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Critique de EvlyneLeraut


« Combien d'hommes dans un homme ? »
Fort comme un café serré, époustouflant de maîtrise, « La nuit recomposée » est d'une profondeur magnifique et implacable.
Antoine c'est lui, le plein de ce récit viril, âpre et lumineux. Comédien côté ville, le théâtre requin le happe et le foudroie. Rideau noir sur ses jours, il sombre dans le coma. le langage du corps qui se retourne à contre-sens.
Antoine est un funambule, toujours sur le fil périlleux, intangible, résurgence. Pousser du pied, un peu, beaucoup, les ombres insistantes.
« Déjà je n'écoute plus, je suis reparti tout au fond de moi, m'interrogeant sur la pertinence de mes choix, sur la consistance même de ma personnalité. »
Une femme Esther, dont la famille est très riche, deux jeunes fils. Lui, en décalage, le bohème rêveur, dans cet antre qui vacille, corbeaux noirs survolants une scène de théâtre, préambule de l'agonie.
Il va se brûler les ailes, fuir, jouer avec les dés avec ses propres démons, se défier et prendre des risques. Il rencontre Alexia artiste comme lui, bien plus jeune, la toxicité d'une relation floutée par les mirages. La quête du sens qui prend son temps, trop.
« Le risque dans le métier, avec l'âge, c'est l'amertume. »
Il va affronter les diktats qui l'étouffent. Antoine est d'épreuves et de souffrances. Un artiste céleste, vagabond, emprisonné dans ses passions.
 « C'était un rituel, devant les vers de William Wordsworth,
...Au lieu de pleurer nous puiserons
Nos forces dans ce qui n'est plus. »
« La nuit recomposée » est un récit initiatique. Antoine est scène de vie, pas après pas, les illusions se font silence. Rédemption et dans la marée-basse de ce texte de renom, « un jour tu es roi, un autre clochard », le souffleur des mots égarés pour oser la voie de traverse.
Dans ce livre fort et triste, douloureux et culte, l'écriture surdouée de Jocelyn Lagarrigue : « Je prie les dieux de m'accorder la délivrance de ma pénible veille. »
 « Le signe du flambeau, l'éclair de feu apportant la nouvelle et l'histoire de la prise de Troie »,
surpasse tous les mythes et tous les rêves et les déambulations intérieures.
On pressent un auteur en communion avec les synopsis des jours à rebâtir pierre après pierre, mots sur les maux. Tel le double d'Antoine, il fait corps avec lui. Tel le Phénix, Antoine va-t-il enfin renaître de ses cendres ?
« Et qu'il faut absolument essayer. »
Magistral et lucide. Publié par les majeures éditions Quidam éditeur.




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