suédoise pour favoriser la découverte chez son nourrisson. Mais c'est aussi l'occasion de s'offrir un moment d'introspection et de partage avec son enfant, de créer un lien avec elle, tout en l'intégrant et en la préparant au monde qui l'attend…

Ce nom vous dit peut-être quelque chose… Bien que ne l'ayant jamais lu, j'avais pour ma part déjà entendu parler de Karl Ove Knausgaard et de son ambitieux projet autobiographique intitulé “Mon combat”. Désormais achevé et formant la bagatelle de six tomes constitués de plusieurs milliers de pages, le célèbre auteur norvégien s'attaque maintenant à un nouveau cycle, dédié cette fois à sa fille à naître et intitulé “Quatuor des saisons”.

Il s'avère que “Au printemps” est le troisième volume du cycle, ce qui n'est absolument pas gênant pour découvrir l'oeuvre de l'auteur, chaque tome pouvant se lire indépendamment des autres et ce en dépit de la chronologie. Dans “Au printemps”, sa fille est née. gée de trois mois, Karl Ove Knausgaard revient sur la grossesse difficile de sa femme, mais aussi sur l'arrivée de sa petite dernière au sein de la fratrie déjà composée de trois enfants. Il évoque toutes ces petites choses qui nourrissent la parentalité et qui constituent la famille, s'adressant directement à sa fille. Ainsi, le “je” et le “tu” sont les deux sujets de cette lettre ouverte d'un père à sa fille. Pour autant, loin d'être exclusive, cette narration nous fait une place de premier choix au coeur de l'intimité de cette famille et le résultat, sans jamais être barbant, m'a paru très réussi!

J'avais rarement lu une écriture d'une telle précision, capable de décortiquer et de dépeindre une scène quotidienne tout à fait banale avec tant de justesse et de beauté au point d'en devenir poétique! Il y a chez Knausgaard une force et une intensité dignes des plus grands peintres. Un peintre littéraire certes, mais un peintre tout de même. Cette “écriture du vrai”, qui parle sans langue de bois, fait ressortir une impression d'absolue sincérité chez l'auteur qui ne peut que toucher et émouvoir. Knausgaard nous offre un regard à la fois poétique et acéré sur le monde, mais aussi plein d'humour et d'autodérision lorsqu'il s'agit de parler de lui et de se mettre en scène. On navigue au gré de ses pensées, tantôt philosophiques, tantôt plus triviales, et l'on se délecte de ces embardées qui invitent à la contemplation et à l'introspection. Un pur bijou de littérature!
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