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Citations sur Vivre près des tilleuls (29)

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   Personne ne m'avait expliqué le vide au creux
des entrailles, le vrombissement dans le cerveau, le
tremblement des mains. Qu'on me rende ma fille
quelques années, quelques jours. Elle me manque.

p.81
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                  37


   Je considère la possibilité d'un instant. C'est le
souffle de septembre qui appelle les réminiscences.
L'instant s'est déployé entre une promesse et un
doux murmure. J'ai regardé la perte dans les yeux,
lui ai confié tout ce qu'il y avait à dire, lui ai dit et
redit mille fois l'histoire. Une bourrasque presque
tendre a éparpillé à mes pieds les serments rompus.
   Ne pas avoir cru, dans l'arrogance des créatrices,
que la feuille pouvait tomber au printemps. Ne pas
avoir su, aux prémices [feuillet déchiré]

p.70
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L’enfance, c’est croire que la vie ne s’arrêtera jamais.
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Je l’ai expulsée, la douleur comme un ami intime me soufflant l’importance de l’instant… J’ai vu l’amour faire son apparition.
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Elle est dans la cuisine et met la bouilloire sur le feu. Elle ouvre la boîte de thé, prépare le breuvage avec des gestes routiniers. En parallèle, elle épluche les carottes et les patates, surveille le ragoût qui mijote. Normalement, elle s'interromprait pour déguster les sonorités des mots "ragoût", "mijoter", mais elle n'est pas dans cette cuisine, et la beauté fortuite du monde ne l'atteint pas. Son esprit est réfugié très loin et laisse d'accomplir les gestes quotidiens. Si la pensée affleure, elle se rétracte bien vite devant la banalité ambiante, la cuisine, le ménage, la vaisselle, la lessive. Tout prend des proportions gigantesques. Dormir, se laver, se nourrir deviennent des corvées insurmontables.
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Le chagrin est moins un état qu’une action. Les heures d’insomnie, puis le sommeil en plomb fondu sur les paupières, la prostration dans le noir, la faim qui distrait la douleur, les larmes qu’on ne sent plus couler : le chagrin est un engagement de tout l’être, et je m’y suis jetée. On me dit de me reprendre, de faire des choses pour me changer les idées. Personne ne comprend que j’agis déjà, tout le temps. Le chagrin est tout ce que je suis capable de faire.
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36

La route forme une ligne droite, une trajectoire implacable. Je conduis, Jacques occupe la place du mort, impassible. Il ne remarque pas que j'accélère, pourtant c'est absolument évident, je nous précipite. Je ne le regarde pas, je ne devine pas ses pensées, j'imagine seulement que comme moi il se parle, se raconte des histoires, en modifie sans cesse la fin. Le silence dure depuis notre départ, je le brise en proposant d'ouvrir la fenêtre. Jacques se tourne vers moi, je suis prête à accueillir ses morts mais sa bouche ne s'ouvre pas. Ce mutisme est une fuite, c'est ce que j'affirme en silence. Je continue d'accélérer, j'ouvre la fenêtre. Il dit soudain, mais c'est un murmure, que l'odeur des champs de colza a quelque chose d'insupportable et d'enivrant. J'acquiesce et ralentis. Il me demande où nous allons, je ne sais plus, je veux que le colza soit notre destination. Je crois, à ce moment-là, que Jacques pourra comprendre, qu'il m'accompagnera. Cette pensée m'apaise. Plus loin sur la route qui file droit, j'aperçois le virage. Mes yeux quittent lentement la chaussée pour le ciel. Jacques hurle, se jette sur le volant. Nous évitons de justesse un hérisson. La voiture échoue au milieu des fleurs, nous sommes entrés par effraction. Je m'écroule sur le volant. Au bout de quelques instants, Jacques rit avec moi.
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14

Je me souviens de ma propre enfance. Je me souviens des folles descentes en luge à La Chaux-de-Fonds avec mes sœurs, des habits du dimanche maculés de boue, des collections d'escargots, des rêves et des projets. L'enfance, c'est croire que la vie ne s'arrêtera jamais. Peut-être que je le croyais encore lorsque j'imaginais tout ce que je ferais avec Louise, tout ce que je voulais lui montrer. J'ai toujours dit qu'un jour j'emmènerais ma fille faire de la luge à La Chaux-de-Fonds. J'ai toujours cru que j'aurais tout le temps.

15

En ouvrant le journal, on apprendrait la mort d'une Louise. On ne pourrait éprouver de vrai chagrin. Des paires d'yeux passeraient en revue les prénoms et noms de famille, on ferait des liens, on tenterait de reconstituer une généalogie. Cela évoquerait peut-être des souvenirs, mais que saurait-on de ma Louise ? On apercevrait, accolées, la date de la naissance et celle de la mort. On serait alors pris de compassion pour la mère. On lirait "Luise" et on penserait aussitôt à la mère, derrière.
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"Je t'aurais prévenue, Alice." La poupée est retournée sur les genoux de Louise et encaisse sans broncher des salves de fessées. Les enfants sont cruels, ils ont besoin de notre amour pour s'adoucir, pour apprendre l'altérité. Louise la tendre, la dure, la tendre dure Louise. Qui mord parfois de ses dents de lait, parfois dit "je t'aime" à ses parents.
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