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Critique de Zephirine


Lorsqu'on lit Marie-Hélène Lafon, on est en pays connu, d'un livre à l'autre. Ce pays dont elle parle avec tant d'amour et de retenue, c'est le sien, le pays d'en haut dans le nord du Cantal.
Dans chacun de ses romans, j'ai toujours plaisir à me plonger dans cette vie rurale, suivre ces destins de familles paysannes ou bourgeoises.
« Histoire du fils » est construit de façon originale, sans classification linéaire puisque chacun des onze chapitres s'ouvre sur une date avec des avancées puis des retours en arrière. Ainsi le premier récit débute le jeudi 25 avril 1908, il s'agit d'un drame domestique qui frappe durement la famille Lachalme et dont se souvient Paul, âgé alors de cinq ans. Tout se déroule sur un siècle pour se terminer en avril 2008.

L'histoire du fils, c'est celle d'André, né de Gabrielle Leoty et de père inconnu. Il sera élevé par son oncle Léon et sa tante Hélène, avec ses trois cousines plus âgées qui seront comme ses soeurs. Il aura donc deux mères
« André disait maman pour Hélène sa tante, qui l'avait élevé à Figeac, et ma mère pour Gabrielle, sa mère, qui habitait Paris »
Il n'était pas facile à l'époque d'avoir un enfant en dehors du mariage, et cet arrangement va satisfaire tout le monde, l'une restera libre et l'autre aura un enfant à chérir.
« On avait gardé le trésor, on avait gardé Dadou ; finalement la vie, parfois, faisait bien les choses. »
Autour d'André, il y aura d'autres personnages, d'autres destins, tous liés par ces liens de familles connus ou bien tenus secrets. de sa mère Gabrielle, si indépendante et solitaire, on ne saura pas grand-chose, sauf quelques détails trouvés dans des lettres ou bien appris après sa mort. Elle est pourtant très présente, en filigrane, durant tout le roman.
Marie-Hélène Lafon nous fait traverser tout un siècle d'histoires familiales avec leurs lots de bonheur mais aussi les drames, les deuils qui parsèment une existence, mais aussi ses secrets, comme un voile sur une vie et qui se déchire le jour où l'on se marie et qu'on vous révèle le nom de cet inconnu, votre père, dont vous ne portez pas le nom.
De sa plume ensorcelante et d'une justesse sans fioritures, Marie-Hélène Lafon peint par petites touches l'histoire complexe de ces familles, nous promenant dans le siècle comme dans le paysage. Ces allez et venues entre Paris, Chanterelle et Aurillac, nous font entrer dans l'intimité des familles où les non-dits sont légion et où l'on reconstitue les générations passées et tente de combler les trous, exhumer les secrets dans la contemplation de vieilles photographies ou le décryptage des noms et des dates sur les caveaux de famille.

J'ai été emportée et séduite par cette « histoire du fils », histoire sommes toute banale, mais qui fait écho dans ma propre histoire, dans nos histoires familiales tissées de secrets connus ou simplement flairés, et qui parle de notre ruralité, de l'endroit d'où l'on vient et de ce lien indéfectible qui forme une famille, même au-delà des frontières, même avec des trous dans la généalogie.
C'est magnifique de sobriété et de vérité, une lecture qui ne s'effacera pas de sitôt. Alors, si ce n'est déjà fait, lisez « Histoire du fils ».


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