Régulièrement, j'entends ma mère se plaindre de ma santé auprès de la voisine, de ses collègues de travail ou du peu de famille qui nous fait parfois l'honneur d'une visite (triste, courte et empruntée). Elle a beau prétendre que c'est pour elle la source d'une grande inquiétude, moi je sais que c'est avant tout une source d'embarras. Elle peste et racle son mégot entre ses dents à chaque fois qu'il faut me trainer chez le généraliste. J'ai le droit à une consultation par mois, lorsque ce n'est pas deux. Ou trois. Stéthoscope froid. Honteuse nudité chétive sur la balance. Langue tirée et prise de sang.
Je n'ai jamais rien.
J'ai toujours quelques chose.
On ne sait pas.
Le visage a l’air d’avoir été ravagé à l’acide. La forme du corps est tordue. De la peau pend partout, même au bout des doigts que la chose agite, et je me rend compte alors qu’elle est nue.