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Critique de enjie77


Je dois vous faire une confidence : mon plaisir de lectrice, découvrir un auteur qui est capable de me « cueillir » "foudroyer" par un style qui sort des sentiers battus. C'est pour moi un moment de pur bonheur comme celui ressenti, cette année passée, à la lecture de Claude Simon, Sebald, Klaus Mann. Et puis les mots, je suis une amoureuse des mots. Trouver le mot juste, celui qui donne toute sa puissance, toute sa lumière à l'expression de la pensée. J'ai terminé l'année en beauté avec Marie-Hélène LAFON.

Marie-Hélène Lafon écrit avec ses tripes, elle communique avec ses personnages et avec son lecteur qui ressent le texte avec une acuité accrue. Elle m'a éblouie par la richesse de son écriture, simple, concise, mais d'une efficacité redoutable. Ses mots sont comme des neurotransmetteurs, ils infusent tout le texte, ils dispensent la vie, la passion, la sensualité. Ils sont visuels, animés. Ils palpitent, ils vibrent, ils sont charnels, ils nous emprisonnent délicieusement dans le récit. Marie-Hélène Lafon, votre écriture est comme je les aime, à mille lieux de celles qui sont inodores et sans saveur. J'ai fini la lecture les larmes aux yeux.

L'auteure parle de nous, de vous, de moi, du temps qui passe, de la famille, de nos personnalités différentes, des secrets de famille et elle en fait un prix Renaudot largement mérité.

Il faut lire le passage où il est question de Paul, adolescent, qui découvre les filles, qui s'ennuie dans son lycée et voudrait plus d'intensité dans sa vie de tous les jours, loin de Chanterelle. Nous sommes en 1919 dans le Lot. L'Armistice est passé par là et il fait froid à l'étude pour explorer Virgile. Paul n'a plus aucun secret pour nous, on vibre avec lui, on rêve avec lui.
Le portrait de Gabrielle aussi interpelle, curieuse femme et curieuse mère qui se dissimule derrière l'indifférence et des dehors trompeurs.

Mais c'est André qui va agréger tous les personnages en un récit d'une grande humanité, autour du vide que crée un père inconnu pour un fils inconnu.

Nous sommes entre Aurillac, Figeac, Chanterelle, Paris pendant tout ce XXème siècle. C'est beau, cela sent la terre, on entre dans cette famille que l'on va suivre pendant cent ans. On suit les vivants, les morts, les fantômes, ils sont tous là, leur présence ne nous quitte pas, on fait partie de cette famille dont chaque portrait possède sa propre personnalité avec ses failles que l'auteure nous trace avec finesse, avec amour. L'auteure peut parfois perdre, bousculer son lecteur par le choix des chapitres qui ne suivent pas l'ordre chronologique et par l'emploi des prénoms qui peuvent parfois créer un peu de confusion ; personnellement, je n'ai absolument pas été gênée.

Je voulais remercier ici Valérie Lambert qui m'a incitée à lire Marie-Hélène Lafon ce qui m'a permis de terminer l'année Babelio en beauté. Je reprendrais l'expression de Valérie « par cette écriture qui trace des sillons comme un paysans du Cantal ».

Très bonne et heureuse année 2023 à tous en espérant que cette nouvelle année apportera la Paix dans cette Ukraine dévastée.
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