Ce qui manque le plus à l'Europe. Au delà des réponses concrètes aux crises qu'elle traverse, c'est un narratif mobilisateur, l'histoire d'un projet collectif sur l'utilité de l'Europe au XXI e siècle.
En fin de compte, en quelques années, la mondialisation et la construction de l’Europe, ces deux cadres les plus solides, les plus apparemment inébranlables, de notre réflexion et de notre action internationales, se retrouvent fortement ébranlés. La mondialisation est en accusation, l’intégration européenne aussi.
Le paradoxe veut que la croissance des inégalités sociales, notamment dans les pays du Nord, occulte la réduction massive de la pauvreté dans les pays émergents .
Le trio Descartes-Ricardo-Schumpeter se surpasse à une échelle, avec une force et une vitesse sans précédent. Descartes pour la science , née du doute, et qui engendre le progrès scientifique et technique; Ricardo pour la logique de l'échange qui provoque la division internationale du travail ; Schumpeter pour la création et la destruction qui résultent des chocs concurrentiels sur les structures productives, et donc sur les systèmes sociaux.
Le système économique mondial est unifié, la scène politique est atomisée en 193 acteurs etatiques. L'intégration économique mondiale cohabite avec la plus grande désunion politique.
La mondialisation économique, tout comme autrefois le doux commerce de Montesquieu, devrait naturellement conduire à l'enrichissement puis à la démocratisation progressive de la planète. Et comme on sait depuis Tocqueville que les démocraties ne se font pas la guerre, la paix universelle deviendrait ainsi l'horizon ultime d'un Occident globalisé.