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EAN : SIE177146_244
Gallimard (30/11/-1)
4/5   6 notes
Résumé :
Ce roman est un témoignage original sur les deux jeunesses contemporaines françaises : celle du narrateur, jeune professeur de philosophie révolté, nommé dans un lycée technique provincial, et celle de ses élèves, ceux qu'on appelle la masse silencieuse : jeunesses opposées à tout point de vue et pourtant unies dans la même « irrévolution » : vaine confrontation d'une insurrection purement verbale et d'une indifférence, d'une résignation que l'on devine, au cours de... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Aucune critique sur Babélio pour ce livre paru en 1971, prix Médicis, dont un exemplaire s'est retrouvé dans la boîte à livres de mon village en Décembre 2022. Je ne connaissais pas Pascal Lainé. Alors pourquoi s'est-il positionné en urgence à lire, en haut de ma pal, sans avoir seulement lu la 4ème de couv' (qui est d'ailleurs une 2ème de couv', sur un repli de la première comme ça se faisait à l'époque, et que je n'avais pas vue), pourquoi cette envie irrépressible de m'y plonger. Il doit y avoir un cri d'appel des livres, quelque part sur des ondes extra-sensorielles.
Ça débute un peu comme un livre du Nouveau Roman, en tout cas j'y ai cru en lisant les errements du narrateur débarqué dans un hôtel sordide de Sottenville, qui s'évertue à aménager le petit espace de sa chambre, concentré seulement sur les choses, en répétant la première phrase dès la troisième page : « Je leur ai demandé de me garder cette chambre pour la prochaine fois, et pour toutes les autres fois». Mais cela sera la dernière fois pour cette phrase, pas pour ses nuits dans cette chambre où « Les robinets ont de longues régurgitations avant de rendre leur eau par spasmes, bruyants, éclaboussant, et suscitant à partir d'une fêlure, sur l'émail, devenue soudain mobile, la panique dégingandée d'une araignée qui s'ébouriffe, montée sur de longs cheveux raides. » Ambiance.
Puis il y a changement de décor, plutôt rapide, où l'on en apprend sur cet homme, le narrateur, qui n'est autre que le professeur de philo affecté au lycée technique de cette ville à 150 km de Paris. C'est sa première affectation, il vient d'obtenir l'agrégation. On est en Septembre 68, quelques mois après le mois de Mai et le jeune professeur de 26 ans paraît rebelle en col roulé, à côté des autres professeurs cravatés, du directeur ou du censeur. Il découvre le lycée, les profs parisiens obnubilés par le train de 18 heures (lui a opté pour sa chambre), les profs de Sottenville dédaigneux envers les parisiens qu'ils ne considèrent pas comme véritablement des leurs. Et puis les élèves. À qui il se demande ce qu'il va bien pouvoir raconter, lui qui ne se sent pas philosophe pour un sou, tombé dans cette soupe des idées surtout pour faire plaisir à sa mère, devenue pauvre en même temps que veuve.
Il sera finalement autant voire plus question de sociologie que de philosophie. de déterminisme social dans le parcours lycéen avec ses filières au bac en fonction des origines sociales, et puis d'irrévolution chez ce jeune professeur frais émoulu des barricades de Mai : « c'est l'irrévolution : c'est le mouvement contradictoire d'une inquiétude et d'une critique si profondes , si totales peut-être, qu'elles-mêmes n'échappent pas à leur propre acide, et qu'elles se dissolvent dans leur réflexion »
Pascal Lainé est lui aussi agrégé de philosophie, il informe que toute ressemblances avec des personnes ou des faits etc etc. Un roman donc, qui fleure bon une époque, dans la forme plus que dans le fonds ou la sociologie.
Dans mon exemplaire du hasard des boites à livres, une surprise : dans le repli de la 3ème de couv' se trouve une enveloppe panoramique adressée à un certain Mr B. par une Mlle V., avec un marque-pages à l'intérieur, auréolé d'un joli dessin d'un village sur pilotis, au Laos. Je suis presque sûr que c'est le Laos, car Mr B. a écrit au tout début du livre : « Lu en 1972, première année au CET à Vientiane.  B.»
J'ai écrit juste en dessous : « Lu d'une traite en 2022, 54ème année de l'irrévolution. M. » Puis j'ai déposé le livre dans une autre boite à livres.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Il y a plusieurs degrés dans la pauvreté ; il y a plusieurs rangs dans le prolétariat. Même là, toutes proportions gardées, on retrouve des privilégiés, et les autres. Il y a mes filles des classes commerciales : la crème, comme dit mon collègue ; de gentilles petites personnes, bien mises, fraîches, bavardes,effrontées, amusantes. Et puis il y a les apprentis-chaudronniers, relégués dans les ateliers, derrière un demi-mètre de béton, affairés et laconiques.
La grande différence entre les uns et les autres, la plus immédiatement sensible, c’est précisément que mes filles, que mes élèves des classes économiques parlent ; plus ou moins bien, plus ou moins volontiers ; jamais comme nous, bourgeois, avec notre aplomb, notre « naturel » ; mais enfin ils parlent ; les autres pas. Ceux qui auraient le plus de choses à dire, ou plutôt à redire sur leur compte, ne disent rien.
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J’avais appris la philosophie, mais pas pour l’enseigner. Je n’avais même pas appris la philosophie, j’avais seulement lu quelques livres et passé les examens. Et la philosophie, pour moi, en moi, ce n’était pas un savoir ; encore moins quelque chose que je pusse enseigner. C’était plutôt un certain malaise, constant, depuis mon enfance je crois bien. Une question, une pensée ; pas tout à fait une pensée ; quelque chose de lancinant, juste sous la conscience, comme une impatience sous la peau, sur le point d’affleurer ; mais sur le point seulement ; et qui vous irrite sans que vous puissiez l’atteindre. La philosophie, en moi, c’est quelque chose comme le voisin du dessus qui ferait les cent pas dans sa chambre, avec des chaussures cloutées sur son parquet, et qui vous piétinerait les pensées.
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« On voudrait savoir… on voudrait dire… », me disait-on.
Ce « on », justement, n’était-il pas quelque esclave, messager peut-être de catastrophe, qu’on adresse au grand Khan et qu’on livre aux périls de sa prime colère, parce qu’il est d’importance nulle ?
L’expression verbale étouffait la vraie parole de chacun, celle que je n’entendais pas, sous la montagne qu’on se faisait du discours et de mes jugements tombés de l’Olympe bourgeois. La parole, je devais la dérober, dans l’index pointé, dans l’expression du visage, dans les bribes que je parvenais quelquefois à soustraire aux conversations « sauvages ».
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Finis, les rires des premiers jours ! finies, les revendications sur le cours ! les voilà résignés ; à tout ce que je peux faire ou ne pas faire. Ils se sont adaptés ; ils arrivent même à tirer des notes de mon charabia ; prendre des notes : la seule chose dont ils ne démordent pas !
Or c’est cela, l’important : obtenir qu’ils ne prennent plus de notes ; et pareillement qu’ils discutent ; qu’ils me discutent. Ces notes, qu’ils prennent ; qu’ils prennent indifféremment, quelque bêtise qu’il me passe par la tête : c’est la marque, c’est le signe convenu, c’est l’acceptation de la sujétion.
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Il m’a toujours fallu plusieurs jours au moins, quand j’arrivais dans une situation, dans un lieu nouveaux, pour faire la paix avec mes perceptions, pour m’orienter, pour reconnaître les gens ; les importants, les autres ; les bons, les vilains. Ma première panique de cette sorte, ce fut en arrivant, vers l’âge de douze ans, dans l’infernal casse-tête topographique de mon premier lycée, avec ses dédales de couloirs, d’escaliers dans tous les sens ; ses salles de sciences naturelles et de dessin, surtout, où l’on n’accédait que par d’absurdes colimaçon
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