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Citations sur Le chant de Dolorès (68)

- Est-ce que je peux te poser une question de pote ? il a dit. Où étais-tu quand le président Kennedy s'est fait assassiner ?

- Euh.., à St Anthony. Melle Lilly a interrompu sa classe pour nous l'annoncer.

- Et moi j'étais à la cuisine chez ma mère, en train de manger des pâtes et des fagioli avec mon cousin Dominique.

Je l'ai regardé sans rien dire. Je ne comprenais pas où il voulait en venir.

- Et où étais-tu quand Neil Armonstrong a marché sur la lune ?

- Vous le savez bien. Avec vous sur le canapé chez grand-mère. C'était le lendemain du jour où maman a été tuée. Vous m'aviez apporté un saintpaulia.

- C'est exact, il a dit. Si bien qu'à chaque fois que quelqu'un parle de l'assassinat de Kennedy je me mets à penser à mon cousin Dominique. Et à chaque fois que quelqu'un parle du premier homme qui a marché sur la lune, je pense à toi. Toi et moi, on est potes à vie, petite. C'est le destin, et on ne peut rien y faire. J'accepte tes excuses.

Et il a démarré.
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Vendredi soir. J’ai imaginé grand-mère assise seule dans le salon, en train de regarder « L’homme de fer » à la télé, son nouveau papier-peint à coquilles Saint-Jacques en toile de fond, la télé jetant une lueur argentée sur son visage. Même quand elle regardait la télé, grand-mère était sur le qui-vive, l’air renfrognée, comme si elle s’attendait au pire. D’ici, grand-mère me semblait fragile. Mortelle. Je me suis demandée si je lui manquais –si elle tournait en rond en se rongeant les sangs.
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De retour dans la salle de repos, j’ai dîné à la lueur de la torche électrique. Deux Sprite achetés dans le distributeur, et un sachet géant de noix de macadamia. Comme dessert j’ai mangé un rouleau de caramels et des boules de coco. Je les ai mangées comme j’avais l’habitude de le faire à Easterly : j’ôtais d’abord le chapeau, puis je faisais deux entailles dans la croûte avec les incisives. Après quoi, je prenais une gorgée de soda et je laissais la meringue fondre dans ma bouche. Le rituel m’a réconfortée et déçue à la fois. On avait beau faire, on était toujours la même personne, quelles que soient les circonstances.
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Kippy écrivait que Dante voulait qu’ils fassent l’amour pour sceller leur avenir, et faire ainsi le serment de rester ensemble. Ça m’a fait penser au sperme gluant de Jack sur mes cuisses.
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J’ai filé à la cuisine et j’ai allumé le four pour réchauffer la barquette « grosse faim » que j’avais sélectionnée. Le mode d’emploi stipulait qu’il fallait ôter le couvercle en aluminium un quart d’heure avant la fin de la cuisson si on voulait que le poulet soit croustillant. Les choses n’étaient jamais aussi simples que le prétendait la publicité.
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Tout à coup, j’ai songé, horrifiée : Je suis à l’enterrement de ma mère, et je suis en train de penser à Carol Burnett.
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Peut-être avait-elle fait exprès de courir vers le camion. Pour pouvoir se reposer. Pour pouvoir nous fuir, grand-mère et moi.
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Lorsqu’elle a parlé ses yeux étaient brillants de larmes.
- Moi aussi, j’ai peur. Peur que tu finisses comme moi.
Ca, c’était la meilleure. C’était mon drame personnel. Pourquoi fallait-il qu’elle rapporte tout à elle ?
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De retour à la maison, j’ai commencé à trancher dans le rôti au hasard avec le gros couteau de cuisine de grand-mère. Plus je coupais la viande et plus elle devenait rouge et crue. J’ai manqué d’étrangler en avant tout rond des morceaux de viande si gros que je n’arrivais pas à les mâcher. A la fin, je pouvais plus bouger les mâchoires, j’ai remis le reste de viande dans son emballage et je suis allée le cacher dans la boîte à ordures dans le jardin. […]
Je savais que grand-mère gardait une bouteille de liqueur Mogen David dans sa table de nuit. « Le machin », comme elle l’appelait. Elle en buvait parfois le soir, quand elle n’arrivait pas à dormir. Le bouchon a fait un petit bruit de succion quand je l’ai ôté. Je me suis mise à boire au goulot, en laissant le liquide amer et sirupeux me dégouliner sur le menton. De retour dans ma chambre, je me suis gavée de pommes de terre chips et de gâteaux, et j’ai mâché, mâché jusqu’à ce que ma bouche se remplisse d’une bouillie sucrée et salée.
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« Dans quelle mesure le dilemme de Hamlet nous renvoie-t-il à la condition de l’homme moderne ? » a demandé ma prof de littérature. Devant moi, les autres élèves toussaient et soupiraient, ne s’arrêtant d’écrire que pour secouer leur main engourdie. Je savais ce qu’elle attendait : elle voulait qu’on lui parle d’aliénation –du sentiment de solitude et d’abandon. Elle voulait qu’assise à ma table sur mesures –parce que j’étais trop grosse pour les pupitres normaux- je m’apitoie sur Hamlet. Tout au long de l’année ses yeux m’avaient évitée, comme si je n’existais pas. J’étais le monstre invisible. Mais moi, je me fichais royalement de ce connard de Hamlet et de son dilemme à la con. Celui qui me faisait pitié, c’était le vieux roi, le fantôme, celui qui avait bu le poison et était mort alors que les autres continuaient à vivre comme si de rien n’était.
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