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Critique de SZRAMOWO


Le titre du roman de Philippe Krhajac évoque le titre de ce recueil de nouvelles de Pierre Michon « vies minuscules » dans lequel l'un des personnages confesse que « Les choses du passé sont vertigineuses comme l'espace, et leur trace dans la mémoire est déficiente comme les mots : je découvrais qu'on se souvient. »
Philippe Krhajac, dont j'ai reçu le roman dans la perspective de la rencontre organisée avec lui par Babelio et les éditions Flammarion, écrit dans cette veine.
Le petit Phérial Chpapjik, autrement dit l'auteur lui-même, 4 ans en 1970, abandonné par ses parents, ou orphelin, on ne sait rien de lui au début du roman, est accueilli dans un orphelinat.
Dès les premières lignes du roman, le lecteur est pris par la narration « Dans l'encadrement d'une fenêtre, la silhouette d'une machine gigantesque qui soulève des masses de matière, une grue peut-être. le soleil si fort à l'extérieur, plonge la pièce dans une obscurité singulière. Allongé dans un lit d'enfant, enfant moi-même, je regarde, la lumière, la grue qui s'agite avec force, les matières dans les airs, le noir de la pièce. »
Philippe Krhajac réussit à faire parler l'enfant de 4 ans, Phérial, sans que jamais n'interfère dans sa parole celle de l'auteur devenue adulte.
Sa vision de l'orphelinat est celle du petit Phérial qui y arrive, seul, après avoir vu ses camarades de voyage « dispersés dans ces campagnes du monde français ».
Interrogations de l'enfant livré à un monde où les parents de substitution malgré leurs efforts, pour ceux qui consentent encore à en faire, ne parviendront jamais à capter la confiance des enfants « J'ose rien dire, personne n'ose rien dire du tout, on ne sait plus vraiment si c'st nous qui figeons le silence ou si c'est le silence qui nous fige. »
L'écriture de l'auteur évite l'écueil du je envahissant, elle renvoie le lecteur à ses propres souvenirs, ses craintes d'enfant, sa difficulté à comprendre le monde des adultes, son incapacité à comprendre quel comportement il doit adopter. « Donc, voilà surement à quoi ça sert les adultes : à bien parler pour les enfants. »
Le petit Phérial suit un parcours hallucinant, de l'orphelinat à l'orphelinat via plusieurs familles d'accueil dans lesquelles il s'adapte souvent à son corps défendant. « (…) à l'ombre, tranquille loin des discussions des adultes, je m'initie à la vitesse de l'hirondelle et à la roue increvable du génial Mille Bornes avec Christophe, devenu sur le champ mon vrai demi-frère. »
Il a conscience de ses différences, lorsque le jour de la rentrée des classes au collège, il avoue à son camarade de classe africain « Moi aussi je viens d'un autre pays. T'as qu'à voir, je m'appelle Phérial Chpapjik. »
Sans pleurer sur son propre sort, Phérial nous emmène par la main dans sa progression vers sa vie d'adolescent puis d'adulte, guidé par la pédagogie abrupte et sans complaisance de ses parents d'adoption, comme Marie-Janine, « Chez moi pas de drogue et pas de fous. Si t'as les nerfs, t'a qu'à désherber la terrasse, couper les troènes et promener les chiens. Te voilà renseigné sur ton programme d'aujourd'hui »
Le roman est aussi une chronique de la France des années 1970 et 1980. Il se déroule dans des petites villes du centre de la France, Sancerre et son club des Remparts, Nevers les HLM de la cité des Deux Mille, Bourges et sa maison de la culture.
Dans ses déambulations Phérial acquiert les certitudes de ses différences mais seule la rencontre avec Danie va le conduire à rechercher ses véritables origines.
Le livre décrit la quête de Phérial jusqu'à sa réalisation comme acteur.
Découverte d'un jeune auteur qui, avec ce premier roman, place la barre très haut.
Un seul bémol, mais c'est mon côté pinailleur qui fait des siennes, à la page 192, je n'ai pu m'empêcher de remarquer des erreurs dommageables pour les amateurs d'apéritifs anisés :
Le Ricard additionné de sirop de menthe est un perroquet (et non une mauresque qui est un Ricard additionné de sirop d'orgeat) ; le Ricard additionné de grenadine ou de fraise est une tomate et non un perroquet.
Allez en paix et ne pêchez plus…
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