Fear Itself: Uncanny X-men

Ce tome contient les épisodes 540 à 544 de la série mensuelle, écrits par Kieron Gillen, et illustrés par Greg Land, parus en 2011. Il fait suite à Uncanny X-Men: Breaking Point (épisodes 534.1, et 535 à 539)

Épisodes 540 à 543 - À quelques kilomètres de San Francisco, Juggernaut atterrit brutalement à coté d'une station service. Cain Marko est l'un des 7 dignitaires étant devenu récipiendaire d'un marteau confié par le Serpent dans Fear Itself (en abrégé FI). Il est maintenant Kuurth, Breaker of Stone. Son objectif : San Francisco, pour purger cette ville de tous ses déviants, à commencer par les mutants qui ont élu domicile sur Utopia, une île au large de San Francisco. Scott Summers se met d'accord avec Sadie Sinclair (la maire de San Francisco) pour coordonner les actions de la police et celle des mutants. Piotr Rasputin essaye de rétablir le contact avec Illyana, sa soeur qui est détenue sur Utopia, après les événements décrits dans Fall of the New Mutants. Namor vient dire un au revoir chargé d'émotion à Emma Frost (sur l'air de "For the good times" de Kris Kristofferson). Comment arrêter Juggernaut, celui que rien ne peut arrêter ? Cyclops a un plan, plusieurs dizaines de plans même.

Kieron Gillen a donc l'épineuse responsabilité de trouver comment participer au crossover obligatoire, tout en racontant une histoire intéressante et, de préférence, participant à la trame globale de la série. Deuxième défi de taille : comment rendre intéressant un énième affrontement entre le Juggernaut et les X-Men ? Les éditeurs de Marvel auraient voulu bizuter Kieron Gillen, ils ne s'y seraient pas pris autrement.

La lecture s'avère divertissante et même haletante. Kieron Gillen a la bonne idée de se concentrer sur 4 X-Men (Cyclops, Emma Frost, Colossus et Kitty Pryde). Les seconds rôles se limitent à Namor et Illyana Raspoutin. Ce mode narratif resserré autour de quelques personnages a fait ses preuves et il permet à Gillen d'avoir le temps de faire ressortir leur personnalité et de faire avancer leurs relations. Il arrive même à sortir Emma et Namor de la relation difficile à avaler, établie par Matt Fraction. Ensuite, il montre que Scott Summers ne part pas avec la fleur au bout du fusil pour arrêter le Juggernaut, mais avec un nombre impressionnant de stratégies. Chacune d'entre elles repose sur plusieurs X-Men qui font de la figuration de luxe, dans le bon sens du terme. Enfin cet affrontement débouche sur un changement de statu quo (pour l'un des personnages) assez intrigant.

Greg Land se charge des dessins ; il est encré par Jay Leisten. Chaque page bénéficie de la mise en couleurs élaborée et nuancée de Justin Ponsor. La mise en page repose sur une moyenne de 4 à 5 cases par page. le résultat est donc assez aéré et se lit tout seul. Land a à nouveau affublé Scott d'une tenue de type playboy pour un effet peu convaincant. Mais le reste présente un niveau de détails et une énergie qui impressionnent. Les décors sont travaillés jusqu'à ce que chaque endroit devienne spécifique (par opposition à générique). Chaque X-Men envoyé au casse-pipe contre Juggernaut se reconnaît au premier coup d'oeil. Les femmes sont belles, sans prendre de pauses obscènes ou même exagérément aguicheuses. Juggernaut est massif et transmet l'impression que rien ne peut l'arrêter, en particulier grâce aux cadrages : la corpulence de Juggernaut est telle qu'il déborde toujours de la case. Greg Land utilise un style réaliste, légèrement simplifié avec un encrage modéré, suffisant pour ancrer les personnages et leur donner assez de présence. Jay Leisten reproduit fidèlement les crayonnés avec des aplats de noir judicieusement positionné, sans être prépondérant dans les compositions. Il conserve fidèlement l'équilibre entre courbes douces, reflets et traits plus tranchés.

Décidément Kieron Gillen (avec Greg Land) sort la tête haute et avec les honneurs de cette épreuve délicate. Il met en scène des X-Men plein de personnalité, dans un affrontement inventif et structuré. 5 étoiles.

Épisode 544 - Après les événements de Schism, le temps est venu pour Bobby Drake de dire au revoir à Scott Summers et de quitter Utopia. Nathaniel Essex (Mister Sinister) évalue les réactions probables des uns et des autres en ces temps de séparation.

Il s'agit donc de la coda de cette série qui s'arrête avec cet épisode pour redémarrer avec un nouveau numéro 1 dans Uncanny X-Men 1. Kieron Gillen est assez à l'aise avec le personnage de Bobby Drake : il arrive à faire ressortir sa personnalité de manière cohérente et plausible. Scott Summers a droit également à 2 répliques savoureuses face à Emma Frost. le soliloque de Nathaniel Essex n'apporte rien à cet épilogue doux amer. Il s'agit pour Gillen d'essayer de redonner un peu de crédibilité au personnage ; la tâche est rude et le résultat peu convaincant. Les illustrations de Greg Land restent très agréables à l'oeil, facile à lire, avec une mise en scène élaborée et intelligente. Il s'offre même une double page à la gloire des principaux X-Men et de leurs principaux ennemis. La porte se referme doucement sur cette série, sans tambour ni trompette. 3 étoiles.