(...) les mecs la troussaient dans les caves, sur l’herbe, n’importe où et moi j’écrivais seul dans mon coin des «je t’aime» et je glissais ça dans sa boîte aux lettres, dans sa main même et j’attendais si c’était beau, si c’était même très beau, très très beau, et puis autre chose aussi, j’attendais qu’elle me sourie vrai et pas par pitié (oh c’était du mépris aussi, j’en suis sûr maintenant que j’y réfléchis), qu’elle dise j’en ai marre de prendre des coups, j’en ai marre qu’on me traite comme une moins-que-rien qu’on me salisse, qu’on me dise jamais des mots bien, qu’on me dise jamais rien, je veux qu’on me pare comme toi, je veux qu’on m’aime comme toi, je veux toi, c’était pas compliqué à dire «je veux toi», elle le disait pas, elle partait, j’en crevais, elle fuyait tout près de moi, même en bougeant pas elle fuyait (...)
Je reste souvent le soir dans le noir. Je reste allongé sur mon lit dans le noir. Dans le silence. J'écoute le silence mais il me dit rien. Je ferme les yeux, j'essaye de voir.
Même quand on est innocent, on gagne pas contre une multinationale, c'est comme ça, c'est une loi qui est pas écrite mais c'est une loi.
- C'est à ça qu'on reconnaît les grands médecins...
- A quoi donc ? avait-il demandé.
- A la longueur de la prescription. Tu te rappelleras, Franck, plus c'est court, plus le médecin est bon.