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Critique de JacobBenayoune


Pour moi Kundera est une valeur sûre ; un écrivain que je lis à chaque fois avec le même plaisir. C'est peut-être car la première lecture ou rencontre était réussie : c'était L'insoutenable légèreté de l'être.

Le titre déjà surprend par sa tournure plutôt philosophique. D'ailleurs même les titres des chapitres prêtent à confusion. En outre, le roman s'ouvre sur une argumentation digne d'un essai, ce qui augmente encore la surprise. Il s'agit d'un élément essentiel dans la philosophe de Nietzsche ; celui de l'éternel retour. Or, Kundera voit que la vie est plutôt une unique tentative où il n'y a point de brouillon, on ne peut faire des coups d'essai avant d'opter pour le bon choix. Par ailleurs, il mentionne aussi un philosophe grec ; Parménide, pour souligner la complexité de cette contradiction léger-lourd qui sera traitée tout au long du livre. Cependant, en plus de cette page de philosophie, Kundera a choisi un cadre historique pour son roman : le fameux Printemps de Prague et ses conséquences sur les tchèques. Mais dans cette pesanteur de l'Histoire et de la philosophie, on retrouve une histoire d'amour et de légèreté entre Tomas et Tereza.

Kundera est un disciple de ce qu'il appelle lui-même les grands romanciers de l'Europe Centrale. Il mêle réflexions profondes sur la vie, L Histoire, la politique et l'art avec le romanesque dans une harmonie presque musicale. Il explique les actions de ses personnages en psychanalyste. Il analyse même leurs rêves. On remarque que Kundera essaie à chaque fois de nous éloigner de son intrigue principale à travers des digressions, comme si l'histoire de ses personnages n'était qu'un simple prétexte pour retrouver les thèmes qu'il aborde, mais selon, toujours, le point de vue de ses quatre personnages Tomas, Tereza, Sabina et Franz.

Ces personnages qui, à la fin n'auraient pas participé glorieusement à la trame Historique, et qui ont mené une vie banale et légère compatissant avec la mort de leur chienne Karenine (clin d'oeil à l'un de ses maîtres : Tolstoï) et finissant d'une manière accidentelle, même s'ils ont essayé tant bien que mal. Mais c'est, après tout, cela la vie ; avec ses erreurs et ses bonheurs ; une vie unique sur terre sans expérience pour vérifier le degré de réussite de ses actes.

Mais, à vrai dire, ce roman est d'une telle profondeur et d'une telle densité qu'on ne pourrait cerner toute sa valeur en si peu de mots. Par contre, Kundera lui-même a déjà expliqué certains points essentiels de son roman dans son livre "L'art du roman".
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