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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Artie et Jolene. Lui est un voleur à la tire vivotant sans domicile fixe. Un laissé-pour-compte que personne ne remarque. Elle, de son coté, élève seul Dandy, son fils de deux ans qui sera bientôt aveugle si elle ne trouve pas les deux mille dollars nécessaires pour le faire opérer. Il la voit pour la première fois dans un bar. Elle est à moitié nue sur le ring au milieu de la salle, prête à se rouler dans la Jell-O avec une catcheuse sous les hurlements porcins d'une foule surexcitée. La seule solution qu'elle ait trouvée pour dégotter quelques billets. Il la rattrappe dans la rue après le combat, entame la conversation. le début d'une histoire d'amour passionnée et chaotique.

Un roman de 1986 qui plonge le lecteur au coeur du désespoir. Une mère qui n'a pas les moyens de sauver son bébé, le nourrit au beurre de cacahuète et au biberon de pepsi, qu'elle coupe au whisky quand elle veut l'assommer quelques heures. Un pauvre type, beau parleur, magouilleur à la petite semaine. Des pas grand-chose dans l'Amérique des années 80 et son capitalimse triomphant. Jolene et Artie sont des personnages inoubliables. Des personnages acculés, incapables de joindre les deux bouts. Ils veulent éviter la noyade, tentent des choses, se débattent. Échouent. Relèvent la tête, s'interrogent, replongent. Ils rêvent, tirent des plans sur la comète, envisagent des solutions extrêmes, les mettent en oeuvre. Se plantent. Mais ils s'aiment et finalement, rien n'est plus important.

Au-delà du désepoir reste une humanité et une vitalité qui amène un rayon de lumière dans les ténèbres. Richard Krawiec n'enjolive rien. Il fut l'un des premiers auteurs américains à donner des cours d'écriture dans des centres d'accueil de SDF, des prisons ou des cités défavorisées, guidé par le souci de redonner la parole à ceux qui ne l'ont plus. Avec Artie et Jolene, il dresse le portrait s'un couple incroyablement touchant, un couple qui avance à tout petits pas et ne va nulle part. C'est beau et tragique sans jamais être sordide, malgré les apparences.



Lien : http://litterature-a-blog.bl..
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La dèche noire au royaume enchanté, toujours présente et bien présente.

Sur mon blog : https://charybde2.wordpress.com/2017/08/26/note-de-lecture-dandy-richard-krawiec/
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Cela débute par une scène qui serait presque cocasse si elle n'était pas surtout tristement sordide...
Dans la fosse à Jell-O d'un rade à poivrots, se livre un combat de catch opposant une jeune furie expérimentée à Jolene, moins jeune, moins vive, qui se demande ce qu'elle fait là, mais c'est tout ce qu'elle a trouvé pour nourrir quelques jours de plus -de beurre de cacahuète et de Pepsi- son bébé de deux ans. Son amateurisme fait fureur : elle s'excuse à tout bout de champ, et se fait laminer... sous les huées délirantes d'hommes imbibés venus voir des nibards et des chattes. Parmi eux Artie, pauvre type fort en gueule dès lors qu'il ne se trouve pas face à plus costaud (ce qui lui arrive rarement), qui vivote de vols à la tire et de menus cambriolages. Il détecte aussitôt la vulnérabilité de Jolene, et l'occasion de grappiller quelques sous contre un peu de gentillesse...

Ces deux solitudes vont se rapprocher, entamant une cohabitation dans le petit deux-pièces sale et inconfortable de Jolene. Son fils, Dandy, un gamin passif à la vision défaillante et ne tenant toujours pas seul sur ses jambes, quitte alors le lit maternel pour une caisse en carton déposée dans la cuisine. Nous partageons leur quotidien de débrouille, en quête permanente de combines pour tenir jusqu'au lendemain, et pouvoir s'acheter le whisky dont Artie a du mal à se passer. Il s'installe entre ces deux laissés-pour-compte une sorte de tendresse fragile, une relation qui tient à un fil, plombée par un contexte qui d'un moment à l'autre peut basculer dans la violence.

Lui est partagé entre une affection qu'il refuse de s'avouer, dont il se protège par un réflexe de survie qui l'amène à prioriser l'impératif financier, et qui lui inspire des mensonges enjôleurs pour dissimuler son égoïsme et sa cupidité. Elle, comme engluée dans sa situation, tantôt méfiante et tantôt crédule, apprécie la présence d'Artie, qui la fait rire, et lui donne parfois la fugace illusion de bâtir un foyer. Elle ne réfléchit pas au-delà du lendemain, se désespère de n'avoir pas la clés pour s'en sortir dans ce monde où elle n'a fait que cumuler, depuis l'enfance, les humiliations, la violence et les défaites. Ses rêves -"avoir une TV et des vrais ustensiles de cuisine, comme les vrais gens"- sont modestes, pitoyables tant ils sont dérisoires, et pourtant inatteignables.

C'est abrupt et d'une tristesse à pleurer, on se sent pris d'une frustration impuissante face à la naïveté de ces laissés-pour-compte quant aux soi-disant opportunités qui se présentent, à l'incapacité de Jolene à se secouer, à s'occuper correctement de son fils, laissé seul pendant des heures dans sa caisse en carton pendant qu'elle erre dans les rues à la recherche de quelques dollars..

Car il n'y a aucune poésie dans la misère dépeinte par Richard Krawiec, et les touches d'humour qui parsèment son récit ne font qu'exhausser sa dimension pathétique. Sa jeune mère célibataire est comme victime d'une hébétude qu'a ancrée en elle une violence familiale et sociale qui la condamne à rester du mauvais côté de la barrière, et dont son fils héritera, à moins d'un miracle, mais ils sont inexistants dans l'univers de déclassés que dépeint l'auteur. Il s'efforce pourtant de traquer, parmi la cruelle et impitoyable petitesse qui y règne, les quelques lueurs de tendresse qui éclairent parfois d'une terne lumière leur quotidien désespérément sombre et se font le suffocant rappel de leur humanité, et de l'inacceptable destin que les limites du rêve américain leur a dévolu...

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Dès les premières lignes, j'ai été plongée dans cette histoire pas comme les autres, une histoire loin des paillettes et de toutes ses choses mielleuses qu'on retrouve dans presque tous les romans. L'auteur m'a directement transporté au coeur de la misère humaine.

En tournant les pages j'ai donc suivi le chemin d'Artie, puis celui de Jolène, deux personnes qui n'ont pas une vie facile et qui essaye de s'en sortir, ensemble, mais chacun à leur manière. La vie ne les a pas gâtée, et visiblement elle ne souhaite pas leur facilité la tâche, mais que nous reste-il quand nous n'avons rien ?

J'ai eu pour ces personnages beaucoup de compassion, parfois aussi un coup d'énervement quand leurs agissements dépassaient les bornes, mais je suis toujours revenu à cette compassion et à cette tristesse pour eux.

Ce livre raconte à la perfection ce qu'est la misère, avec ses facettes noirs, ses facettes que beaucoup ne veulent pas voir. L'auteur a écrit son roman sans les années 80, mais la misère reste toujours la misère, même en 2015, la situation est la même pour toutes ses personnes qui veulent s'en sortir.

Vous l'aurez compris, ce roman m'a transporté et bouleversé. Si vous ouvrez les pages de ce livre, vous ne pourrez pas en sortir indemne
Lien : http://leslecturesdecristy.b..
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