Citations sur Somnambule (11)
Après une vie passée à contourner les règles et à violer la loi, tomber pour un crime que je n'avais pas commis, voilà qui ressemblait à une dose mortelle d'ironie.
La dernière fois que j'étais entré dans ce bâtiment, il était encore ouvert. C'était à Noël, quatre ou cinq ans auparavant. Je marchais dans la rue, un peu ivre, et j'étais entré pour voir une projection en matinée de La vie est belle. Après le film, j'avais bu un verre au bar et je m'étais tapé les trois étages de galerie d'art, en passant d'un tableau à l'autre. De l'art tellement contemporain que la peinture ne devait pas être encore sèche, mais c'était un chouette souvenir.
En ressortant de la rue, j'avais appelé SOS Suicide.
Au bout d'une vingtaine de minutes, j'avais eu l'impression d'avoir contaminé le type au bout du fil.
Ce changement d'affectation était inhabituel, improbable même, mais je ne voulais pas savoir ce qui l'avait réellement motivé. Quand les réponses ne cessent d'empirer, vous cessez de poser des questions.
Mon collègue était taillé comme une flasque : une grosse tête sans cou posée sur des épaules larges. Et l'haleine de whisky qui allait avec. Il y avait quelque chose d'avarié, de tourné même, dans son visage décoloré, constellé d'étranges bosses sous-cutanées. ( p 26 )
De prime abord, Sutty ressemblait davantage à un criminel professionnel qu'à un flic. À cette différence près que les criminels agissent de manière émotionnelle, mus par la colère ou des nécessités économiques. Sutty, lui, aimait le crime, et plus c'était sordide, mieux c'était. Sa carrière de policier n'était qu'un moyen pour lui de côtoyer le crime en permanence sans risquer sa liberté. Certains jours, s'il n'avait pas rencontré de problèmes depuis longtemps, il avait une façon bien à lui d'en provoquer.
Des politiciens professionnels récompensés pour leur échecs, toujours hors de portée de crachats, et tous ces hommes bons avec des trous noirs à la place des yeux.
Après une vie passée à contourner les règles et à violer la loi, tomber pour un crime que je n’avais pas commis, voilà qui ressemblait à une dose mortelle d’ironie.
Ses yeux brillants semblaient éclairés par derrière, comme s'ils renfermaient un objet incendiaire. Une flamme froide qui menaçait de continuer à brûler longtemps après que son corps serait mort.
Je n'avais plus rien à espérer ici . A part un objet contondant sur l'arrière du crâne et une tombe anonyme. Accepter cette affaire avait été une façon de sauter de ce toit et d'échapper au regard rouge du superintendant , mais je voulais aller plus loin, aussi loin que cela était humainement possible, sans laisser d'adresse. Je n'avais qu'une seule personne à saluer , et ce n'était pas le psychopathe qui se cachait derrière le Light Fantastic.
J'avais vaguement noté le changement de ton des graffitis au cours des derniers mois, mais je m'apercevais maintenant qu'ils employaient un langage militant et faisaient référence au MAN, le Manchester Activist Network, un groupe de squatteurs anarchistes qui avait fait les gros titres de la presse après avoir réquisitionné plusieurs immeubles inoccupés dans le quartier. Cette ville possédait le taux le plus élevé de bureaux vides de tout le pays : presque un tiers. Du fait de l'accroissement du nombre de sans-abri, cela avait débouché sur l'apparition de ces "super squats", dans le centre et autour. Régulièrement, tous les deux ou trois mois, des huissiers débarquaient en masse, de nuit, accompagnés de forces de police antiémeutes ; ils renvoyaient les gens dans la rue et confisquaient tout ce qu'ils possédaient. Ces opérations coûtaient plus cher à la ville que de louer certains de ces bâtiments pour en faire des refuges officiels, mais cela l'aurait obligée à reconnaître l'existence du problème.