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Critique de Merik


Merik
24 décembre 2022
Aucune critique sur Babélio pour ce livre paru en 1971, prix Médicis, dont un exemplaire s'est retrouvé dans la boîte à livres de mon village en Décembre 2022. Je ne connaissais pas Pascal Lainé. Alors pourquoi s'est-il positionné en urgence à lire, en haut de ma pal, sans avoir seulement lu la 4ème de couv' (qui est d'ailleurs une 2ème de couv', sur un repli de la première comme ça se faisait à l'époque, et que je n'avais pas vue), pourquoi cette envie irrépressible de m'y plonger. Il doit y avoir un cri d'appel des livres, quelque part sur des ondes extra-sensorielles.
Ça débute un peu comme un livre du Nouveau Roman, en tout cas j'y ai cru en lisant les errements du narrateur débarqué dans un hôtel sordide de Sottenville, qui s'évertue à aménager le petit espace de sa chambre, concentré seulement sur les choses, en répétant la première phrase dès la troisième page : « Je leur ai demandé de me garder cette chambre pour la prochaine fois, et pour toutes les autres fois». Mais cela sera la dernière fois pour cette phrase, pas pour ses nuits dans cette chambre où « Les robinets ont de longues régurgitations avant de rendre leur eau par spasmes, bruyants, éclaboussant, et suscitant à partir d'une fêlure, sur l'émail, devenue soudain mobile, la panique dégingandée d'une araignée qui s'ébouriffe, montée sur de longs cheveux raides. » Ambiance.
Puis il y a changement de décor, plutôt rapide, où l'on en apprend sur cet homme, le narrateur, qui n'est autre que le professeur de philo affecté au lycée technique de cette ville à 150 km de Paris. C'est sa première affectation, il vient d'obtenir l'agrégation. On est en Septembre 68, quelques mois après le mois de Mai et le jeune professeur de 26 ans paraît rebelle en col roulé, à côté des autres professeurs cravatés, du directeur ou du censeur. Il découvre le lycée, les profs parisiens obnubilés par le train de 18 heures (lui a opté pour sa chambre), les profs de Sottenville dédaigneux envers les parisiens qu'ils ne considèrent pas comme véritablement des leurs. Et puis les élèves. À qui il se demande ce qu'il va bien pouvoir raconter, lui qui ne se sent pas philosophe pour un sou, tombé dans cette soupe des idées surtout pour faire plaisir à sa mère, devenue pauvre en même temps que veuve.
Il sera finalement autant voire plus question de sociologie que de philosophie. de déterminisme social dans le parcours lycéen avec ses filières au bac en fonction des origines sociales, et puis d'irrévolution chez ce jeune professeur frais émoulu des barricades de Mai : « c'est l'irrévolution : c'est le mouvement contradictoire d'une inquiétude et d'une critique si profondes , si totales peut-être, qu'elles-mêmes n'échappent pas à leur propre acide, et qu'elles se dissolvent dans leur réflexion »
Pascal Lainé est lui aussi agrégé de philosophie, il informe que toute ressemblances avec des personnes ou des faits etc etc. Un roman donc, qui fleure bon une époque, dans la forme plus que dans le fonds ou la sociologie.
Dans mon exemplaire du hasard des boites à livres, une surprise : dans le repli de la 3ème de couv' se trouve une enveloppe panoramique adressée à un certain Mr B. par une Mlle V., avec un marque-pages à l'intérieur, auréolé d'un joli dessin d'un village sur pilotis, au Laos. Je suis presque sûr que c'est le Laos, car Mr B. a écrit au tout début du livre : « Lu en 1972, première année au CET à Vientiane.  B.»
J'ai écrit juste en dessous : « Lu d'une traite en 2022, 54ème année de l'irrévolution. M. » Puis j'ai déposé le livre dans une autre boite à livres.
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