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Critique de Levant


Levant
09 septembre 2015
De nos jours des passionnés font revivre la ligne de chemin de fer entre Anduze et Saint-Jean-du-Gard dans les Cévennes. Ils y font circuler un train à vapeur que les amateurs d'un tourisme nostalgique empruntent avec bonheur. Ils peuvent alors contempler le paysage qui constitue le décor de ce beau roman de Christian Laborie, avec en particulier les vestiges de ce qui faisait la richesse de cette région au 19ème siècle, l'industrie de la soie, aujourd'hui abandonnée.
Notre civilisation contemporaine est devenue celle du loisir. Un tel contexte ne prédispose guère à se faire une juste représentation de la rudesse de vie d'une époque pas si lointaine dans cette contrée des Cévennes. de loisirs il n'était pas question. le travail avait force de loi. C'était l'époque des interdits, les sentiments s'en exprimaient avec d'autant plus d'ardeur. "La moralité était inscrite comme précepte d'or dans le règlement interne des établissements", les filatures, dans lesquels un travail pénible et peu rémunérateur faisait le quotidien des gens de pauvre condition. C'est ce que nous retrace Christian Laborie dans son dernier ouvrage, L'enfant rebelle, dans sa bibliographie en général.
Cévenol d'adoption, il connaît bien cette région. Il s'est passionné pour son histoire qu'il nous restitue avec authenticité. La géographie, le climat font des Cévennes un pays très rude. Difficile d'accès, elles ont servi de refuge aux protestants pourchassés. Cette région a conservé les séquelles des persécutions perpétrées par les troupes envoyées par Louis XIV, dès lors qu'il eût révoqué l'édit de Nantes. La mémoire cévenole est encore pétrie de cette histoire douloureuse.
Raphaël est un enfant adopté auprès de l'institution de la charité de Nîmes par un couple de paysans qui, faute de descendance, est au désespoir de garantir ses vieux jours. D'amour à prodiguer il n'est donc nullement question dans cette démarche. La jeunesse de cet enfant sera placée sous de sévères auspices avares de bonheurs. Il devra d'abord par son travail payer la pension que ses parents adoptifs lui octroient en l'accueillant chez eux. Il n'ira à l'école que sous la contrainte des autorités locales.
Une prime jeunesse privée d'amour, un statut d'enfant adopté découvert fortuitement, feront de Raphaël un enfant rebelle. La quête de ses racines deviendra légitime et obsessionnelle. Elle sera assortie de nombreux rebondissements qu'une intrigue bien construite révèle au fil des chapitres.
Ce roman nous offre une palette riche en personnages de toute condition, bien décrits dans leurs comportement, apparence et mentalité, sans toutefois verser dans la caricature.
J'ai regretté quelques accrocs à la vraisemblance de la fiction avec des coïncidences trop opportunistes dans les rencontres entre protagonistes au fil des événements, ou encore avec un discours bien élaboré placé dans la bouche d'un enfant élevé dans la solitude chez des paysans incultes. La crédibilité du récit s'en trouve mise à mal. Mais pour le reste, Christian Laborie nous délivre une très belle fresque de la dure vie des Cévennes au début du XXème siècle.
On se prend d'attachement pour ces êtres humbles qui n'avaient alors de recours qu'en eux-mêmes.
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