Depuis un moment, ils avaient allumé les lampes, sans fermer les rideaux. La neige tombait toujours, et la lumière la paraient de reflets irisés. Sans rien dire, Cécile monta dans la chambre de Charlotte, et descendit avec les albums qu'elle savait trouver dans le tiroir de la commode. Son coeur battait fort lorsqu'elle les posa devant Gabriel.
Ils étaient devant une construction assez basse, tout en longueur, à trois portes de bois bien solides. Prise au volumineux trousseau, une grande clé les ouvrit toutes, les unes après les autres.
Chaque pièce renfermait des trésors.
À pleurer sur la perte de son innocence, sur sa fierté, sur ce qu’il lui restait d’amour-propre après le déclin social de sa famille. Mais elle pleura aussi sur cet enfant qui n’avait pas demandé à être conçu, qui n’aurait jamais la chance de respirer l’air humide de Glasgow, de sentir sa mère le toucher ni de voir sourire les yeux gris ombrageux de son père.
Des rêves vifs, pénétrants. Un univers de mode, d’étoffes et de richesses, bien sûr. Un monde où la misérable vérité sur sa misérable famille s’évanouirait au loin jusqu’à disparaître totalement. Ce dont elle n’avait jamais rêvé, c’était de se retrouver enceinte de son amant, un homme marié, la veille de son dix-neuvième anniversaire.