Vider la maison d'un mort est une drôle d'épreuve. Entrer dans son intimité, ouvrir ses tiroirs, lire les lettres qui lui ont été adressées, découvrir ses secrets. Personne ne devrait mourir avant d'avoir rangé ses affaires.
Il m'a demandé si je vivais seul.
- Célibataire, j'ai dit. Par choix.
Je me suis abstenu de préciser que ce n'était pas le mien.
Le problème, aujourd'hui, c'est qu'il n'y a plus de limite. Et si vous voulez mon avis, c'est à cause de ces putains de réseaux sociaux. Les gens ne pensent qu'à partager, comme ils disent. Je partage, je partage... Mais c'est pas ça, le partage. Ouvrir une boîte de pâté, tous les trois autour d'une table, ça c'est du partage. Mais la photo d'un tournedos Rossini postée par un type à l'autre bout du pays, qu'est-ce que j'en ai à foutre ? C'est pas du partage ça, c'est de l'obscénité. Les gens ne savent plus se tenir.
La rumeur est un décret irrévocable, l'opinion une tyrannie contre laquelle on ne peut rien.
Valérie m'avait fait livrer tous mes vêtements la semaine après son coup de fil, après la rupture. Sa manie du rangement. Chaque chose à sa place. La mienne n'était plus avec elle.
Le temps n'est que la traduction de notre état intérieur. Pour qu'il file il faut avoir l'impression qu'il se passe des choses. L'ennui ralentit le temps.
Vider la maison d'un mort est une drôle d'épreuve. Entrer dans son intimité, ouvrir ses tiroirs, lire les lettres qui lui ont été adressées, découvrir ses secrets. Personne ne devrait mourir avant d'avoir rangé ses affaires. Heureusement ( c'est du moins ce que j'avais pensé au début), je n'étais pas seul dans cette épreuve pénible. Valérie était là pour m'aider. Valérie et son obsession du classement. Elle avait exigé de passer avant tout au supermarché pour acheter des gommettes.
On ne perd pas son temps à s'ennuyer, au contraire, on en gagne. Le temps n'est que la traduction de notre état intérieur. Pour qu'il file, il faut avoir l'impression qu'il se passe des choses. L'ennui ralentit le temps. (p.63)
J'ai regardé sur une carte, Saint-Pierre-et-Miquelon se trouve presque sur la même l'attitude que l'île d'Oléron. Je suis en face de toi. Et si tu regardes vers ici, sache que je suis le type avec le pull-over rouge, et que je regarde vers toi moi aussi.