Christian Laborie met en avant ses sources d?inspiration. Après "
Les Rochefort" et "L?Enfant rebelle", suite de la saga des Rochefort.
En savoir plus sur «
le Goût du soleil » : http://bit.ly/2dEn6IU
Né dans le nord de la France,
Christian Laborie est cévenol de c?ur depuis plus de vingt ans. Il a notamment publié L?Appel des drailles (2004) et
Les Hauts de Bellecoste (2011), ainsi que
Les Rives Blanches (2013),
Les Rochefort (2014), L?Enfant rebelle (2015), tous trois aux
Presses de la Cité.
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L’officier qui les reçut à Lérida avant leur départ pour le front les avertit :
– Sachez que, si vous tombez dans les mains des nationalistes, je ne donne pas cher de votre peau ! Surtout vous, Emilio Alvarez. Ils ne vous rateront pas, même si vous ne portez pas l’uniforme républicain ! Soit ils vous fusilleront sans autre forme de procès, soit ils vous enrôleront de force dans leurs rangs. Quant à vous, messieurs les Français, ils essaieront de vous faire parler avant de se débarrasser de vous. (P220)
- On ne revient jamais en arrière. C'est un leurre. Les années se succèdent sans qu'on puisse ralentir le temps. On est le produit de son passé, qu'on le veuille ou non...
- Mais on peut toujours infléchir sa vie présente en fonction de ce que l'on a connu. Nul n'est tenu au fatalisme.
- De toute façon, on ne choisit pas ses parents, ni les enfants légitimes ni les bâtards comme moi ! Par contre, on peut choisir de partir un jour pour une autre destinée.
Adèle aimait la douceur automnale, quand l'aube prenait comme par magie la teinte des rêves. Quand l'horizon s'aquarellait de pourpre et de violine. Quand les vallées retenaient le brouillard pour mieux étouffer les cris. Le silence ouaté semblait la protéger. Les bruits se perdaient. Et lorsque les dernières écharpes de brume finissaient de s'étioler, que le ciel aiguisé par le vent du nord secouait la cime des arbres, elle respirait à pleins poumons comme pour se ressourcer.
C'était sa manière de nier l'évidence. de refuser la fatalité quotidienne qui lui collait à la peau.
C'était l'appel, le grand frémissement. L'esprit de la montagne s'insinuait dans celui des hommes. Les drailles étaient comme les bras d'une femme, envoûtantes et charnelles. Elles attiraient les bergers et les retenaient, se faisaient câlines et perverses, ne les relâchaient que lorsqu'elles n'avaient plus de chaleur à leur donner, et pour mieux les reprendre.
Pour lui, la bourgeoisie avait conquis le pouvoir avec la monarchie de Juillet et n'était pas prête à l'abdiquer, dût-elle changer de monarque voire de régime pour préserver ses intérêts. En cette période de révolution industrielle et de profondes mutations sociales, il voyait en elle une nouvelle aristocratie, celle qui, par l'argent et les affaires, dominait à présent la société moderne;
- Vois-tu, mon brave Louis, les petits, comme nous, seront toujours dans les mains des puissants. La terre tourne, mais le monde est toujours partagé en deux : d'un côté les nantis ; de l'autre les besogneux dont nous faisons partie. Rien n'a changé ! Voilà pourquoi je crois qu'il n'y a que la révolution populaire qui puisse renverser cet état de choses.
Le monde subit depuis plus d'un demi-siècle les effets catastrophiques du réchauffement climatique. La météo devient de plus en plus incontrôlable à cause de l'effet de serre provoqué depuis des décennies par les puissances industrielles anciennes et émergentes.
« Mars chassait les dernières froidures et annonçait déjà les douceurs printanières .La terre demeurait humide et lourde. La végétation commençait à frémir. Les premiers bourgeons avaient éclos. Le thym et le romarin épanchaient leurs effluves dans la garrigue , tandis que les vignes , endormies pendant l’hiver, accrochaient leurs premiers sarments à leurs tuteurs » ...
Il faut que le peuple soit instruit afin qu'il puisse lire et étudier. Pour quelles raisons, crois-tu, la bourgeoisie au pouvoir tient-elle tant à maintenir le peuple dans l'ignorance ? Pourquoi, pendant si longtemps, lui a-t-elle refusé le droit à l'instruction élémentaire ? Un homme qui sait lire est un homme averti à qui l'on ne peut plus mentir.
La chapelle du couvent donnait sur le monde extérieur par un vestibule sans fenêtre, fermé par une petite porte munie d'une grille ouvragée, un guichet pour les visites. Sœur Angèle en gardait précieusement le trousseau de clés sur elle, comme elle aurait gardé les clés du paradis. A ceci près que, à ses yeux inquisiteurs, cette porte ne donnait pas sur le paradis, mais sur l'univers des tentations, des convoitises, celui de tous les péchés, en un mot celui de Satan.