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Critique de PatriceG


Ivan Krylov

Des historiens ont dit à tort qu'avant l'âge d'or russe, il y avait de jolis papillons, encouragés par des gens de lettres français du reste à qui il fallut amener sur un plateau ce fameux avènement de la littérature russe du 19 e siècle, de Gogol à Tchékhov ..

Avant Gogol, on m'a expliqué que c'était des chansons, des poèmes, des contes, des légendes, du folklore. Il faut considérer qu'autour de Gogol et de Joukovski, il y avait une pelletée d'écrivains, de prosateurs et que le siècle d'or n'est pas né comme ça de la cuisse de Jupiter.

Dans son histoire de la littérature russe M. Hofmann raconte que " la littérature russe contemporaine n'est pas sortie, comme on pourrait le croire, de la civilisation de la vieille Russie. Malgré l'apport important et incontestable de Bysance et de la tradition slavonne, c'est bien de la littérature occidentale qu'elle dérive, par l'intermédiaire de la littérature polonaise. Inutile de remonter bien loin ; on découvre ses sources au commencement du XVII e siècle, dans cette région du sud-ouest qui avait vu fleurir, aux XI et XIIe siècles, la civilisation et les lettres russes .."

Qu'il ne faille pas s'étonner ensuite que la littérature russe naissante du 19e se soit retrouvée au coeur de ces influences décrites plus haut ; qu'il ne faille pas plus s'étonner de l'attraction française qui s'exerce toujours au sein des écrivains russes contemporains. Malheureusement force est de constater qu'une fois de plus la France dans toute sa superbe n'est pas au rendez-vous et combien d'artistes russes le regrettent amèrement : ils ont besoin pour le rayonnement de leur activité de la protection française. de grandes oeuvres russes circulent et se heurtent à un mur d'incompréhensions du côté des politiques culturelles conjointes qui se traduit précisément par des non traductions et une impasse pour la jeune génération d'écrivains russes. Il faut signaler que combien de traductions françaises d'oeuvres russes depuis la guerre ont été faites à partir de traductions anglaises, phénomène qui persiste d'ailleurs, quand ce ne sont pas les italiens qui s'y collent. La nature a horreur du vide.

Mais revenons à nos moutons, Il y a dans ceux qui ont favorisé ce processus, des personnalités, des artistes comme Ivan Krylov qui a d'abord frappé les esprits avec ses fables inspirées d'Esope et De La Fontaine dont il ne cessa de s'instruire durant toute sa vie. On peut bien à ce titre parler un peu de lui à notre tour.

Ce qui me plaît d'emblée chez ce fabuliste né en 1769 à Moscou, sous Catherine II, est d'observer sa recherche du mot juste, précis et ironique, selon les mots de Tatiana Tsarkova, de l'institut russe de littérature à Saint-Pétersbourg.

Début 19e, Ivan Krylov s'inscrit comme un palier franchi vers cette époque miraculeuse qui va produire les écrivains de renommée universelle que l'on sait, un peu comme le barreau d'une échelle. Sa langue d'une expression pittoresque qui cultive un humour malicieux, et le réalisme de ses descriptions l'élèvent au-dessus de ses prédécesseurs et le font régner sans partage dans le domaine de la fable. On utilise aujourd'hui en Russie nombre de ses expressions qui traversent le temps, notamment des vers qui sont devenus des proverbes. Certaines fables de Krylov, notamment celles qui ont trait à la guerre de 1812, révèlent en lui son patriotisme fervent ..

La popularité de ses fables éclipsera le reste de son oeuvre en grande partie théâtrale qui correspond à son entrée dans le monde de la littérature. Alors bien sûr, il ne faut pas oublier l'autre homme qu'il fut dans le creuset de la Grande Catherine.
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