Victor Segalen- essai sur l'exotisme.
Avant tout, déblayer le terrain. Jeter par-dessus bord tout ce contient de médusé et de rance ce mot d'exotisme. Le dépouiller de tous ses oripeaux : le palmier et le chameau; casque de colonial; peaux-noires et soleil jaune; et du même coup se débarrasser de tous ceux qui les employèrent avec une façon niaise. Il ne s'agira donc ni des Bonnetain, ni des Ajalbert, ni des programmes d'agences Cook, ni des voyageurs pressés et verbeux. (...) Et en arriver très vite à définir, à poser la sensation d' Exotisme : qui n'est autre que la notion du différent; la perception du Divers; la connaissance que quelque chose n'est pas soi-même; et le pouvoir d'exotisme, qui n'est que le pouvoir de concevoir autre. (p.53)
Ne nous flattons pas d'assimiler les moeurs, les nations, les autres; mais au contraire réjouissons-nous de ne le pouvoir jamais; nous réservant ainsi la perdurabilité du plaisir de sentir le Divers. [Victor Segalen, Essai sur l'exotisme ] (p. 11)