AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de kikenbook


Il était une fois un homme de la Terre, le plus fictif qu'on eût su voir ; son éditeur en était Les Forges de Vulcain, son autrice, Alexandra Koszelyk. Si cette dernière, en d'autres époques, avait dû lui faire un petit chaperon, il eût certainement été vert, mais ici point de chaperon, seulement un prénom, portant en lui seul la destinée de son héros : Florent.
Comment en dire suffisamment sans trop déflorer la subtile mise en place de l'intrigue de ce conte moderne où la réalité d'un homme se retrouve parasitée par les vers d'un poète qui, comme les vers d'une terre de pâture, creusent, invisibles, les nouvelles voies d'un monde… de nouvelles voix plus végétales qu'animales. C'est dans le cimetière du Père-Lachaise que Florent, qui accompagne un ami venu faire des travaux sur les arbres du coin, fait d'abord l'ascension d'une yeuse dont le feuillage crée la prémonitoire bande originale de ce premier chapitre. Quelques minutes plus tard, Florent croise la tombe de Guillaume Apollinaire, puis rentre chez lui tenant en ses mains un petit tronçon de bois, déchet des travaux effectués par Philippe. La graine est semée, rapidement la passion germe, Florent n'a plus d'yeux et d'idées que pour Guillaume dont il fouille la vie et traque les écrits. Et nous, comme Florent, nous laissons emporter par le tourbillon, dévorant avec délectation, d'un côté les chapitres d'aujourd'hui, et de l'autre les portraits de proches d'Apollinaire, comme autant de cernes de la vie du poète. Parmi ces proches, quelques-unes des femmes qui jalonneront sa vie, inspireront ces écrits.
Dans tout conte qui se respecte arrive le merveilleux, cette magie du monde qui ne surprend pas le réel mais le bouscule un peu, celle qui fait parler les loups et fait pleurer les saules. Bientôt, on ne sait plus, et finalement on ne veut pas savoir, si Florent devient fou, si le poète par ses vers vampirise le héros, si la Nature persévère à trouver un héraut. Alexandra Koszelyk rend l'ensemble tellement évident qu'il n'y a plus débat : Gepetto des mots au ciseau poétique, elle sculpte ses tournures avec maestria et fait de son roman un petit bijou d'écriture où la beauté du verbe enchante chaque minute de lecture. Qu'ils peuvent être fiers ces arbres qui donnèrent leur vie pour être le papier qui porte ce récit.
Les neuf muses de Guillaume sont connues, « toutes les femmes de sa vie, / en Muses réunies, / ses amours, ses égéries, / parfois ses meilleures ennemies » auraient pu déclamer les 5 poétesses des années 2000 (pardon !) mais cette dixième muse qui donne son titre au roman, qui est-elle ? On n'en dévoilera pas trop, si ce n'est que c'est par elle, finalement, que tout commence…
Il était une voix…
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}