L'essentiel, c'était que le peuple s'habituât à descendre dans la rue, à manifester ses opinions sur la place publique, qu'il s'habituât à braver la police, la troupe, la cavalerie.
Bien avant 1789, la France présentait déjà une situation révolutionnaire. Mais l'esprit de révolte n'avait pas encore suffisamment mûri pour que la Révolution éclatât. C'est donc sur le développement de cet esprit d'insubordination, d'audace, de haine contre l'ordre social, que se dirigèrent les efforts des révolutionnaires. Tandis que les révolutionnaires de la bourgeoisie dirigeaient leurs attaques contre le gouvernement, les révolutionnaires populaires, - ceux dont l'histoire ne nous a même pas conservé les noms, - les hommes du peuple préparaient leur soulèvement, leur Révolution, par des actes de révolte dirigés contre les seigneurs, les agents du fisc et les exploiteurs de tout acabit.
Les idées nouvelles germent partout, cherchent leur chemin vers la lumière afin de trouver une application dans la vie ; partout elles rencontrent l'inertie de ceux dont l'intérêt est de maintenir l'ordre ancien ; elles étouffent dans l'atmosphère irrespirable des préjugés et de la tradition.
Pendre ou écarteler en effigie, c'était un usage très répandu au siècle passé. Aussi était-ce un des moyens d'agitation les plus populaires.