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Critique de traversay


Les lecteurs français ont découvert l'ukrainien Andreï Kourkov (qui écrit en russe) en mars 2000 avec la parution du Pingouin, un roman loufoque et absurde. Tiens, s'est-on dit, voici un Paasilinna d'Europe de l'Est ! Depuis, sans oublier son sens de la fantaisie, l'écrivain a donné une tonalité plus "sérieuse" à ses livres de Laitier de nuit au Concert posthume de Jimi Hendrix. Vilnius, Paris, Londres est peut-être le plus ambitieux de ses romans, un pavé impressionnant de près de 650 pages qui, cette fois, quitte l'Ukraine pour la Lituanie. 4 récits alternent, avec 3 jeunes couples dont 2 ont choisi de partir hors du pays au moment de l'ouverture des frontières en décembre 2007. Et Kourkov suit également un très vieil homme, lesté d'une jambe de bois, qui parcourt l'Europe des fins fonds de la Lituanie à Dunkerque, à pied et en stop. Il faut un temps d'adaptation qui dure une centaine de pages mais ensuite on s'attache énormément à ces lituaniens en exil (à Paris puis dans le Nord de la France ; à Londres puis dans le Kent) ou restés en Lituanie, dans un village à peine répertorié sur les cartes. A travers ces différents destins, Kourkov ausculte l'idée d'un "rêve européen" en montrant également la part de chimères et de désillusions qu'il recouvre. Au demeurant, le livre s'attachant au quotidien de ses personnages semble s'ancrer dans une narration empreinte de réaliste. Ce qui est loin finalement d'être le cas tant l'onirisme contamine de plus en plus le roman en lien avec une évocation du passé guerrier de l'Europe (c'est là où le personnage du voyageur prend toute sa signification). L'exil, même sans frontières, revêt pour Kourkov des formes plutôt surprenantes avec les métiers exercés par ses héros : clown à l'hôpital ou encore fabricant de cages à lapin. Quant à ceux qui sont restés en Lituanie, ils se lancent dans la teinture pour animaux. Mais finalement, ce sont bien la mélancolie et le désenchantement qui dominent dans ce roman qui prend tout son temps, et c'est loin d'être un reproche, pour nous familiariser avec des personnages complexes mais décidés à profiter de toutes les opportunités offertes par l'espace européen. On a été très heureux, en tous cas, d'avoir fait ce bout de chemin avec eux.
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