en ce début du XXème siècle, l'oeuvre de Marquet procède effectivement de ces formes de langage populaire que sont l'affiche, le dessin de presse, la caricature ou la carte postale.
en tout cas chez marquet il s'agit bien de la force de la discrétion, de l'élégance de la rigueur. Ses toiles ne mentent pas, tout comme la photographie pure ne ment pas non plus: on est bien dans le réel, dans la forte simplicité du réel, cadré avec discrétion, sans faute de gout, sans exagération.
le visage du modèle est souvent caché ou rejeté dans l'ombre, comme dans le nu à contre jour de 1909-1910. peu à peu la charge érotique s'impose: ce n'est plus le modèle mais la femme désirée - sa compagne d'alors et son modèle favori, Yvonne - qui est représentée.
l'artiste recourt aussi à la technique du pastel qui lui permet de positionner les masses colorées: aplats de jaune, de vert, de bleu, de rose, etc. Le grain du papier fait vibrer la couleur. Quelques détails surgissent tels un lampadaire, un arbre, une flèche.
C'est aussi l'époque où la couleur pure fait son apparition dans la peinture de Marquet, répartie en touches directionnelles selon la leçon de Cézanne.
Marquet met en place son paysage dont la structure et les lignes de force façonnent l'organisation spatiale du tableau: le cube, la verticale, la diagonale qui crée la profondeur horizontale - une organisation spatiale qu'il conservera sa vie durant.
sa disparition comme celle de Dufy et de Bonnard dans l'immédiat après guerre coïncide avec l'extinction du paysage tel que les artistes l'avaient conçu - et tel que critiques et marchands l'avaient porté au pinacle depuis plus d'un siècle.
peintre discret mais aussi rebelle, il a porté haut la bannière de l'indépendance sans complaisance, aidé en cela par son incessante mobilité;
on est même étonné de sa réduction de Paris à quelques endroits où coule forcément la Seine
André Salmon précise que c'est surtout un paysagiste de la ville, de paris en particulier. il souligne déjà son attirance pour la série, le motif.