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Critique de 974JerLab34


Voyager en Malaisie, pays quasi équatorial, interroge sans doute son rapport à l'humidité. Écrire son ressenti sur cet ouvrage interroge nécessairement son rapport à l'humilité.
En effet, il faut être prudent pour oser une analyse. le cadre géographique ainsi que les références culturelles sont éloignés. Mais, surtout, l'écriture espiègle de l'auteure et le malin plaisir qu'elle prend à osciller entre scènes cocasses et situations graves trouble le lecteur, surtout si il entre dans ce livre comme le touriste entre parfois dans un pays lointain. Ce lecteur, que je crains de reconnaître dans le miroir et qui, forcément, préfèrera se qualifier de bourlingueur, de baroudeur, voire d'explorateur. Consommateur de phrases, comme d'autres collectionnent des paysages, il s'est surpris à penser « Tiens ! Un livre malais… Voyons-voir ! » et pourra plus tard se fendre d'un triomphal « J'ai fait une découverte singulière » comme d'autres diraient « J'ai fait la Casamance ».
Pour éviter le piège insidieux de l'ethnocentrisme, nous sommes donc contraints à des efforts : faire fi de nos a priori, de ces représentations héritées de notre civilisation jadis dominante, nous affranchir de nos « honni soit qui malais pense ». de nombreux passages jouent d'ailleurs de ce rapport à l'altérité qui est marqué par le poids de tribulations historiques encore prégnantes.
« La somme de nos folies » est également une réflexion sur les mutations d'un pays réputé pour être un « tigre économique ». Nous sommes dès lors sur ces thèmes qui préoccupent aussi d'autres régions du monde : la disparition du « Temps longtemps », l'adaptation forcée à la modernité, la confrontation accélérée à la mondialisation. Même en Malaisie, le Grand Pan n'est pas au mieux de sa forme, la magie recule, la technologie progresse. Pourtant, nulle pleurnicherie chez Shih-Li Kow, « Shi-li Kow n'est pas grande mais elle est vaillante ». Elle nous amuse sans doute avec ses poissons géants, ses spectres enfantins pour nous conduire à réfléchir à d'autres problématiques sociétales, l'homophobie, la corruption, la coexistence religieuse, ou intimes comme les secrets de famille. A la manière d'une Cesaria Evora, Shi-Li Kow nous parle de ce petit pays qu'elle aime beaucoup et nous permet de mettre en perspective des problématiques qui ne connaissent pas de frontières. Elle le fait avec intelligence, choisissant deux narrateurs aux âges et aux parcours différents, ce qui permet, avec subtilité, d'ouvrir encore davantage l'éventail des points de vue. Mais l'écrivaine, probablement hédoniste, convoque aussi la gourmandise, les passages culinaires mettant l'eau à la bouche.
Il existe ainsi de belles correspondances avec l'univers d'Ólafsdóttir : L'Islande est loin de la Malaisie et pourtant, c'est comme si « les parfums, les couleurs et les sons se répondent ».
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