Féconde pour la prière et la méditation, la marche l'est aussi pour la poésie.
Les mouvements de foule, si faciles à récupérer et à manipuler, me font peur.
Entre l'itinérance méditative et la manifestation bruyante, j'ai également fait mon choix.
Il est plus confortable de suivre un parcours tout tracé que de défricher son propre chemin.
La marche établit une saine distance pour ne pas être absorbé par le vacarme du monde.
A la déambulation en groupe, je préfère la marche solitaire.
Un jour, l'enfant déclare : " Maman, je veux aller sur mon chemin, le chemin de Santiago de Compostela, et je te promets que même si j'ai mal aux pieds, j'irai jusqu'au bout ! " C'est ainsi que le 22 juin 2014, la mère et son fils prennent le départ de Nogaro, dans le Gers. Au cours des mille deux cents kilomètres qu'ils effectueront en quarante-trois jours, ils aborderont des questions fondamentales : le courage, la persévérance, la responsabilité, la fraternité, la beauté de la nature, la prière. Et, surtout, ils apprendront à se connaître, l'un et l'autre.
Céline Anaya Gautier
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Ces multiples illustrations le prouvent : la marche n'est pas une pratique optionnelle. Elle ne relève pas du bien-être ni même du "mieux-être". Notre corps est "programmé" pour marcher, et c'est donc par cet exercice qu'il peut réparer ses dysfonctionnements. Mais il y a plus : la marche soigne aussi les blessures cachées. Comme l'écrit François Cassingena-Trévedy, " il n'y a que les pieds pour laver l'âme". Ils la décapent, la débarrassent de ses scories. Dans cette entreprise de nettoyage, nos pieds sont nos meilleurs alliés. Par nature ancrés à la terre, ils sont les médiateurs entre le visible et l'invisible, entre la matière et l'esprit.
Claire Colette
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- Nous sommes des vivants-marchants. C'est-à-dire que nous sommes vivants tant que nous avons la liberté de nous mouvoir. La marche préserve non seulement nos os, nos muscles et nos tendons, mais aussi notre mémoire, notre système nerveux, nos fonctions cardiaque et pulmonaire. C'est pourquoi il faut entretenir cette capacité à marcher. Lorsqu'on ne peut plus mettre un pied devant l'autre, lorsque, comme chante Jacques Brel, on va "du lit à la fenêtre, puis du lit au fauteuil et puis du lit au lit", on perd sa liberté. On parle d'ailleurs de situation de "dépendance". Alors, marchons, tant qu'il est temps qu'il en est encore temps !
Jean-Louis Étienne
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