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Critique de Eve-Yeshe


Jonas Rosen, étudiant à Berlin, est chargé par Lila von Dornbuscg son professeur de réaliser un film sur le sexe. Pour ce faire, il se rend à New-York où il doit préparer le terrain, nouer des contacts, trouver des logements pour que son équipe puisse débarquer chez Oncle Sam dans les meilleures conditions. On va le suivre pendant quelques semaines à l'automne 1996.

Il arrive donc seul laissant sa compagne Mah en Allemagne, il est hébergé par Jeremiah, dans un appartement minuscule où la saleté règne en maitre. Jeremiah, en état d'obésité morbide, vautré dans ce qui fut un canapé, nous est présenté comme le cas typique d'un patient atteint de syndrome de Diogène : tout s'entasse dans l'appartement, les livres, les ordures, les restes de nourriture, la vaisselle sale et bien sûr les excréments du chine et des chats…

Jonas n'a qu'une envie, partir mais pour aller où ? Il prend contact, comme promis avec tante Paula, artiste reconnue, veuve, atteinte d'un cancer en phase terminale qui veut lui raconter son passé de femme juive (demie-juive diraient les nazis) à Riga, où elle a travaillé sous les ordres d'un SS notoire, le sturmbannfurher (à vos souhaits !), qui n'est autre que Opapa, le grand-père de Jonas…

Il n'a pas envie d'entendre ce que Paula veut lui révéler, et surtout ne veut pas faire « un film à la con sur les nazis » (on ne risque pas de l'oublier, tant la phrase revient souvent dans le roman, notamment 10 fois de suite lors du « prologue », mais le passé finit toujours par remonter, à la surface, les secrets cachés, enfouis très profondément mais qui se transmettent en douce aux générations suivantes.

Jonas téléphone régulièrement à Mah, jalouse, possessive sur les bords, qui a toujours peur qu'il rencontre une autre femme.

D'autres personnages vont accompagner Jonas, notamment Nele Zapp stagiaire à l'institut Goethe, plus ou moins bien dans sa tête, qui boit beaucoup, cherche à s'étourdir et finit par s'attacher à Jonas.

On fait la connaissance de célébrités de l'époque, côtoyant la « Beat Génération » et des étudiants du groupe, venus aider le héros à finaliser son projet, nébuleux : ce sera le sexe et l'oreille il décide d'interroger des gens dans la rue pour savoir ce qu'ils pensent de l'oreille dans la sexualité !

Cela doit faire trois mois que je rame dans cette lecture ; la sexualité est omniprésente mais en termes tellement crus qu'on tutoie la nausée. Je l'ai déjà dit dans ce blog, je n'aime pas le langage cru dans un roman ! ça heurte mes chastes oreilles pour rester dans le contexte, on l'entend assez dans la rue ou ailleurs, un livre doit être bien écrit ! Je me suis fait un challenge, lire le tiers du roman avant de lâcher l'affaire, parce que j'ai eu un coup de coeur pour le précédent roman de Chris Kraus : « La fabrique des salauds » et aussi parce que j'avais lu quelques critiques assez enthousiastes. Au moment où j'allais lâcher prise, arrive le témoignage de Paula sur les exactions de grand-papa Rosen pendant la guerre, et c'est ce qui m'a motivé pour continuer.

J'ai peu apprécié la mentalité des jeunes étudiants du groupe de Jonas, égocentriques, nombrilistes, qui vivent dans un monde virtuel tout en appréciant le luxe de l'immeuble où loge Paula. Par contre, le fait de présenter l'histoire, sous la forme de carnets écrits par Jonas, et retrouvés par sa fille à la mort de celui-ci est intéressant.

J'ai beaucoup pensé à la sensation de malaise qui m'avait accompagnée lors de la lecture d'un roman pourtant encensé par les critiques: « La conjuration des imbéciles » de John Kennedy Toole

J'ai retrouvé la plume de Chris Kraus dans un exercice particulier, tutoyant l'absurde, mais émaillé de souffrance et de désillusion, ce qui finalement m'a touchée plus que je ne le pensais et je suis contente d'être arrivée au bout, ce qui est un exploit en fait. J'ose espérer que l'on va retrouver bientôt un livre aussi puissant que « La fabrique des salauds » …

Un grand merci à NetGalley et aux éditions Belfond qui m'ont permis de découvrir ce nouveau roman d'un auteur qui m'avait littéralement conquise avec son premier opus.

#ChrisKraus #NetGalleyFrance
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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