Attirée par le diaporama, la jeune fille prend place près de Valentin. Passe un bras autour des reins de son amant. Celui-ci appuie sur pause quand apparaît Le Baiser. Valentin embrasse Sibylle et, avec des gestes doux, reproduit l'attitude des modèles peints par Klimt. Serviette et peignoir d'éponge tombent ; le couple s'allonge su le divan tendu de batik, ramagé d'or.
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L'échelle double s'abat dans l'herbe près de Valentin. Ce dernier gît au pied du bouleau, immobile. La tête en sang, il est étendu là, inconscient. Devant l'accident, les pleurs de la fillette qui n'ont pas cessé durant la chute reprennent de plus belle. Puis, quelques gouttes font leur apparition : il se met à pleuvoir. C'est bon pour les bégonias, ça.
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Échelle de corde providentielle, l'entrelacs du lierre permer aux deux intrus d'atterrir en douceur sur le gazon élastique. Ils vont, à croupetons, de buisson en buisson, vers un bosquet de pins en évitant les champignons luminescents dont l'herbe est constellée. Le couple se fond contre l'écorce des conifères.
Un chien lève la patte, pisse contre un réverbère, puis repart en trottinant. Il croise une fillette qui tient fièrement la tige métallique d'un ballon de baudruche sur lequel se détachent, en bleu sur jaune, deux "M" entremêlés. La marque des Magasins Modernes. Elle tressaute, leste, comme allégée par l'hélium du ballon. Ses longs cheveux bruns, retenus par une barrette d'écaille, cascadent sur un court manteau aussi jaune que le ballon. Sa deuxième main est prise dans celle de sa mère, sa mère qui presse le pas jusqu'à l'abribus du 73. Là, une masse indistincte de baskets, de boots, de ballerines piétine, à quelques centimètres du caniveau où une eau limoneuse fait flaque et file dans la bouche d'égout. (p.9)