La tête à Toto

Au bout d'une semaine d'hôpital, nous avons eu une « perm' » pour pouvoir passer le week-end en famille. Noé dormait-vivait dans son lit parapluie qui, pour l'occasion, était planté au milieu du salon de mes parents, quand tout à coup il a levé un bras et a tenté une sorte de bref mouvement vers la droite. Ce n'était pas seulement son corps qui s'éveillait enfin, c'était notre monde tout entier qui se remettait debout. Nous étions ivres de bonheur et d'espoir.

Tiens donc, c'est bizarre mais quand c'est l'adulte qui se remet en cause ça fonctionne mieux.

Aujourd'hui je veux zé j'exige que mon fils aille en classe avec des enfants qui apprennent et qui raisonnent.
Dit comme ça, c'est un peu comme si je demandais de l'eau qui désaltère, mais en vrai, en France, ce n'est pas si simple.

Mais j'adorais le sentir bouger. J'adorais ce lien exclusif et animal. L'idée que nous étions un univers unique, éphèmère, qui n'existait qu'à travers mon corps.
Lui-moi c'était ma plus grande joie.

Mon karma est un des plus moisis que j’aie croisé récemment. Une rareté .

J'attends dans le hall de la deuxième école pendant 1 h 45 avec mon fils.....
C'est ma faute. Si j'avais été en retard d'1 h 30, on aurait attendu que 15 minutes. Il suffisait de ne pas arriver à l'heure. C'est tout bête finalement.

Aujourd'hui quand je regarde les photos je me dis que j'avais PacMan dans une poussette, mais à l'époque j'étais convaincue que les gens se retournaient sur nous parce que Noé était spécialement mignon. Rien ne remplace les yeux d'une mère apparemment.

La France du handicap est comme ça. Méfiante, conservatrice, vieillissante. Attentiste.

est ce que tous les enfants mangent du Nutello au petit déj?
Non parce que dans la pub c'est expliqué très clairement : S'élancer dans la vie, devenir autonome, ça demande beaucoup d'énergie.
Et c'est sûr, les handicapés sont de gros glandeurs.

Mais je n'ai que 37 ans.
Tout peut arriver. Tout.