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Critique de bobfutur


On considère souvent les Japonais comme un peuple dévoué, travailleur, structuré, respectueux; cette forme de vérité ferait presque oublier son histoire contestataire du XXème siècle, faite de grèves ouvrières et de révoltes étudiantes, avec l'année 1969 comme point culminant d'une quasi-décennie de luttes.
Je vous conseille vivement un plongeon dans ces évènements complexes, où des factions rivales reconnaissables à leurs casques de couleurs, chacune représentant une engeance politique, s'affrontaient à la police à l'aide de longues gaules. Je suis à la recherche de ce documentaire fascinant vu il y a quelques temps sur le sujet (j'ajouterai le lien sitôt trouvé).
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Ce livre est bien un classique, merci Allia, ajoutant au passage un diamant à son catalogue.
La dernière phrase, de la fort intéressante postface d'Evelyne Lesigne-Audoly, est questionnante :
Au sujet de l'oeuvre de Kobayashi Takiji, elle écrit qu' « elle a conservé intacte sa puissance en dépit du passage du temps et du statut de classique auquel l'avaient condamnée les manuels scolaires, demeurant ainsi, aujourd'hui encore, un symbole. » Etre un classique, comme l'oeuvre de Zola par exemple, en retirerait du même coup l'aspect contestataire ? Un changement de paradigme doit-il être nécessairement issu de la marge ? C'est peut-être au final un piège de qualifier cette littérature de prolétarienne, voir de marxiste, comme pourrait l'être aujourd'hui la notion écologiste, comme si cela relevait de l'opinion…
L'opinion vient quand il y a débat, complexité. Pour ce qui est de l'exploitation insoutenable de l'Homme par l'Homme, de la Nature par l'Homme, de la planète toute entière, le débat est inacceptable. Les lois de la physique sont là. La morale peut même rester chez elle; s'en servir relève déjà d'une forme d'opinion, laissant la place aux réponses inactivantes.
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L'indispensabilité de ce genre de livre est scellée par sa terrible beauté formelle, par la limpidité de son histoire, en plus de son importance historique dans la construction d'un humanisme international.
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L'auteur y aurait sans doute ajouté une dimension « lorenzaccienne » s'il avait pu reprendre ce texte avec les années, si son destin n'avait rapidement tourné funeste. Dans le drame d' Alfred de Musset, la question du meurtre du tyran devient vacuité; inutile, car aussitôt remplacé par un autre, comme aurait pu l'être celui de l'ignoble intendant, que de prime abord le lecteur espère voir le corps passé par dessus bord. La fin n'en fait qu'un pion, dévoilant l'un des drames du système : cette pyramide hiérarchique déchargeant de ses responsabilités jusqu'à sa pointe acérée.
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On évoquera pour finir un autre chef-d'oeuvre « prolétaire » maritime, lui sans aucun vernis romantique, le « Sans patrie ni frontières » de Jan Valtin, long et indispensable récit d'un marin agent-provocateur du Komintern, des désillusions de la révolution mondiale d'entre-deux-guerres, de l'humanisme farouche des gens de mer.
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