AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,8

sur 49 notes
5
4 avis
4
4 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Les lecteurs français ont découvert l'ukrainien Andreï Kourkov (qui écrit en russe) en mars 2000 avec la parution du Pingouin, un roman loufoque et absurde. Tiens, s'est-on dit, voici un Paasilinna d'Europe de l'Est ! Depuis, sans oublier son sens de la fantaisie, l'écrivain a donné une tonalité plus "sérieuse" à ses livres de Laitier de nuit au Concert posthume de Jimi Hendrix. Vilnius, Paris, Londres est peut-être le plus ambitieux de ses romans, un pavé impressionnant de près de 650 pages qui, cette fois, quitte l'Ukraine pour la Lituanie. 4 récits alternent, avec 3 jeunes couples dont 2 ont choisi de partir hors du pays au moment de l'ouverture des frontières en décembre 2007. Et Kourkov suit également un très vieil homme, lesté d'une jambe de bois, qui parcourt l'Europe des fins fonds de la Lituanie à Dunkerque, à pied et en stop. Il faut un temps d'adaptation qui dure une centaine de pages mais ensuite on s'attache énormément à ces lituaniens en exil (à Paris puis dans le Nord de la France ; à Londres puis dans le Kent) ou restés en Lituanie, dans un village à peine répertorié sur les cartes. A travers ces différents destins, Kourkov ausculte l'idée d'un "rêve européen" en montrant également la part de chimères et de désillusions qu'il recouvre. Au demeurant, le livre s'attachant au quotidien de ses personnages semble s'ancrer dans une narration empreinte de réaliste. Ce qui est loin finalement d'être le cas tant l'onirisme contamine de plus en plus le roman en lien avec une évocation du passé guerrier de l'Europe (c'est là où le personnage du voyageur prend toute sa signification). L'exil, même sans frontières, revêt pour Kourkov des formes plutôt surprenantes avec les métiers exercés par ses héros : clown à l'hôpital ou encore fabricant de cages à lapin. Quant à ceux qui sont restés en Lituanie, ils se lancent dans la teinture pour animaux. Mais finalement, ce sont bien la mélancolie et le désenchantement qui dominent dans ce roman qui prend tout son temps, et c'est loin d'être un reproche, pour nous familiariser avec des personnages complexes mais décidés à profiter de toutes les opportunités offertes par l'espace européen. On a été très heureux, en tous cas, d'avoir fait ce bout de chemin avec eux.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
Commenter  J’apprécie          214
Un joli roman fait d'histoires humaines et touchantes. Kourkov est définitivement l'écrivain de la tendresse.
Commenter  J’apprécie          111
Kourkov Andreï (1961-) – "Vilnius, Paris, Londres " – Ed. Liana Levi, 2018 (ISBN 979-10-349-0055-8) – format 21x14cm, 637 p.
– traduit du russe par Paul Lequesne
–cop. 2016 pour l'édition originale (NB : l'auteur est présenté comme "un écrivain ukrainien d'expression russe")

Un très très bon roman !
Certes, il compte 637 pages (sans la moindre ligne inutile), qui abritent de fait quatre romans menés de front. En effet, suite à l'entrée de la Lituanie dans l'espace Schengen le 21 décembre 2007 à minuit, trois jeunes couples lituaniens décident de tenter leur chance dans l'un de ces pays qu'ils croient être des Eldorados.
Ingrida et Klaudijus prennent le chemin du Royaume-Uni en commençant par Londres, Barbora et Andrius choisissent la France en commençant par Paris, Renata et Vitas rêvent de l'Italie, mais vont finalement rester dans leur pays.
En contrepoint, tissé dans ces trois séquences initiatiques, le vieillard Kukutis traverse l'Europe de part en part, en auto-stop, lui qui dispose de la mémoire historique de notre continent dévasté par deux guerres effroyables...

Les cheminements parallèles (parfois croisés) de ces sept personnages, le regard qu'elles et ils portent sur ces pays dont ils rêvaient, leurs désillusions, constituent à eux seuls un ressort narratif puissant, déjà suffisant pour inciter à "tourner les pages" sans lâcher cet ouvrage palpitant.
S'y ajoute l'aisance de l'écriture (bravo au traducteur !), la maîtrise des fils des différentes intrigues, l'épaisseur des personnages et tant d'autres qualités littéraires, que nous avons enfin là un vrai grand roman, une fresque au sens le plus classique du terme. Aussi incroyable que cela paraisse, le texte ne contient aucune de ces scènes violentes, sanglantes ou pornographiques qui sont aujourd'hui infligées au lecteur dans tout roman "contemporain" couronné de prix divers et variés, ce qui donne une grande force à ce récit qui renouvelle avec grand talent le "Bildungsroman".

de cet auteur, j'avais lu "Le pingouin" (voir recension), qui ne m'avait pas franchement enthousiasmé. Ce "Vilnius, Paris, Londres" m'amène en revanche à me procurer dès que possible un autre roman de cet auteur...
Un roman à lire, à recommander, à offrir...
Commenter  J’apprécie          90
Le 21 décembre 2007, à minuit, la Lituanie intègre l'espace Shengen. le vieux Kukutis passe le poste frontière, direction l'ouest, à pied et en stop. Il a toutes ses possessions dans les tiroirs de sa jambe de bois. Qui est réellement Kukutis, appelé là où souffrent des lituaniens? J'en ai fait une sorte de 'lituanien errant'.

Mais d'autres personnages évoquent moins une légende; trois couples de jeunes lituaniens décident de tenter leur chance ailleurs. Vitas et Renata en Italie, mais finalement ils resteront dans la ferme du grand père de Renata. Barbora et Andrius se retrouvent d'abord à Paris, Andrius est clown dans un hôpital pour enfants, Renata promène les chiens ou les bébés. Et Ingrida et Klaudijus démarrent une nouvelle vie à Londres, avec de petits boulots précaires.

Quatre fils à suivre, donc, et c'est fort plaisant et donne beaucoup de dynamique à l'ensemble. On se cale confortablement dans ce gros roman, qui se lit quasiment tout seul! J'ai quitté à regret les personnages.

"Et en tombant la neige émettait des bruits singuliers, comme si les flocons se frottaient les uns aux autres en cours de vol ou bien bavardaient;"
Lien : https://enlisantenvoyageant...
Commenter  J’apprécie          50
Tout dans l'écriture est emprunt de ce non dit poétique, de cette joliesse dans les instants de tous les jours, des gestes et des regards qui en disent plus long que les mots. L'écriture est fondue dans l'ambiance, dans l'empreinte des choses et des phrases, plutôt que dans la description. Les phrases alternent entre un discours franc et justement ces moments vagues.
Les personnages sont finement décrits et hypers réalistes, sans avoir à faire des grosses et longues descriptions, ils sont campés. Et cela, comme je le disais, seulement par leurs actions, leurs gestes, leurs regards, leur façon de s'exprimer, par leurs choix. Pas besoin donc de longues phrases vides de portraitiste, ici, nous lisons juste des personnages qui se débattent, se manifestent, dont on se sent proche, dont l'objectivité est très réussie. On les regarde faire.
On suit trois couple, plus un mystérieux personnages, qui ont choisi de vivre dans la grande Europe. Certains sont partis à Londres, à Paris, d'autres sont restés dans leur campagne lituanienne. D'autres encore voyage à travers cette Europe qui a vécu tant de guerre.
Lien : https://barauxlettres.wordpr..
Commenter  J’apprécie          40
j'ai acheté ce livre lors d'un bref séjour à Vilnius, à la librairie française de la ville (oui, il y a une librairie française à Vilnius, c'est l'info de cette critique ;-) ).
J'avoue que j'ai eu un peu de mal à entrer dans ce livre mais, petit à petit, je me suis attachée à plusieurs des protagonistes. Notamment à Andrius, qui pense pouvoir gagner sa vie en France en faisant le clown, dans les rues ou dans les hôpitaux. Il fait montre de générosité et d'empathie et fait de belles rencontres, et lui et sa compagne parviennent à faire un bout de chemin en France, avec l'espoir d'une vie meilleure. Deux autres couples ont des destins différents, l'un part en Grande-Bretagne et s'y perd quelque peu. Celui qui reste en Lituanie passe par des péripéties déroutantes et j'avoue qu'au début j'ai eu du mal à supporter le. personnage de Vitas et ses idées absurdes comme de teindre en couleurs les animaux familiers. Et puis le personnage évolue et mon opinion a évolué avec lui. J'ai beaucoup aimé le personnage de Renata, soucieuse des autres, de son grand-père, du chien de celui-ci…
Ce serait trop long (et en dirait trop sur l'intrigue) d'en dire beaucoup plus mais ce roman mérite d'être lu pour la vie dans la campagne (souvent enneigée) de Lituanie, pour le personnage énigmatique de Kukutis le voyageur missionnaire, et pour tous les espoirs souvent déçus qui constituent un tableau contemporain d'une partie de l'Europe.
Bref, j'ai bien aimé ce livre, à partir du moment où j'ai adopté les personnages et leur (fréquente) mélancolie.
Commenter  J’apprécie          30
Avec l'adhésion de leur pays à l'espace Schengen trois jeunes couples lituaniens décident de migrer vers l'Europe de l'ouest. Est-ce qu'ils trouveront ce qu'ils cherchent ?
Kourkov dresse un tableau des difficultés des jeunes migrants : travail, logement, couples, intégration...Pour couronner le tout, un lituanien sans âge voyage à travers l'Europe pour aider les lituaniens dans le besoin tout en apportant une touche de mystère à l'histoire. Au final, un livre prenant, au ton grave mais avec toujours la tendresse qui caractérise l'oeuvre d'Andreï Kourkov...À lire !
Commenter  J’apprécie          30
La Lituanie vient d'adhérer à l'Union Européenne. Trois jeunes couples, réunis à l'occasion des fêtes de fin d'année dans une ferme d'un coin perdu de ce petit pays balte, décident avec enthousiasme de tenter leur chance dans ce vaste continent qui s'ouvre à eux. Un couple ira à Londres, l'autre à Paris, le troisième à Rome. À partir de là, trois histoires différentes commencent en parallèle. Je devrais plutôt dire quatre, car il y a aussi cet étrange personnage à la jambe de bois et plein de ressources qui voyage également. Je n'en dirai pas plus, mais ce dernier personnage est vraiment savoureux et plein de mystères.
Andreï Kourkov nous raconte ces migrations avec beaucoup de talent. Ses personnages, que l'on suit dans leurs rêves, leurs rencontres, leurs doutes sont attachants mais se fracassent parfois aussi à la dure réalité. Les retournements de situation ne manquent pas. Et si la vraie réussite était de rester en Lituanie ?
J'ai vraiment beaucoup aimé ce livre !
Commenter  J’apprécie          30
A la veille de l'entrée de la Lituanie dans l'espace Schengen, trois jeunes couples décident de tenter l'aventure et de s'expatrier vers l'Europe de l'Ouest pour s'offrir une vie qu'ils rêvent meilleure maintenant qu'ils ont la liberté de circulation. Vitas et Renata renonceront finalement à ce projet car celle-ci ne peut se résoudre à laisser seul son grand-père adoré. Ingrida et Klaudijus se décident pour Londres alors que Barbora et Andrius tentent leur chance à Paris. Dans le même temps, Kukutis, un très vieil homme unijambiste qui a connu toutes les guerres, s'en va à pied sur les routes porter secours à un lituanien inconnu de lui mais dont il sent l'appel au secours dans son coeur. Les chemins des uns et des autres seront semés d'embuches, et leurs rêves vont se heurter à la dure réalité d'une Europe loin d'être enchantée.
Le lecteur suit les aventures des uns et des autres avec beaucoup de plaisir tant le ton adopté par l'auteur est délicat, chargé d'empathie et de tendresse pour ses personnages dont la psychologie est merveilleusement travaillée et suggérée. Parfois drôle, souvent mélancolique voire dramatique, ce roman m'a beaucoup touchée. le personnage de Kukutis, truculent et inventif, apporte un côté magique au récit presque comme dans un conte. Je n'ai d'ailleurs pas réussi à décider si il était réel ou non…
Encore une fois merci au journal le Monde qui m'a fait découvrir Andreï Kourkov. le talent qu'il manifeste dans ce livre me donne envie de lire son roman « Le Pingouin » qui avait beaucoup fait parler de lui.
Commenter  J’apprécie          20
Une lecture initiée par l'envie de découvrir l'auteur depuis longtemps et à cause du titre lié à un voyage en vue qui se révélera une jolie surprise. On suit le parcours de 3 couples lituaniens et d'une sorte de personnage fantasque digne de contes de fées à partir de l'entrée de la Lituanie dans l'Europe. 3 destins éclatés, nous ne retrouverons pas certains le soir des retrouvailles dans la même ferme que le soir de ce repas chez Renata. le récit de leur périple et de l'évolution de leurs sentiments au gré des déconvenues est agréable à lire. Il n'est pas convenu dans le sens où les rebondissements de leur aventure ne sont pas forcément des clichés. Certains pourront voir la fin avec un retour dans la ferme d'Anyksciai, comme un cycle, comme une sorte de morale invitant à rester chez soi et e pas tenter l'aventure comme certains des couples malheureux de l'histoire. Mais la lecture n'a pas forcément à être aussi simpliste. le portait de la mère de Renata revenu au bercail est en demi-teinte et ne plaide pas en faveur d'un bonheur familial ou d'une sérénité retrouvée. Il y a toujours un sentiment d'un quotidien bancal et incertain.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (150) Voir plus



Quiz Voir plus

Avez-vous bien lu les Abeilles grises d'Andreï Kourkov?

Avant d'être retraité, Sergueïtch était...

syndicaliste
ingénieur
inspecteur des mines
instituteur

9 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Les abeilles grises de Andreï KourkovCréer un quiz sur ce livre

{* *}