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Critique de BenedicteBiblio


Je voue un culte et éprouve une certaine tendresse pour Charlotte, Emily et Anne Brontë. Si Jane Eyre et Les Hauts de Hurlevent font partie de mes romans préférés, j'apprécie lire autour de ce que fut le quotidien de ces soeurs de génie. J'avais ainsi adoré découvrir Les soeurs Brontë à 20 ans (de Stéphane Labbe) ou encore le monde du dessous (recueil de poèmes et de proses). Après les écrits imaginaires relatifs aux mondes de Gondal et de Gaaldine, place aux lettres ! Avec ce recueil, Constance Lacroix nous propose une plongée dans plus de trois cents lettres (toutes rédigées entre 1821 et 1855). J'ai tout simplement adoré découvrir cette petite pépite, qui constitue une mine d'or pour ce qui est de nous offrir des informations directes quant au vécu des Brontë, mais aussi quant aux conditions de vie extrêmement dures d'alors. Cette lecture a pour moi été un gros coup de coeur.

Un quotidien austère et monotone. le climat venteux des landes du Yorkshire. le manque d'argent et la maladie. Grâce à ces lettres, le lecteur découvre la vie difficile d'une petite paroisse située dans le nord de l'Angleterre. L'éloignement entre Haworth et les grandes villes ne facilite pas non plus la tâche lorsque l'on souhaite trouver du travail ou encore se faire un nom. La fratrie Brontë ne va pourtant pas baisser les bras, et puiser dans son imagination pour voyager et s'évader du quotidien.

Comme j'ai aimé me plonger dans ces lettres ! Certaines sont drôles, d'autres se font remplies d'espoir ou emplies d'une tristesse infinie. En les lisant, je serai passée par toute une palette d'émotions. En cette première moitié du XIXe siècle, garder la santé semblait être une des premières préoccupations d'alors. Ne pas tomber malade. Se remettre d'un simple rhume (ce qui aujourd'hui nous semble plutôt banal, et sans grand danger). Souhaiter un prompt rétablissement à ses proches. Ces éléments reviennent très régulièrement dans les lettres de Charlotte. Je me suis alors surprise à imaginer des conditions de vie que jusqu'ici je n'imaginais pas être aussi rudes à cette époque.

Je pense n'avoir qu'un seul regret en ayant lu ce recueil : que les lettres rédigées par Emily et Anne n'aient pas été plus nombreuses. le lecteur en découvre cependant deux ou trois. Face à ces quelques écrits, on se plaît alors à imaginer une Emily très timide, presque sauvage, qui n'aime pas particulièrement prendre la plume pour correspondre. Son ton se fait direct, sans fioritures. Comme je me l'étais imaginée, Anne apparaît au contraire plus calme, plus sage.
Les écrits de Charlotte sont donc majoritaires. La romancière correspond alors énormément avec son amie Ellen Nussey (avec qui elle gardera un lien toute sa vie), avec ses éditeurs londoniens, ou encore avec Elizabeth Gaskell. J'ai été frappée de découvrir une femme, qui face aux nombreux deuils traversés, reste lucide et ne se plaint jamais. Dans les moments d'abattement, Charlotte parviendra toujours à rebondir. En plus de faire preuve d'une grande d'intelligence, et parfois d'un certain humour (qui transparaît dans ses lettres), il semblerait donc qu'elle ne manquait pas de force de caractère. Si j'ai été émue par les décès d'Emily et d'Anne, de toutes les correspondances présentes dans ce recueil c'est celle entamée avec Ellen Nussey qui a ma préférence. Charlotte se confie en effet énormément à son amie (elle évoque ses projets littéraires, leur célibat respectif, ou encore sa dépression et ses moments de profond abattement). Il y a un ton amical, familier, qui demeure touchant.

Avec ce recueil, j'ai également apprécié en apprendre davantage sur les pensées et ressentis de Charlotte Brontë face à son mariage avec Arthur Bell Nicholls, vicaire de Patrick Brontë, ou encore sur ses nombreux voyages à Londres (la romancière y aurait rencontré Thackeray en personne !).

En bref, cette lecture marquera certainement mon année 2017. Ce recueil offre une photographie de la vie de famille des Brontë, mais aussi un portrait de Charlotte en tant que femme de lettres. Année après année, on avance aux côtés de cette famille unie. Passionnant ! Si j'ai été un peu déçue par la rareté des lettres d'Emily et d'Anne, le lecteur en découvrira pour autant deux ou trois. Branwell n'est pas non plus oublié, tandis que Patrick Brontë transparaît sous les traits d'un père aimant. Je conseille vivement ce recueil à toutes les personnes qui apprécient le travail des soeurs Brontë, mais surtout à celles qui seraient curieuses d'en savoir plus, en accédant à une sphère plus intime.
Lien : https://labibliothequedebene..
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