Citations sur Millénium, tome 5 : La fille qui rendait coup pour coup (65)
- Alors, ce que je dis, c'est que le cancer, c'est rien, Rakel. Tu vas mourir de honte aussi, et je te promets que ce sera pire que tout. Je veillerai personnellement à ce que toutes les saloperies que t'as faites soient étalées au grand jour, et que ce soit là tout le souvenir que tu laisseras. Tu vas crever dans ta propre merde.
Pourquoi décorer ainsi son corps de manière indélébile - alors que l'être humain change et évolue en permanence ?
Sans imaginer un seul instant que les apparences puissent être trompeuses. Encore moins qu'on l'avait peut-être déjà lui aussi regardé de cette façon - comme quelqu'un de bien loti.
La vie est souvent plus belle vue de loin. Mais ça il ne le comprenait pas à ce moment- là.
Ce même feu qui peut nous réduire en cendres peut aussi parfois... se transformer en une force. Une force qui vous permet de rendre coup pour coup. On peut toujours se relever, même quand une lance vous transperce le corps.
Haut de sept mètres, le mur était terne et recourbé vers l'avant, comme une vague de béton gigantesque qui se serait figée sur la vaste plaine au beau milieu d'un tsunami.
" Elle avait la force de celui qui n'a plus rien à perdre"
Leo fut pris d’une haine qu’aucune thérapie au monde n’aurait pu soigner ou dompter. Il la laissa venir. Il l’accueillit comme une fièvre. Le pire, c’était la nuit ou bien au petit matin. La colère et la soif de vengeance palpitaient alors à ses tempes. Il fantasmait sur des agressions, des accidents, des humiliations, des maladies ou des éruptions hideuses. Il déchirait Ivar sur les photos ou essayait, par la seule force de son esprit, de le faire tomber des balcons ou des terrasses. Il était au bord de la folie. Mais il ne se passa rien. Il parvint juste à éveiller la méfiance d’Ivar, qui se tenait désormais sur ses gardes et concoctait peut-être des plans de son côté.
Depuis toujours, la nourriture était un enjeu de pouvoir au sein de la prison et, inévitablement, certaines détenues – c’était le cas de Benito – en recevaient plus que d’autres.
Pendant très longtemps, elle sembla surfer au hasard. Elle ne s’arrêta que lorsqu’elle tomba sur une page d’aspect un peu daté : celle de « l’Institut de génétique médicale ». Elle tapa alors des commandes et l’écran s’éteignit. Il devint tout noir et elle resta quelques instants complètement immobile. Comme paralysée. Sa respiration était lourde et ses doigts hésitaient, comme ceux d’un pianiste se préparant à attaquer un morceau difficile.
Puis elle parcourut le clavier à une vitesse hallucinante. Des rangées de lettres et de chiffres blancs se succédaient sur l’écran noir. L’instant d’après, l’ordinateur se mit à écrire tout seul. Les signes jaillissaient sur l’écran, des codes source incompréhensibles, des commandes. Alvar ne comprenait que quelques mots anglais par-ci par-là, tels connecting database, search, query et response, puis l’inquiétant bypassing security. Lisbeth attendait en pianotant sur la table. Puis elle poussa un juron : « Merde ! » Une fenêtre avait surgi sur l’écran : ACCESS DENIED. Elle refit plusieurs tentatives et, subitement, il se passa quelque chose sur l’écran, comme un mouvement de vague, un tourbillon, suivi d’une lueur de couleur. Des lettres vertes illuminaient l’écran : ACCESS GRANTED. L’instant d’après, il assista à une scène qu’il n’aurait jamais crue possible. Elle fut aspirée comme à travers un trou de ver et se retrouva dans des cybermondes qui semblaient appartenir à un autre temps, bien antérieur à l’ère d’Internet.
Elle fit défiler de vieux documents scannés et des listes de noms tapés à la machine à écrire ou écrits au stylo-bille. En dessous se trouvaient des colonnes comportant des chiffres et des annotations, des résultats sans doute, d’évaluations et de tests, et une fois ou deux il aperçut des tampons signalant la confidentialité des documents. Il vit son nom à elle, d’autres noms aussi, et des séries de rapports. C’était comme si elle avait transformé l’ordinateur en une sorte de créature autonome qui, tel un reptile, s’introduisait furtivement dans le secret des archives et entre les pierres de caveaux scellés. Cela dura des heures. Elle continuait ses recherches, encore et encore.
La vérité est souvent surprenante et elle défie parfois la logique. Alors que le mensonge,lui, est en règle générale bien trop homogène et vague, souvent proche du cliché, surtout si le menteur n'est pas très bon.