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Critique de kuroineko


Ce livre signe ma première incursion dans l'univers littéraire d'Erik L'Homme. le beau titre qu'il a donné à son ouvrage m'a attirée, ainsi que l'idée de vérifier si le concept de chevalerie, terme désuet qu'on ne trouve plus guère que dans les livres historiques ou fantasy, pouvait encore exister et avoir un sens au XXIème siècle.
Sa préface présageait beaucoup d'intérêt dans les propos à venir.

Plus qu'un roman, on a affaire ici à un recueil de sept nouvelles, en contre-point desquelles s'inscrivent des extraits d'un (pseudo) texte médiéval intitulé Les Sept Bacheliers ou l'Épreuve périlleuse, signé d'un certain Cisme d'Aleyrac en 1190. L'ensemble forme un tout cohérent moins en tant que récit qu'en tant que cheminement initiatique.

Car cette quête est bel et bien le thème majeur de ce livre. Chaque nouvelle présente deux personnages principaux qui, sous des traits et des genres différents, représentent un système dual très classique: le guide et son disciple. Ce que revendique explicitement Erik L'Homme dans sa préface, arguant que "les liens initiatiques unissant un padawan à son Maître Jedi, qui ont traversé les siècles pour s'écraser contre l'indifférence du nôtre, m'ont paru suffisamment décalés pour illustrer, là aussi, cette révolte contre le monde moderne."
L'auteur, au-travers de son récit, invite le lecteur à réfléchir. Sur la société contemporaine, ses dérives et ses excès. Et sur soi-même. Surtout sur soi-même d'ailleurs. Les jeunes apprentis subissent diverses épreuves aussi surprenantes que diversifiées les amenant à dépasser le conformisme et la pensée commune pour apprendre à se déterminer en vertu de leurs propres critères, après réflexion ou dépassement physique. le corps et l'esprit s'allient dans ces nouvelles pour amener les disciples au bout de leurs épreuves.
Erik L'Homme n'hésite pas à faire appel à moult références littéraires et cinématographiques pour expliciter son propos. Pêle-mêle on retrouve Cyrano de Bergerac d'Edmond Rostand et le Seigneur des Anneaux, 1984 d'Orwell et Star Wars, Mr Keating du Cercle des poètes disparus et le roi Arthur. Et j'en passe.

Si l'idée générale m'a paru très intéressante et bien amenée, j'émets juste un bémol: le besoin, surtout pour les jeunes lecteurs, de lire en sachant aussi prendre du recul face à ces récits. Ceux-ci se présentent sous une forme hiératique et idéalisée. le ton employé par l'auteur, surtout dans les dialogues, se veut intentionnellement formaliste, voire emphatique. Pris sans nuance, l'ensemble peut donner l'impression d'un rejet total du monde moderne et du sacro-saint Système. Un extrémisme aussi dommageable que le conformisme exacerbé.

Comme dans tout récit multiple, j'ai mes préférés. J'ai surtout apprécié la douce poésie du premier, "Commando mazurka" (l'occasion pour moi également de découvrir le poète québécois Émile Nelligan) et l'expédition nocturne au coeur de la forêt de Brocéliande - et de soi-même- du second, "L'odeur des ombres".

Un livre à découvrir pour une plume de qualité et une invitation à réfléchir par soi-même au lieu de gober ce que d'autres nous mâchent... Petite piqûre de rappel jamais inutile. En gardant l'esprit critique (et non de critique) ouvert, bien sûr.
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