Personne ne parle de ce que tout le monde pense. On ne vient pas dire : je me demande si ma maison est toujours debout ou si ma mère et mon père sont encore en vie. C'est tabou ! Personne cependant ne pense à autre chose.
Les gens croient n’importe quoi. (…) N’importe quel imbécile peut venir leur promettre l’azur et ils partent en marchant joyeusement vers leur propre massacre.
"Elles ne sont même pas de la montagne !" dit un vieil homme " J'ai grandi dans le coin et je ne descendrais pas aujourd'hui pour tout l'or du monde."
"Moi non plus ! dit un autre. Si elles ne tombent pas dans le vide , elles se perdront et mourront gelées. Je ne sait pas ce qui vaut le mieux ... non, monsieur." Son regard nous enveloppe l'une après l'autre ; il hoche la tête. " La piste ? La piste n'est plus que deux sillons de glace tracés par les traîneaux à bois. Essayez d'y rester. N'oubliez pas : essayez de les suivre sinon..." Il ne termine pas , se retourne et s'en va.
Comment puis-je comprendre si personne ne m’explique rien ?
« Ce que nous ne savons pas, nous pouvons l’apprendre. »
De l'autre côté de la fenêtre, il y a Prague. Oui, nous avons une belle vue, spectaculaire, qui nous fait nous sentir encore plus prisonnières.
Depuis combien de temps sommes-nous là ? Une éternité. Combien de temps allons-nous rester ? Personne ne sait. Un jour pousse l'autre.
Je sais maintenant en quoi a consisté le bouleversement politique de l'Allemagne, à cette époque ; je sais que mes parents étaient parmi les centaines de milliers d'ouvrier manifestant contre Hitler.
Les seules larmes que je me rappelle avoir versées furent pour le vilain petit canard. Qu’il devienne finalement un magnifique cygne ne me consolait en rien de toutes les souffrances qu’il avait dû endurer.
Dniepr, Ukraine, Crimée. Les noms russes font la une des actualités au fur et à mesure que les Allemands pénètrent cet immense pays, visant les portes de Moscou. Il fait froid en Russie ; l'hiver russe est un ennemi aussi implacable que l'armée russe.