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Premier roman de Gyula Krúdy (1878-1933) où d'entrée apparaît le personnage de Sindbad - une sorte de double romancé de notre auteur - on n'y trouve pas encore tout le charme de ses ouvrages ultérieurs. Demeure une forme théâtrale qui alourdit un peu le texte en cette première mise en scène de la vieille Hongrie en ses représentations sociales désuètes. Car Krudy a une sorte de fascination pour tout ce qui se survit au-delà de son temps, déborde sur un temps déjà autre. Mais sa fascination est contagieuse et c'est volontiers que nous l'accompagnons en ces brumes hantées par des fantômes parfois particulièrement retors et non dénués de ressources.
"Les gens vivent ici dans quelque monde ancien fantasmé, comme s'ils passaient leurs journées dans les tiroirs de secrétaires fermés ou de penderies vétustes. On n'entend guère un mot plus haut que l'autre à l'intérieur des maisons, et les fauteuils près des cheminées sont toujours occupés".
On notera en passant que la "Vieille Hongrie", victime d'une histoire tourmentée, ne se retrouvera territorialement que dans l'actuelle Slovaquie. N'espérez pas toutefois y retrouver ces chers fantômes ni leurs pirouettes; les "aménagements" urbanistiques mondialisés leur ayant ôté, ici comme ailleurs, toute velléité de réapparition. Il y eut de l'histoire, il n'y en a plus; le capitalisme lave plus blanc !
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Ecrivain très prolifique, à la limite de la graphomanie par la quantité d'ouvrages produits, Gyula Krudy n'en demeure pas moins un vrai auteur, avec un univers bien à lui, une atmosphère de douce mélancolie, de nostalgie rêveuse, même si à l'occasion il peut se monter mordant et sarcastique. Il aime dépeindre des villes de taille moyenne, un peu à l'abandon, dont la splendeur est quelque peu passée et fanée, peuplées par des habitants, qui comme les lieux qu'ils occupent, ont quelque chose d'un autre temps que celui dans lequel ils sont censés évoluer, et paraissent plus chérir leurs souvenirs qu'un hypothétique avenir. Parmi eux Sindbad, personnage récurrent, tient la première place. Krudy lui aurait consacré de nombreux livres, dont peu ont été traduits en français, essentiellement dans une sorte d'anthologie intitulée Sindbad ou la nostalgie. L'excellent éditeur Cambourakis, défenseur de la littérature hongroise, propose ce nouvel volume, présenté comme le premier du cycle.

Sindbad est donc dans une ville « chimérique et romanesque de la Haute-Hongrie », et l'aventure ne manque pas de surgir sous les traits d'une charmante jeune femme, qui lui demande son aide au cours d'un bal masqué : son ex-mari veut faire enlever leur fils. Sindbad succombe immédiatement au charme de Georgina et l'aide de son mieux, puis lui fait la cour, dans son étrange demeure qu'elle partage avec sa mère, et une précédente épouse du comte, son ex-mari, Mariett. le comte est de retour, Sindbad le croise au théâtre qu'il fréquent surtout du côté des coulisses. le théâtre devient en réalité très vite central dans l'histoire, en plus des ambitions du directeur et des actrices en place, il s'avère que Georgina a toujours rêvé d'être actrice, comme sa mère l'a été avant elle. Elle profite donc de la première occasion pour monter sur les planches dans le rôle de Juliette. Ce qui suscite une grand curiosité du public, des jalousies de la part des actrices, et l'ire du comte, qui a interdit expressément à son ex-femme de devenir actrice. La tension monte autour des représentations, Sindbad se voit imposé un duel. Mais les sentiments ne sont pas chose simple, au final, qui aime qui ? Et Sindbad n'a-t-il pas fait une erreur en choisissant Georgina au lieu de Mariett ?

Un roman très théâtral, qui multiplie les scènes spectaculaires, même si l'intrigue, comme souvent chez Krudy, est assez lâche, et que le lecteur doit se construire sa propre histoire à partir de morceaux de bravoure. La scène devient une métaphore de la vie, dans laquelle tout le monde joue un rôle, et pas forcément celui qu'il aurait choisi.

J'éprouve toujours un grand plaisir à lire ces romans joliment crépusculaires, j'ai donc été heureuse de cette nouvelle parution, même si celui-ci n'est pas à mon avis le meilleur opus de son auteur. Ce qui ne m'empêchera pas de guetter le suivant avec curiosité.
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