Qui mieux qu’une femme pouvait à sa façon défendre ce symbole en revendiquant tout d’abord son droit de vivre, de choisir et d’aimer une société patriarcale qui préférait reléguer ses femmes dans leur prison dorée !
Soudain tout bascula. Sans montrer plus de résistance, Shu-Meï se laissa envelopper par les bras protecteurs. Dans un élan désespéré, le silence venait de s'abattre sur leurs deux solitudes.
(p.98)
Le vent ne mollissait pas. La pluie tombait toujours aussi dru.
Un petit groupe s'était rapidement formé autour de YI-Shou. Ce Chinois dont la femme était si bonne ne pouvait être aussi cruel ni aussi inhumain que son prédécesseur.
(p.146)
Il est vrai que l'on prêtait aux adeptes de ces sectes toutes sortes de pratiques sexuelles étranges liées à l'obsession de l'immortalité et au mysticisme le plus halluciné.
Shu-Meï se souvenait des manuels érotiques de Yi-Shou où les maîtres de l'art de la chambre à coucher n'hésitaient pas à encourager leurs disciples à s'unir à quarante femmes en une seule nuit, sous le prétexte de revitaliser leur "essence". La multiplication et même l'échange de partenaires faisaient des miracles de jouvence.
Devant le trognon de queue qui remuait frénétiquement, elle sourit et flatta la truffe du petit animal : les Coréens coupaient-ils aussi la queue des chiens pour les inciter à monter bonne garde ?
Les Chinois partent en effet du principe que le chien est un animal frileux et q'il ne peut dormir au chaud qu'en se protégeant le museau sous sa queue. D'où l'impérieuse nécessité de leur couper l'appendice caudal.
Le lendemain matin, la natte était vide. Perle trouée s'était envolée.
Personne ne l'avait aperçue à l'exception du frère portier qui lui avait laissé passage. Du haut de son échauguette, il avait vu la fillette s'enfoncer d'un pas décidé dans la forêt.
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Les jours passèrent. L'épidémie faisait rage. Kum-San était maintenant coupée du reste de la province, et l'approvisionnement en nourriture se faisait rare.
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Les grandes malles d'osier étaient bouclées. Dans trois jours, une caravane acheminerait Yi-Shou et son épouse jusqu'au port de Guang-Zhou où ils attendraient des vents favorables pour entreprendre la traversée de la mer Jaune.
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Il contempla les pieds minuscules presque aussi mignons que ces "lys" bandés à la mode de Wu qui faisaient depuis peu des ravages dans les salons et donnaient à la femme cette démarche tellement érotique.
Il rit sans cesse en imitant un bruit rocailleux d'intestin qui se débouche. A côté du cantonnais si chantant, la langue coréenne me semble pour le moins gutturale.